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Des récoltes moins pénibles

La vigne - n°179 - septembre 2006 - page 0

Les vendanges manuelles mettent le dos des coupeurs et des porteurs à rude épreuve. Voici une sélection de matériels et d'outils pour alléger ces douleurs.


Selon une étude conduite par l'UC AERC (University of California Agricultural Ergonomics Research Center), en Californie, entre 1997 et 1999, porter des caisses de moins de 25 kg lors des vendanges diminue de moitié les douleurs de dos des cueilleurs. La CSGV (Coopérative du syndicat général des vignerons, Marne) a développé une caisse de collecte et de transport allégée : la Tibote. Elle pèse 2 kg et contient 20 à 25 kg de raisins, contre 45 à 50 kg chez certains concurrents.
La Tibote est facilement gerbable et empilable, et possède des rebords de préhension sur ses quatre côtés. Des plots de glisse sur son fond facilitent sa manutention. Les bords et le fond sont percés pour l'écoulement des jus. La Tibote vaut 15 euros au détail. Son prix varie ensuite en fonction du nombre de caisses commandées, et de la personnalisation sur les faces. Les viticulteurs qui s'en servent en sont satisfaits, même s'ils la trouvent un peu fragile et difficile à empiler.
Florent Grados, des champagnes Emile Grados (Aube), confirme que ' la Tibote diminue de façon importante les maux de dos, même si cela augmente le nombre de caisses à porter '.
Mêmes échos chez Christian Etienne, à Meurville (Aube), où les coupeurs trouvent l'utilisation de la Tibote moins fatigante. Tous deux apprécient aussi la Tibote pour ses aspects qualitatifs.

En Alsace, les vendangeurs vident leurs paniers non pas dans des hottes, mais dans des cuves de 150 l. Pour faciliter leur manutention, de nombreuses entreprises, comme Humus (Haut-Rhin), Braun (Allemagne) ou Berger machines agricoles (Haut-Rhin), proposent un lève-cuves hydraulique. Le matériel Berger est un genre d'élévateur, qui s'attelle à un tracteur interligne ou un chenillard. Il faut deux distributeurs double effet, et un simple pour alimenter ses vérins. Ceux-ci permettent de monter et descendre la cuve, de la basculer pour la vider. Les cuves s'accrochent à l'élévateur grâce à une pince hydraulique. Cet élévateur vaut entre 2 000 et 2 600 euros.
Jean-Marc Kentzinger, viticulteur à Rodern (Haut-Rhin), en possède un. Pour lui, ce matériel n'a que des avantages, car il évite de porter les cuves. Le travail est plus rapide et c'est moins fatigant. Il emploie une personne de moins qu'avant et réalise des économies.
Henri Windholtz, exploitant sur la même commune, est lui aussi équipé d'un élévateur, mais de la marque Braun. Il partage l'avis de son confrère quant aux avantages de l'outil, même s'il considère que le Braun est un peu moins perfectionné que le Berger. Là où il employait quatre à cinq porteurs de hotte, il n'a plus qu'un chauffeur de tracteur. Ce dernier travaille dans des conditions plus agréables que les porteurs. L'élévateur permet aussi un gain de temps et d'argent.

L'entreprise Sthik (Charente-Maritime) a conçu une hotte élévatrice à vendange, qui s'attelle sur le trois points du tracteur. Le chauffeur conduit le tracteur et la hotte dans les rangs. Les vendangeurs avancent et vident leurs seaux dedans au fur et à mesure. Lorsqu'elle est pleine, le chauffeur la sort du rang et la place de manière verticale par rapport à la benne. Il actionne ensuite le vérin hydraulique qui élève la hotte, la déporte vers l'arrière, puis la bascule.
Cette hotte fait 1 m de large et contient 800 l de raisins. Elle coûte 2 800 euros en Inox.
Christian Plessis et Sylvie Termeau, du Moulin de Chauvigné, à Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire), ont testé le prototype l'année dernière. Convaincus, ils en ont commandé une. Pour eux, le fait d'utiliser une benne élévatrice permet de s'économiser physiquement, d'avoir plus de confort de travail et moins de fatigue. Ils trouvent la hotte Sthik bien conçue. L'entreprise n'a pas d'autres utilisateurs.

Le Château Haut-Lagrange (Gironde) est équipé de l'automoteur pour vendanger à la main de l'entreprise Séric (Lot-et-Garonne). Cette machine est autoguidée. Les manoeuvres en bout de rang sont effectuées grâce à un joystick. Elle convient à des vignes ayant des interrangs de 1 à 1,50 m, et réalise la récolte de quatre à six rangs simultanément. Le matériel, organisé sur deux niveaux, accueille entre quatre et six cueilleurs. Ils sont assis sur des sièges au milieu du rang. Une goulotte située entre leurs jambes récupère les grappes. Elles sont acheminées sur la plate-forme du haut, où d'autres ouvriers les trient. Elles sont ensuite mises en cagettes ou dans une benne. Cet outil coûte entre 45 000 et 65 000 euros.
Selon Francis Boutemy, du Château Haut-Lagrange, lors des vendanges, cet engin procure 20 % de gain de productivité, grâce à l'absence de porteur, et 20 % de gain de temps. Et les salariés apprécient cette machine : ' Une fois qu'ils y ont goûté, ils ne veulent plus repartir à pied. Ils travaillent assis et légèrement penchés, mais cela ne fait pas mal au dos. Et comme ils peuvent bouger latéralement de 50 cm, ils ne s'ankylosent pas. Après cela, ils ne veulent plus se baisser ! ' conclut-il. Le Château Haut-Lagrange est le seul utilisateur de cette machine.

La MSA de Côte-d'Or travaille, depuis plusieurs années, sur les outils pour diminuer les maux de dos. En viticulture, elle a trouvé l'Ergosiège, de Balans Craftseat, commercialisé en France par Securama, à Saint-Apollinaire (Côte-d'Or). Ce matériel est une structure en aluminium renforcé, avec un coussin en mousse, qui se fixe sur un ou deux genoux grâce à des ceintures. Il forme un siège et un appui-genoux lorsqu'on s'assied, protégeant les genoux, les talons, les chevilles et le dos. Il est disponible pour des personnes mesurant moins d'1,70 m, plus d'1,70 m avec une assise basse, et plus d'1,70 m avec une assise haute, pour les travaux de la vigne. Il vaut 60 euros.
Selon Patrick Chaudron, de la MSA, il y a un frein psychologique à son utilisation : les personnes ne veulent pas le porter, car cela fait ' handicapé '. Mais lorsque les viticulteurs dépassent ce blocage, ils adoptent l'outil...

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