Chaque année, un agriculteur sur cinq se plaint de troubles liés à l'usage des phytos : maux de tête, nausées, vomissements, démangeaisons, urticaires sont les symptômes les plus fréquents.
Depuis 1997, la MSA recense les incidents et les accidents liés à l'utilisation des produits phytosanitaires, grâce à son réseau de toxicovigilance, devenu Phyt'Attitude en 2004. Le 30 mars, elle a communiqué le bilan des signalements qui lui sont parvenus entre janvier 2002 et décembre 2003. Durant cette période, elle a recensé 238 dossiers, dont 142 sont clairement liés à l'utilisation de produits phytosanitaires. Les vignerons et leurs salariés sont particulièrement exposés.
Avec 20 % des signalements, ils ont subi le plus grand nombre d'intoxications, devant les céréaliers (16 %), les horticulteurs (12,5 %), les arboriculteurs (11 %) et les maraîchers (8,8 %). Pour l'ensemble des agriculteurs, la majorité des accidents a lieu avec les insecticides (38 % des signalements), puis avec les fongicides (31 %) et avec les herbicides (23 %).
Les symptômes les plus fréquents sont cutanés : irritations, érythèmes (rougeurs), brûlures... (25 % des signalements), et hépato-digestifs : nausées, vomissements, douleurs digestives, voire diarrhées (23 %). Leur répartition est caractéristique des familles de produits. En viticulture, les premières intoxications apparaissent au moment des désherbages, avec les herbicides de prélevée. Les troubles sont majoritairement hépato-digestifs.
Avec les fongicides, les problèmes sont surtout cutanés et ophtalmologiques. Les troubles hépato-digestifs arrivent en troisième position. Avec les insecticides, les symptômes sont hépato-digestifs, mais les affections sont neuromusculaires : maux de tête et vertiges viennent juste derrière. A signaler la forte proportion de troubles respiratoires dûs aux organophosphorés.
Dans 58 % des cas signalés au réseau Phyt'Attitude, une intervention fut nécessaire : consultation d'un médecin généraliste ou spécialiste.
Dans 22 % des cas, les victimes ont dû être hospitalisées. Mais si le nombre total d'intoxications reste plus ou moins stable d'une année à l'autre, les cas graves sont en régression depuis une dizaine d'années. ' C'est dû au fait que les molécules les plus toxiques - par exemple, l'arsénite de soude - ont disparu ', analyse Gérard Bernadac, médecin du travail à la MSA de l'Hérault.
Toutefois, les chiffres du réseau Phyt'Attitude ne reflètent pas la réalité du nombre de contaminations. ' Les nausées, les vomissements, les démangeaisons, l'urticaire ou les maux de tête sont courants, mais peu de vignerons les signalent, car ils considèrent ces symptômes banals ', considère Jean-Marc Thibaudier, médecin du travail à la Mutualité sociale du Rhône.
Pour avoir une vision de la fréquence des intoxications, la MSA effectue régulièrement des enquêtes auprès des agriculteurs. Elle leur demande si, au cours de l'année, ils ont été intoxiqués par les phytos. Un agriculteur sur cinq répond par l'affirmative. Pour Gérard Bernadac, le nombre est plus proche d'un agriculteur sur trois.