Alsace : le vrac trinque

L'Alsace compte 5 400 déclarants de récolte : 39 vendent tout en vrac, et 678 une partie seulement. Bon an mal an, ce marché du vrac porte sur 150 000 à 200 000 hl (12-16 % d'une récolte moyenne). Depuis mai-juin, les transactions sont en berne. ' Les cépages nobles ne se vendent plus. Pour les autres, il y a peu de mouvements et à des prix sous les coûts de production ', observe Jean-Marc Schneider, président des courtiers.
Selon les statistiques du Civa au 15 septembre, les cours des principaux cépages ont plongé de 15 à 22 % en neuf mois. Le sylvaner avoisine 1 euros/l. Mais sur le terrain, on parle d'enlèvements à 0,80 euros/l, voire moins.
Première raison pour expliquer cet effondrement : le négoce s'est abondamment couvert en 2004 en achetant du raisin. Deuxième raison : le fléchissement des ventes de vins d'Alsace est patent. ' La récolte 2004 a été supérieure de plus de 150 000 hl au rythme des ventes ', rappelle Jean-Marc Schneider. Des caves sont restées pleines. Fin septembre, ' le volume de vrac qui pèse sur le marché se situe entre 30 000 et 40 000 hl ', estime Jean-Paul Goulby, directeur de l'Ava.
Les vendanges, préparées dans la fébrilité, ont démarré le 22 septembre. Il y a eu pléthore de candidats pour vendre des raisins à la coopération ou au négoce. La cave Wolfberger a contractualisé, sous forme de moûts, la récolte de 100 ha destinée à élaborer du crémant, la seule appellation à progresser. D'autres vendeurs de vrac ont loué ou acheté des cuves supplémentaires.
La récolte 2005 sera sans doute moins abondante que prévu. Mais cela ne suffit pas à rassurer les opérateurs. Une autre mesure fait naître un espoir plus sérieux de redressement des cours. L'interprofession envisage de bloquer une partie des volumes. On parle de 20 hl/ha. Pour l'appellation Alsace, le rendement commercialisable dès l'agrément des vins ne serait donc que de 60 hl/ha. Mais pour tous, la seule bonne nouvelle serait ' que les ventes reprennent ' comme, semble-t-il, au mois d'août.