ImprimerIbn al-'Awwâm, a synthétisé les connaissances anciennes dans ' Le Livre de l'agriculture '. Deux chapitres sont dédiés à la culture de la vigne.
Le Livre de l'agriculture, de l'agronome Ibn al-'Awwâm, fut rédigé à Séville à la fin du XII e siècle, en plein essor économique et culturel de l'Andalousie arabe. ' Nous ne savons rien sur la biographie du chaykh illustre 'Abû Zakariyyâ Yahyâ Muhammad ibn Ahmad ibn al-'Awwâm, sauf qu'il était sévillan et qu'il a vécu dans la deuxième moitié du douzième siècle. Il a été sans doute le plus populaire et le plus célèbre des agronomes arabes ', indique l'universitaire Mohammed El Faïz dans l'introduction de l'édition contemporaine du livre.
C'est ' un praticien (...) qui appartient à l'élite intellectuelle et à une classe socio-économique supérieure '. Il vécut à l'époque du développement de l'irrigation, de l'architecture et de l'art des jardins. L'agronomie est considérée, dans les écrits arabes, comme ' science, métier et art '.
Son livre présente ' sous forme simplifiée et agréable à lire, tout ce qu'un curieux doit savoir sur l'économie rurale '. L'auteur synthétise, en citant ses sources, ' les meilleurs préceptes (...) de tous les auteurs qui l'ont précédé : grecs, romains, nabatéens, babyloniens, arabes... '. Il faudra attendre quatre cents ans et Le Théâtre de l'agriculture et mesnage des champs , d'Olivier de Serres ' pour trouver un nouvel ouvrage considérable sur l'agriculture '.
Le livre, de 1 500 pages, est divisé en deux parties et trente-cinq chapitres. Il traite de l'agriculture par thème (pédologie, irrigation...), puis par culture : la préparation de la terre, la nature de l'eau qui convient le mieux à chaque plante, la lutte contre les maladies... Le livre inclut des considérations astrologiques ou d'ordre médical, et un exposé des théories météorologiques arabes. Par exemple, si le cercle de la nouvelle lune se montre avec une couleur rouge comme du feu, ' c'est signe que la pluie tombera dans un jour ou deux ou trois '.
Deux articles sont dédiés à la viticulture, l'une des branches privilégiées de la recherche agronomique andalouse. Ils précisent le calendrier des travaux et donnent des conseils pour la culture. Par exemple, en novembre, le cultivateur ' donne de l'engrais aux vignes et un labour '. En décembre, lorsque ' la lune est sous terre , moment le plus convenable pour couper les arbres ', il peut choisir du bois pour la construction des pressoirs.
Ibn al-'Awwâm prône de tailler court pour remédier à ' la surabondance de sève, nuisible à la vigne '. Contre les gelées, il recommande de prendre du bois de tamaryx et de myrte, de les brûler ensemble et d'épandre les cendres blanches sur les bourgeons et les branches. Il rapporte qu'' avec un semis de fèves, il n'y a plus à redouter les effets de la gelée '. Il cite : ' Les viticulteurs de la région (de Séville, ndlr) préfèrent pratiquer une taille légère et la renouveler plus tard, afin d'éviter que les jeunes bourgeons ne soient endommagés par le froid. ' Contre la pourriture du fruit, il conseille de frotter les grappes avec du suc de pourpier. Contre les vers, les fourmis, les charançons, les coléoptères ou les scarabées, il préconise l'emploi de coloquinte, d'euphorbe et de concombre d'âne, séchés, pilés, réduits en poudre fine, et bouillis dans l'eau avec du vinaigre et du sel.
Il décrit, d'après les écrits anciens, les moyens d'élaborer le vin sinapisé, c'est-à-dire additionné ou saupoudré de farine de moutarde ou à la roquette ou aux câpres... Pour préparer le vin doux, trente jours environ avant la vendange, ' on effeuille, on tord les branches chargées de raisins ', ce qui les concentre en sucre.
Il cite des méthodes pour ' communiquer un parfum ou une saveur au vin '. ' Quand on veut rendre le raisin parfumé, on prend un brin de sarment de choix sur un plant de vigne qui donne du fruit. Fendez la partie inférieure par la moitié dans toute la longueur que doit couvrir la terre, vider les cavités, remplacer la moelle par des substances sucrées ou aromatiques. On referme ensuite avec des ligatures. ' Rien de plus simple finalement !
