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Désherbage : ' La fin du tout-chimique '

La vigne - n°170 - novembre 2005 - page 0

La coopérative de Beaune-Verdun-Seurre a été l'un des moteurs du retour au travail du sol et de l'enherbement des parcelles. Cette évolution a demandé une présence accrue des distributeurs sur le terrain.

Philippe Mangold travaille à la coopérative agricole et viticole de Beaune-Verdun-Seurre (Bourgogne), depuis dix-neuf ans, comme technico-commercial. Il en est actuellement le responsable du secteur de la vigne. La coopérative couvre la Côte-d'Or et le nord de la Saône-et-Loire. Pour lui, la véritable évolution des pratiques de désherbage a commencé en 1998. La coopérative fut l'un des moteurs de ce changement.

' C'est parti du constat qu'on retrouvait du diuron et de la terbuthylazine dans les nappes phréatiques. Dès lors, il a fallu trouver une solution. Tous les acteurs de la filière (responsables professionnels, Protection des végétaux, chambre d'agriculture, distribution) se sont réunis, afin de mettre en place un plan d'action limitant les applications de diuron, de terbuthylazine, et favorisant les méthodes alternatives. ' Exit les programmes 100 % chimiques, place au travail du sol et à l'enherbement. ' Avant, on faisait des programmes classiques à base de produits antigerminatifs, identiques sur 90 % des vignes. Actuellement, seuls 20 % du vignoble sont désherbés totalement. On part avec la philosophie du labour. Mais il est clair que le désherbage chimique n'est pas proscrit. Pour des raisons pratiques et économiques, on en a encore besoin. Par contre, il faut le raisonner et utiliser des matières actives qu'on ne retrouve pas dans les nappes, comme le flazasulfuron ou l'oryzalin en antigerminatif et les produits foliaires (glyphosate, glufosinate, aminotriazole). '
Selon Philippe Mangold, ce changement a engendré une diminution des ventes de désherbants de 50 à 70 %. La coopérative a compensé cette perte en offrant plus de services et une présence accrue des techniciens sur le terrain. ' Il a fallu accompagner les vignerons, surtout au départ. ' En 2002-2003, elle formalise ses nouveaux services dans le cadre de contrats payants ' viticulture raisonnée '. Sur les 1 200 adhérents de la coopérative, 450 en ont souscrit. Auparavant, les techniciens rendaient visite aux vignerons et répondaient à leur demande en saison. Maintenant, les rencontres sont planifiées. Pendant la période hivernale, le technicien élabore un programme théorique. ' On établit un diagnostic avec le vigneron en fonction de ce qu'il souhaite, aux résultats de l'année précédente et à la réglementation. Par exemple, on prévoit une application d'aminotriazole au printemps du travail du sol en saison ou un labour au printemps, et une application de Basta à la floraison. ' Ensuite, le distributeur visite les parcelles : une fois en avril, puis trois à quatre fois durant le reste de la saison. A chaque intervention, il observe les mauvaises herbes et l'état sanitaire des vignes. Une visite peut durer de une à deux heures.
' Au moment des applications, on affine le conseil en fonction des conditions de terrain. Si, au printemps, le vigneron a prévu l'application d'aminotriazole, mais que le sol est très propre, on le réoriente vers un labour. A l'inverse, s'il a prévu un labour, mais que la pousse des adventices a été importante à cause des pluies, on lui conseille un herbicide. '

Cette démarche a été à l'origine d'embauches de techniciens. Et les vignerons l'ont plutôt bien accueillie. ' Nous avons eu un bon retour. Dans les zones de captages, les vignerons ont immédiatement appliqué les nouvelles recommandations, car ils avaient envie de donner une bonne image. Les interdictions de certains herbicides n'ont pas posé de problème, grâce aux autres molécules et aux méthodes alternatives. Nous avons vécu les choses sereinement. Nous avons su travailler en partenariat avec la Protection des végétaux et les chambres d'agriculture. Et, les résultats sont là. Le retour au travail du sol est phénoménal. '
' Avant, on faisait des programmes classiques à base de produits antigerminatifs, identiques sur 90 % des vignes. Actuellement, seul 20 % du vignoble est désherbé totalement. Désormais, on part avec la philosophie du labour. '

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