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L'ITV teste deux nouveaux modes de conduite dans le Gers

La vigne - n°167 - juillet 2005 - page 0

Scott-Henry et Smart-Dyson sont deux modes de conduite développés en Californie et en Australie. Ils augmentent la surface foliaire exposée et améliorent le microclimat des grappes.

Dans le Gers, les vignes sont palissées, mécanisables, et souvent plantées avec un écartement entre les rangs de trois mètres, soit une densité de plantation inférieure à 4 000 pieds/ha. Elles sont taillées à long bois en guyot simple ou double. Toutefois, ' la surface foliaire exposée est un peu limite eu égard aux objectifs de rendements en vin de pays des Côtes de Gascogne (90 hl/ha) ', considère Thierry Dufourcq, de l'ITV de Midi-Pyrénées.
C'est pourquoi depuis 2000, il teste deux nouveaux modes de conduite - le Scott-Henry et le Smart-Dyson - issus des pays du Nouveau Monde. Il les a comparés au système traditionnel gersois sur merlot et colombard. L'essai est implanté sur le domaine expérimental du château de Mons, à Caussens, propriété de la chambre d'agriculture du Gers. Ces systèmes mettent en oeuvre un étalement de la végétation par une division verticale du feuillage : une partie de la végétation est palissée vers le haut, l'autre vers le bas. Le feuillage remplit complètement le plan de palissage.
' On augmente la surface foliaire exposée de 30 à 40 % sans toucher fondamentalement au palissage, comme pour la Lyre ', constate Thierry Dufourcq après la quatrième année d'expérimentation. Ils induisent également une meilleure répartition du feuillage et des grappes, ces dernières étant situées sur deux niveaux.

Le microclimat lumineux des souches est nettement amélioré : l'ITV a observé que les vignes reçoivent 30 % de lumière en plus sur la deuxième couche de feuilles, dans les dix premiers centimètres de profondeur. En 2003, la canicule a engendré des dégâts d'échaudage sur la parcelle d'essais, mais Thierry Dufourcq n'a pas vu de différence selon les modes de conduite et selon que les grappes étaient positionnées sur les rameaux palissés vers le haut ou vers le bas. Autre constat : les grappes étant mieux aérées, elles devraient être moins sensibles au botrytis. Malheureusement, sur ce point, les résultats de l'ITV ne sont pas flagrants. Il n'y a qu'en 2002 où les conditions climatiques ont été favorables à ce champignon. Or, sur le colombard réputé sensible, l'ITV n'a pas vu de différences significatives en termes de fréquence et d'intensité d'attaque entre les modes de conduite, même si le témoin a été plus touché.
Pour ce qui est du mildiou, le palissage des rameaux vers le sol laissait craindre une plus forte sensibilité. En 2002, comme la pression était élevée, l'ITV a réalisé des notations. Il n'a pas observé de différences par rapport au témoin. Par contre, il a vu que les feuilles situées dans la partie basse des rameaux sont plus touchées que celles de la partie haute.
Du fait de l'augmentation du rapport feuilles sur fruits, la qualité des moûts est améliorée. Le suivi de la maturation du colombard met en évidence un gain de sucre et une moindre acidité.

Sur ce cépage, l'augmentation du degré potentiel peut aller jusqu'à un degré, comme ce fut le cas pour le Scott-Henry en 2003. Les dosages de thiols variétaux n'ont pas montré de différences en 2002 et 2003. Les dégustations n'ont pas été probantes : les vins n'ont pas été mieux notés. ' La parcelle d'essais se situe dans une zone de stress hydrique. Tout le dispositif en a souffert et cet effet écrase celui du mode de conduite ', justifie Thierry Dufourcq.
Sur le merlot, le suivi de la maturation a montré une évolution plus importante du niveau des anthocyanes pour les deux nouveaux modes de conduite. Le degré potentiel et l'acidité sont restés identiques. ' En Smart-Dyson, le merlot a des teneurs en anthocyanes plus élevées et une qualité de tanins supérieure. Globalement, ce mode de conduite ressort mieux en dégustation sur les rouges ', estime Thierry Dufourcq.
Si ces systèmes améliorent la qualité des raisins pour un même rendement, ils demandent néanmoins une grande technicité. L'implantation peut se faire sur une vigne en place. Il suffit de rajouter des fils. Le palissage est particulièrement délicat. Il se fait en deux étapes. Le premier passage se fait avant la floraison pour relever, séparer et fixer la végétation qui part vers le haut. Le deuxième passage, le ' baissage ', a lieu après la floraison, lorsque la végétation a poussé. Au cours de cette opération, le pourcentage de casse n'est pas négligeable. Il dépend du cépage.

Dans l'essai de l'ITV, sur du colombard dont les rameaux sont très cassants, les dégâts en 2002 ont été de 9 % avec le Scott-Henry et de 7 % avec le Smart-Dyson. Pour le merlot, ils ont été moindres : 3 à 4 %. L'entretien du sol sous le rang devra se faire impérativement avant le palissage des rameaux vers le bas.
Pour ce qui est du matériel, le rognage de la partie haute peut se faire avec une rogneuse classique. Les rameaux qui courent sur le sol peuvent être entretenus avec un gyrobroyeur. La machine à vendanger passe sans problème. Attention, ces deux systèmes ne sont adaptés qu'aux vignes vigoureuses. Le palissage des rameaux vers le bas est une contrainte pour la plante. ' Ils sont réservés aux vignes larges, poussantes et implantées sur des sols profonds . '
Avant d'implanter ces systèmes, une évaluation technico-économique est nécessaire. ' Le palissage entraîne un surcoût. Est-ce que le gain de qualité en vaut la chandelle ? D'un autre côté, avec ces systèmes, on peut se passer d'effeuillage et, certaines années, d'antibotrytis. '
A quand du Smart-Dyson ou du Scott-Henry dans le vignoble gersois ? Ce n'est pas à l'ordre du jour. ' Ces modes de conduite ne sont pas dans les habitudes des vignerons. Ils pensent qu'ils sont trop compliqués à mettre en oeuvre . '

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