Hennessy et Veuve Clicquot ont réalisé leurs bilans carbone. L'interprofession champenoise a établi celui de la filière. En Champagne, le poste le plus pollueur est celui des emballages. Dans le Cognaçais, c'est la fabrication des pesticides et des engrais.
Le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre préoccupe de plus en plus. Dans le monde viticole, le Cognaçais et la Champagne sont les premières régions à s'être penchées sur le problème. Le cognac Hennessy en 1999, puis les champagnes Veuve Clicquot, en 2001, ont mesuré les répercussions de leurs activités sur les émissions de gaz à effet de serre, en établissant leurs bilans carbone. Le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne) a réalisé ce même bilan pour la filière champenoise en 2003.
Les résultats des deux bilans champenois sont assez similaires. Au niveau de la filière, le plus gros poste d'émissions est celui des emballages (50 %), en particulier celui de la fabrication des bouteilles. Viennent les ' émissions internes ', c'est-à-dire la consommation d'énergie à la vigne, à la cave et dans les chais, qui représentent 25 % du dégagement de carbone. Chez Veuve Clicquot, le premier poste est également celui des emballages et des matières entrantes (56 %), suivi du transport de marchandises ou de personnes (17 %) et des énergies dépensées en interne (10 %). En revanche, chez Hennessy, le premier poste est celui de la fabrication des pesticides et des engrais, puis du transport, de la distillation et des emballages en verre.
A la suite du bilan, le CIVC a lancé plusieurs groupes de travail chargés de plancher sur différentes thématiques : valorisation de la biomasse, utilisation d'énergies alternatives, machinisme, alternatives de lutte contre le gel, gestion de l'azote dans les sols, fret pour l'exportation, emballages, gestion des achats... A l'aide des pistes qui ressortiront de ces groupes de travail, le comité espère que la filière diminuera ses émissions de 20 à 30 % en dix ans, sans rupture technique.
Chez Hennessy et Veuve Clicquot, plusieurs actions ont déjà été mises en place. Le premier gère mieux ses phases de combustion lors de la distillation, d'où une chute des émissions à ce poste de 17 à 20 %. Hennessy essaie de favoriser la viticulture raisonnée chez ses livreurs, et il a allégé ses bouteilles, ce qui a presque divisé par deux les rejets dus à la fabrication du verre. De plus, un diagnostic énergétique est étudié.
Veuve Clicquot a diminué ses émissions globales de gaz de 4,5 % entre 2003 et 2004. Dans les cuveries, par exemple, les approvisionnements de SO 2 ne se font plus par bidons de 10 ou 20 l, mais par containers de 6 hl. Le SO 2 est ensuite transféré dans des bidons. Le volume des emballages de produits oenologiques a ainsi diminué de 12 %. Veuve Clicquot a aussi réduit l'épaisseur de ses cartons, qui sont en simple couche, et l'étiquette est plus petite. La prise en compte de l'éco-conception des emballages est en cours. Au niveau des transports, l'entreprise champenoise optimise les envois en remplissant au maximum les palettes et les camions. Elle a mis en place des visio-conférences, diminuant ainsi de 10 % les émissions liées aux transports aériens sur un an. En interne, Veuve Clicquot a changé ses chaudières à fioul pour des chaudières à gaz, et a lancé une campagne sur les gestes éco-citoyens. Le but de l'entreprise est similaire à celui du CIVC : réduire les émissions de gaz de 20 % sur dix ans. Un bel objectif !