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Lutte raisonnée : ' Je traite moins, mais mieux '

La vigne - n°170 - novembre 2005 - page 0

En 2002, Jean-François Fruttero, vigneron bergeracois, a rejoint le groupe de lutte raisonnée de la chambre d'agriculture de la Dordogne. Il a adapté ses traitements à la pression des parasites.

'Avant, on traitait systématiquement selon un calendrier préétabli avec le distributeur. On faisait sept à neuf applications par an, se souvient Jean-François Fruttero, vigneron en Gaec sur 45 ha à Sadillac (Dordogne). J'avais la sensation que les traitements phytosanitaires étaient un point que l'on ne maîtrisait pas. Il manquait quelque chose pour qu'on les manage. ' A côté des aspects environnementaux, Jean-François Fruttero a une préoccupation économique. En 2002, il se tourne vers le réseau de lutte raisonnée de la chambre d'agriculture de la Dordogne. ' En tant qu'élu de la chambre, j'avais connaissance de l'existence de ce réseau. J'étais en contact permanent avec des vignerons qui en faisaient partie et qui étaient satisfaits. Et puis j'ai discuté avec les techniciens qui font vivre le réseau. '
La première année, Jean-François Fruttero suit une formation d'une journée en salle, qui porte sur la reconnaissance et le cycle des parasites, la notion de seuil et la manière d'observer. En saison, il a un conseil personnalisé : un technicien passe toutes les semaines dans ses parcelles de référence pour lui apprendre à faire les comptages. Cela lui coûte 765 euros pour l'année.
En 2003, Jean-François Fruttero passe au deuxième niveau. Le technicien ne visite que quatre fois par an ses parcelles de référence. Le coût passe à 332 euros. En 2004, il devient autonome et le technicien ne passe plus qu'une fois, en fin de campagne, pour faire le bilan. Le coût n'est plus que de 220 euros.
Désormais, Jean-François Fruttero fait toutes les observations lui-même sur des pieds marqués, sur une parcelle de référence intégrée dans le réseau de lutte raisonnée, et sur trois autres parcelles qu'il suit pour son propre compte. ' Sur des fiches, je note les stades phénologiques, les maladies, les ravageurs, le nombre de grappe. Comme j'observe toujours les mêmes pieds. Je vois l'évolution de la pression parasitaire. Cela me prend deux heures par semaine. Il faut les prendre en compte dans l'organisation du travail. ' Tous les mardis, il se réunit avec la quinzaine de vignerons de son groupe. Ils mettent en commun leurs observations. Un technicien fait la synthèse. Ensemble, ils décident des stratégies à adapter : traiter ou pas, choix des produits...

' Au début, c'est difficile, il faut arriver à combattre l'appréhension, surtout pour le démarrage du premier antimildiou. Mais je ne prend pas non plus trop de risques. Cette année, j'ai fait six traitements sur les parcelles non grêlées. ' Les économies se font surtout sur les antibotrytis.
La clientèle a bien réagi à cette réorientation des pratiques. ' On n'a pas augmenté le prix des bouteilles, mais on a fidélisé les acheteurs. Le bilan est positif. On doit communiquer là dessus, montrer qu'on n'est pas des pollueurs inconscients, mais des vignerons attentifs à l'environnement. '

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