En juin, l'Office du marketing du vin autrichien (Austrian Wine Marketing Board) recevait 230 journalistes et professionnels de 26 pays pour leur faire découvrir le renouveau du vignoble autrichien. Créé en 1985, au lendemain du scandale du glycol, sa mission n'était pas des moindres : redonner de la crédibilité à un pays qui a dû repartir de zéro, à cause de quelques brebis galeuses. ' Nous n'exportions plus rien ', se souvient Susanne Staggl, directrice marketing. Le monde entier a pu voir, à l'époque, les images des bouteilles retirées subitement des linéaires allemands.
Vingt ans après, tout le monde en parle encore. Mais, pour les Autrichiens, cette histoire est devenue une force. Ils ont dû se surpasser. Ils ont montré de quoi leur vignoble est capable. ' Enormément de personnes ont fait faillite. Les vignerons qui voulaient rester ou s'installer savaient qu'il fallait faire du bon. ' Très vite, des règles strictes ont été mises en place définissant les rendements et l'utilisation du sucre. Puis les producteurs ont élargi leurs horizons. ' Depuis dix ans, une nouvelle génération accumule les expériences à Bordeaux, en Argentine, en Nouvelle-Zélande... '
Peu à peu, l'Autriche s'est imposée comme un pays capable de produire de grands vins avec des cépages originaux : le grüner veltliner en blanc, le zweigelt et le blaufränkisch en rouge. Le grüner veltliner donne des vins poivrés aux arômes de citron et de pamplemousse. Le blaufränkisch se rapproche du gamay. Comme le zweigelt, il entre dans des assemblages. Pour restaurer sa réputation, l'Autriche a participé à de multiples salons internationaux et dégustations comparatives, comme celle organisée par Jancis Robinson en Angleterre, en 2002. A cette occasion, des grüner veltliner se sont fait remarquer par leur pureté, leur plénitude et leur capacité à se mesurer aux meilleurs crus bourguignons. Les rieslings secs autrichiens aussi tiennent la dragée haute à ceux d'Allemagne ou d'Alsace.
En 2003 est née la première DAC ( districtus austria controllatus), l'équivalent de nos AOC. Elle couvre 16 000 ha. Les Autrichiens comptent sur cette dénomination d'origine pour renforcer les ventes de grüner veltliner.
Depuis l'année noire, les exportations s'accroissent tous les ans. Elles représentent 30 % de la récolte, qui s'établit à 2,5 millions d'hectolitres en moyenne. L'Allemagne est le premier client de l'Autriche. Elle achète 60 % du volume exporté. La République tchèque arrive en seconde place. Ces deux pays importent surtout des vins blancs en vrac pour élaborer des effervescents. En 2004, l'Allemagne a réduit ses achats. Par contre, les vins haut de gamme se vendent de mieux en mieux aux Etats-Unis, en Suisse alémanique et en Angleterre. Même en Allemagne, ils font leur chemin. ' La viticulture autrichienne a bien su défendre une image de qualité, assure Markus del Monego, meilleur sommelier du monde en 1998, installé à Essen. Son effort est récompensé par les consommateurs. '
EXPORTATIONS
En France : depuis 2001, les exportations ne cessent de baisser en volume. Entre 2003 et 2004, elles ont aussi diminué en valeur. La viticulture peine à se réformer.
En Autriche : après le scandale de 1985, l'industrie viticole a dû repartir de zéro. En vingt ans, elle s'est métamorphosée avec succès. Elle vise aujourd'hui les marchés haut de gamme avec des vins de cépages originaux, comme le grüner veltliner.