Grégoire, New Holland et Pellenc proposent d'embarquer des érafloirs sur leurs machines à vendanger. Ces équipements égrappent et nettoient la vendange aussi bien que ceux installés dans les caves.
Les fabricants de machines à vendanger proposent des options pour parfaire le nettoyage de la vendange. Ces matériels peuvent être classés en deux catégories. Les uns ont pour unique objet l'extraction de plus de feuilles. Ce sont les nettoyeurs, comme le trieur Pellenc ou la centrale de tri et de nettoyage Alma. Le premier élimine jusqu'à 80 % de feuilles, mais présente une efficacité limitée sur les pétioles (- 10 à - 33 %). L'ITV n'a pas pu tester le second.
Les autres matériels embarqués ont, en plus, une action d'éraflage, comme l'égreneur Socma sur machine à vendanger New Holland, le vinitrieur Pellenc ou le trieur-égreneur Grégoire.
Depuis 2002, l'ITV France a essayé ces matériels embarqués sur des merlot, cabernet, mourvèdre, syrah et fer servadou, dans le Bordelais, l'Hérault et dans le Midi-Pyrénées. Cela a permis d'évaluer leurs performances dans des conditions de récolte différentes du point de vue de la charge en raisins ou de l'aptitude des cépages à la vendange mécanique.
L'égreneur embarqué Socma a fait l'objet d'un grand nombre de tests lors de ces quatre dernières campagnes. Ses points forts sont : une bonne élimination des rafles (- 66 %), des feuilles (- 50 % en moyenne) et des bouts de sarments, une faible trituration de la vendange, et il n'augmente pas le taux de jus. Les pertes induites par l'égreneur sont peu importantes : 0,4 % en moyenne. Des tests réalisés par le BNIC confirment ces chiffres. En revanche, son impact est limité sur les pétioles et il est possible de fractionner les rafles fragiles du fer servadou en petits bouts non éliminés (rafles libres). De plus, le poids du matériel ajouté sur les bennes est important (500 kg sur chaque benne).
Les résultats obtenus par la machine Grégoire sur le merlot et le fer servadou sont bons et les pertes limitées : 0,2 à 0,5 %. L'ITV a observé le même phénomène de fragilité de la rafle sur le fer servadou, qui a causé une légère augmentation du taux de rafles libres dans la vendange. Cependant, la quantité totale de rafles présentes dans la vendange est diminuée de 50 à 80 %. Cette efficacité est de 40 à 60 % pour les feuilles, et de 15 à 25 % pour les pétioles.
Avec le vinitrieur Pellenc (environ 90 kg sur chaque benne), les tests se sont déroulés dans des conditions très différentes : sur un merlot bien palissé avec de petits rendements, et sur une syrah avec une forte expression végétative et peu rognée. Cela a permis de montrer que cet appareil travaille d'autant mieux qu'il y a de la matière à traiter. Les pertes, un peu plus importantes sur la syrah (1,60 %, contre 0,57 % sur le merlot), sont liées à l'obstruction des trous de l'érafloir par des feuilles lourdes d'humidité ou collées par le jus. L'efficacité est forte sur les rafles et les feuilles (90 et 60 %) et très correcte pour les pétioles (30 %).
Dans tous les essais, les matériels ont donné des résultats au moins égaux et souvent supérieurs à ceux obtenus avec un érafloir de cave sur les critères de la quantité de déchets éliminés ou des pertes engendrées. En effet, avec un égreneur embarqué et une qualité de récolte médiocre au départ, on élimine jusqu'à 4,20 kg de déchets par tonne de vendange, 24,60 kg avec les rafles. Si la qualité est bonne au départ, les chiffres sont de 2 kg sans les rafles, et 7 kg avec. Dans les mêmes conditions, un érafloir de cave élimine 5 kg tout compris.
L'incidence sur le vin des améliorations apportées par ces appareils embarqués est plus ou moins marquée selon le cépage, l'état de maturité et l'état de propreté initial de la vendange. Les premières dégustations issues de ces essais montrent, en général, que les modalités éraflées dès la machine sont préférées après quelques mois d'élevage, et que la différence perçue a tendance à s'estomper avec le temps. Cependant, lorsque le nettoyage est important (beaucoup de déchets à éliminer), les critères ' qualité aromatique ' et ' fruité ' sont mieux notés. Les analyses sur moût d'ugni blanc, réalisées par le BNIC, montrent des écarts en faveur de l'égreneur, notamment sur le caractère herbacé des eaux-de-vie.
Quant aux extracteurs simples, ils ont un intérêt qualitatif s'il y a beaucoup de feuilles à éliminer. L'ITV France n'a pas pu tester leur impact qualitatif, mais suppose qu'il est inférieur à celui du matériel qui élimine les rafles dès la vendange.
Le fait d'érafler dès la parcelle rend inutile le passage de la vendange dans un érafloir à la cave, selon les essais ITV. Les rafles sont déjà épandues sur la parcelle, c'est une tâche de moins à réaliser. Pour un coût avoisinant les 15 000 euros, l'investissement dans un tel matériel (nettoyage + éraflage) doit être considéré en fonction du type de vin produit et de l'impact qualitatif recherché, mais aussi de la stratégie d'équipement du chai.