Selon deux chercheurs, les notes et les prix obtenus par 102 châteaux du Haut-Médoc ne dépendent pas du sol, mais des choix de récolte, de vinification et d'élevage.
Le sol influe de façon négligeable sur les qualités du vin, au contraire des choix technologiques faits au chai. En particulier, ' la récolte manuelle de vieilles vignes, le collage au blanc d'oeuf frais et le vieillissement en fûts de chêne ont une influence positive sur la qualité perçue '. Ce constat ressort d'une étude menée par Olivier Gergaud, chercheur à l'université de Reims, et Victor Ginsburgh, chercheur à l'université de Bruxelles. Ils viennent d'exploiter une enquête menée auprès de 102 châteaux du Haut-Médoc durant l'hiver 1990-1991. Dans des questionnaires, chaque château a indiqué la nature de son sol, l'exposition des parcelles, les cépages, l'âge des vignes, ses techniques de vendange, de vinification et d'élevage. Il n'est nullement question de l'alimentation hydrique des vignes, ni de la profondeur du sol ou de la nature du sous-sol. Les auteurs ont comparé ces réponses avec la qualité des vins, qu'ils ont évalué de deux manières. D'une part, ils se sont appuyés sur les notations de trois experts (Robert Parker, le guide de Bettane et Desseauve, et Michael Broadbent). D'autre part, ils ont utilisé les prix de vente aux enchères de Christie's. Seuls les critères oenologiques semblent faire la différence dans les appréciations et les prix accordés à chaque vin. La nature du sol et l'exposition des parcelles ne ressortent pas comme des facteurs déterminants.