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OCM : ce que veut le négoce

La vigne - n°175 - avril 2006 - page 0

Pau Roca, membre du Comité européen des entreprises du vin (CEEV), explique la position très libérale de son organisation sur la réforme de l'OCM du vin.

Pau Roca préside la Commission sur la réforme de l'OCM (organisation commune de marchés) du vin du Comité européen des entreprises du vin (CEEV), qui représente les intérêts de 22 fédérations européennes de négociants, dont EGV en France. Il est aussi directeur de la Fédération espagnole du vin qui regroupe les grandes entreprises de son pays. Il explique le point de vue du CEEV sur la réforme.

Pau Roca : ' Oui. Il faut conserver une politique vitivinicole européenne. L'OCM ne doit pas seulement prévoir des interventions à caractère budgétaire. Elle doit aussi contenir d'autres normes sur l'étiquetage, les pratiques oenologiques, la traçabilité, la tenue des registres, la classification des vins... Ces aspects réglementaires ont des conséquences économiques, bien qu'ils n'aient pas d'enveloppe budgétaire. Nous réclamons leur maintien dans l'OCM. '

P. R. : ' On a empêché le marketing des vins qui ne se réclament pas des indications géographiques. Or, il y a là un espace pour développer des vins de marque. Il ne faut pas empêcher les vins, qui ne se réclament pas des indications géographiques, de dire de ce qu'ils sont. Pourquoi être obligé de cacher une information au consommateur quand elle peut être démontrée ? Pour autant, nous ne sommes pas favorables au vin de table de cépage. Il n'a pas assez de traçabilité. Le cépage, le millésime et les autres mentions valorisantes doivent pouvoir être utilisés pour des vins qui peuvent le démontrer, même si ce ne sont pas des vins à indication géographique. '

P. R. : ' C'est exact. Le système d'interdiction des plantations nouvelles génère une telle complexité qu'il est devenu ingérable. Il est aussi inefficace, car le potentiel de production augmente malgré tout par l'augmentation des rendements.
Du fait de l'interdiction des plantations nouvelles, les régions faisant face à une forte demande du marché ne peuvent pas y répondre. A l'opposé, là où il y a trop de vignes, les gens les gardent à cause de la valeur du droit. Cela empêche les arrachages spontanés. Le système actuel est prévu pour durer jusqu'en 2010. Il faut le maintenir jusqu'à cette date. Après, nous demandons l'élimination du principe de l'interdiction des nouvelles plantations avec la possibilité, pour les appellations qui le demandent, d'interdire les nouvelles plantations chez elles. '

P. R. : ' Non. Il faut donner aux interprofessions ou aux syndicats la capacité de limiter leur potentiel de production. '

P. R. : ' Les aides à la distillation d'alcool de bouche ne perturbent pas le marché. Elles permettent d'obtenir des alcools bon marché pour les portos, les xérès ou les marsala. Pour le reste des distillations, on peut supprimer les aides, du moins celle pour la distillation des sous-produits. Cette dernière est obligatoire. Il faudrait prévoir des pénalités pour ceux qui ne la réalisent pas plutôt que des aides. Quant à la distillation de crise, si on supprime l'aide, cela rendra la production plus réactive aux attentes du marché. '

P. R. : ' Il faut adopter les nouvelles pratiques oenologiques, si elles ne posent pas de problème de sécurité alimentaire, tout en laissant aux appellations, qui le souhaitent, la possibilité de travailler avec une liste plus restrictive. Mais pour le segment des vins de masse, il faut se donner tous les éléments pour être compétitifs. '

P. R. : ' Il faut un observatoire économique qui puisse prévenir les récoltes, qui connaisse les stocks et qui suive les prix. Ces informations doivent être centralisées au niveau européen. Il faut des allocations budgétaires pour cela. '

P. R. : ' Il faut une politique commerciale européenne agressive car, sinon, nous allons continuer à perdre des parts de marché. Ceci suppose une réserve de budget pour accompagner des actions commerciales, de relations publiques et de lobbying. La Commission doit avoir de l'argent pour mieux connaître la situation des pays avec lesquels elle entame des négociations, pour parvenir à des accords sur le commerce du vin. Elle doit aussi avoir les moyens de défendre dans les pays tiers, la notion européenne d'indication géographique.La profession doit réfléchir à une promotion générique du vin. '

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