Dans plusieurs régions, syndicats, ANPE et administration incitent chômeurs et RMIstes à s'orienter vers le métier d'ouvrier viticole. Souvent, cela passe par une phase de découverte du travail de la vigne. Ces initiatives demandent de la patience, mais elles sont souvent fructueuses.
Certains réflexes ont la vie dure. Celui des enseignants promettant un avenir d'ouvrier viticole à leurs moins bons élèves en fait partie. Difficile, avec une image si dévalorisante, d'attirer les jeunes vers ce métier. ' Le salut ne peut venir que de nous ', précisait Béatrice Richard, vice-présidente du Syndicat général des vignerons de Champagne (SGV) lors de la dernière assemblée générale. Faute de trouver assez de jeunes formés par les écoles, ce syndicat aide les vignerons à chercher des recrues parmi les chômeurs.
Il vient de signer une convention avec les ANPE d'Epernay et de Bar-sur-Aube. Toutes les propositions d'emploi en CDI figurant sur la bourse à l'emploi du site internet du syndicat sont reprises par l'ANPE de façon à élargir leur diffusion. Créée en octobre 2005 lors du salon Viteff, cette bourse en ligne fonctionne bien. Sur plus de 150 propositions de CDI, 82 ont été pourvues.
Le SGV va également encourager l'accueil des personnes sans emploi dans des exploitations viticoles. Chômeurs et RMIstes y découvriront les multiples facettes du métier. Ils vivront une évaluation en milieu de travail d'une durée de deux semaines maximum. Pendant ce temps, ils continueront de percevoir leurs allocations.
Toujours en Champagne, une initiative est menée dans l'Aube pour parrainer des RMIstes. Pendant deux ans, six RMIstes ont suivi un parcours de réinsertion consistant à travailler chez un viticulteur. Ils étaient encadrés par un éducateur et par un tuteur : un salarié ou un exploitant retraité. Trois d'entre eux travaillent maintenant dans une exploitation viticole. En juin prochain, une nouvelle cession va redémarrer avec dix personnes.
Dans leur quête d'attirer des chômeurs, syndicats et vignerons peuvent compter sur l'aide de l'administration et des ANPE. Le ministère de l'Emploi met en place les plates-formes des vocations dans tous les départements. Le but est de vérifier l'habileté d'un jeune de moins de 26 ans à exercer un métier, par le biais de jeux ou de tests. Le jeune chômeur passe une demi-journée avec un jury composé d'agents de l'ANPE. Les tests sont, au préalable, visés par les syndicats professionnels. Chaque département cible les métiers selon ses besoins. Dans le Vaucluse, on teste l'aptitude à exercer le métier d'ouvrier viticole. ' Cette demi-journée ne vise pas à savoir si le jeune sait tailler, précise-t-on à l'ANPE d'Orange. Le but est juste de valider une aptitude au métier. Ensuite, le jeune jugé apte sera orienté vers une offre ou vers une formation . ' Les plates-formes se mettent en place dans tous les départements.
De leur côté, les ANPE orientent des personnes sans emploi vers des centres de formation. Les CFPPA ou d'autres organismes proposent des cursus courts, alternant les cours et la présence chez l'exploitant. Ces formations concernent le plus souvent la taille. De janvier à mars, le stagiaire passe trois jours par semaine dans son centre de formation et deux jours chez le vigneron. Ces chômeurs trouvent assez facilement du travail ensuite.
Pour le viticulteur, cette formule est intéressante : il bénéficie d'une main-d'oeuvre certes inexpérimentée, mais gratuite et la filière compte, à l'issue de la formation, un salarié potentiel supplémentaire. Le nombre de personnes formées dépend logiquement de la santé économique du secteur. ' Avec la réduction des effectifs dans les domaines viticoles, notre objectif est de placer les chômeurs ayant déjà une compétence, plutôt que d'en former qui auront des difficultés à trouver du travail ', confirme l'ANPE d'Orange. Néanmoins, certaines zones en crise connaissent un manque de personnel.