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Dyostem mesure la maturation

La vigne - n°179 - septembre 2006 - page 0

Cet appareil de Sféris mesure, en un clin d'oeil, le chargement en sucres, qui est le véritable paramètre de la maturation, selon l'Inra de Montpellier. Il distingue les raisins qui mûrissent vraiment de ceux qui ne font que se concentrer en sucres. Une révolution pour les premiers utilisateurs.

Le chargement actif en sucres est un nouvel indicateur de la maturité mis au point à l'Agro de Montpellier ( La Vigne de septembre 2005, n° 168, p. 32). La maturité idéale est obtenue lorsque le chargement en sucres s'arrête, après avoir progressé régulièrement. Alors, il n'entre plus de sucres dans les baies. Lorsque le chargement est rapide et qu'il ne cesse pas, cela témoigne d'une vigueur excessive de la vigne. La maturité phénolique ne pourra pas être atteinte. A l'inverse, un chargement lent correspond à un blocage de la maturité, souvent lié à un stress hydrique.
Pour suivre ce phénomène, Sféris, société basée à Montpellier (Hérault), a conçu le Dyostem. Cet appareil évalue le volume des baies. Par une analyse classique, on détermine leur concentration en sucres. En multipliant le volume par la concentration, on obtient la quantité de sucres dans les baies. Le chargement en sucres correspond à l'évolution de ce paramètre. Le suivi du volume des baies permet aussi de détecter rapidement des flétrissements.

Dyostem mesure également la couleur des baies et apprécie leur hétérogénéité. La couleur donne une indication sur le potentiel aromatique des blancs. L'hétérogénéité de la vendange peut révéler un éventuel déséquilibre de la parcelle.
Dyostem se compose d'une caméra numérique, reliée à un ordinateur. Pour obtenir les données, on place un échantillon de 200 baies sur le plateau. La caméra photographie les baies et un logiciel calcule, en quelques secondes, les différents paramètres. Dyostem est vendu 13 000 euros hors taxes, auxquels il faut rajouter 1 000 euros de maintenance.

' C'est une petite révolution ', estime Richard Bertin, oenologue conseil chez SCH Provence oenologie. Ce laboratoire d'analyses, qui a pour clientèle plus de 160 producteurs dans les Bouches-du-Rhône et le Var, traite 30 000 à 40 000 échantillons par an. En 2005, il a testé Dyostem sur une quarantaine de parcelles, en couplage avec des mesures de stress hydrique réalisées avec le Xilem, un autre appareil commercialisé par Sféris.
Les suivis de maturité démarrent deux à trois semaines avant les dates de récolte prévisibles et sont répétés tous les cinq à six jours. L'échantillon de 200 baies servant pour Dyostem est ensuite utilisé pour les analyses classiques.
' Dyostem fait bien la différence entre des raisins qui concentrent et des raisins qui mûrissent vraiment. Par exemple, lorsque l'on a un blocage de la maturité avec un phénomène de concentration, on évitera les extractions poussées pour ne pas avoir de tanins verts. Couplé avec les mesures effectuées par Xilem, Dyostem évalue bien quel type de vin (rosé, rouge léger, rouge plus concentré) on va pouvoir faire. C'est un outil prometteur, mais il faut apprendre à interpréter les résultats. Pour l'exploiter, il faut aussi une bonne connaissance des parcelles ', expose Richard Bertin. Il compte sur cette campagne pour valider l'outil et proposer les nouvelles analyses à tous ses clients.

Philippe Cazaux, directeur technique de la cave coopérative des Producteurs de Plaimont (Gers), est aussi satisfait de l'outil : ' Il est simple d'utilisation. Il complète les visites de terrain et les autres paramètres de suivi de la maturité. Il aide à piloter les vinifications afin d'obtenir les profils de vins que nous avons définis. ' En 2005, la cave a utilisé Dyostem sur toutes ses surfaces, soit 1 200 ha. Les analyses ont débuté en même temps que les contrôles classiques.
' Avec Dyostem, nous avons noté des profils différents de chargement en sucres selon les parcelles. Certaines amassent constamment des sucres, d'autres en situation de stress en accumulent peu, d'autres encore entassent jusqu'à un palier. Dyostem nous a ouvert les yeux et permis de valider les observations de terrain ', déclare Philippe Cazaux.
Cette année, la cave va travailler sur la mesure de la colorimétrie, pour voir s'il y a une bonne relation entre ce paramètre et la teneur en anthocyanes. Elle va également commencer les mesures plus tôt, dès début juillet, pour détecter précocement, si c'est possible, les parcelles en situation de stress hydrique.

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