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Santé et sécurité : les vignerons plus attentifs

La vigne - n°181 - novembre 2006 - page 0

Tout le monde prend conscience des dangers encourus lors des traitements phytosanitaires, ou dans les caves du fait du gaz carbonique. Mais il faut encore améliorer la traçabilité des risques et être plus coercitif envers les salariés.

En termes de santé et de sécurité, les vignerons ne sont pas les derniers de la classe. Selon les conseillers en prévention de la MSA, ils ont même plutôt bien avancé. « La viticulture est le secteur de l'agriculture où nous avons le meilleur accueil », expose Alain Viard, de la MSA de Loire-Atlantique. Même si les vignerons ont des difficultés financières, ils sont conscients de l'importance d'améliorer la santé et la sécurité au travail.
Par exemple, dans le Muscadet, ils n'hésitent pas à investir dans des sécateurs assistés ou des cabines de taille pour limiter les tendinites et le mal de dos. Ils s'équipent aussi de plus en plus de pulvérisateurs dotés de cabines filtrées. Au niveau des produits phytosanitaires, ils ont pris conscience des risques. « La formation des salariés monte en puissance », constate Alain Viard. « Les vignerons savent ce qu'il faut comme équipement de protection individuelle et où les trouver », considère Jean-Marc Freulet, de la MSA du Rhône. Cependant, si globalement les vignerons sont bien protégés pendant les traitements, il leur reste encore beaucoup d'efforts durant les opérations annexes. Des points noirs persistent lors de la préparation des bouillies et lors des interventions sur le matériel. « On voit encore des personnes qui soufflent dans les buses pour les déboucher » , remarque Alain Viard.
Autre point à améliorer : les règles d'hygiène. « Il y a un protocole bien précis à respecter lorsque l'on met et enlève les combinaisons, gants et masques... », estime Gérard Bernadac, de la MSA de l'Hérault.

Au chai, les choses s'améliorent également, notamment au niveau de la prise en compte du risque apporté par le gaz carbonique. « Lorsque je suis arrivé en prévention dans les années 80, il y avait régulièrement deux morts par an. Aujourd'hui, ce risque a quasiment disparu » , constate Jean-Marc Freulet, de la MSA du Rhône.
Même constat dans l'Hérault. « Nous voyons de plus en plus d'installations de détecteurs individuels ou collectifs du CO 2 liés à une ventilation efficace. Nous rencontrons aussi de nombreuses coopératives qui s'équipent de cuves autovidantes », indiquent Jean-Paul Pailhoux et Lionel Venezia, de la MSA.
Par contre, dans le Muscadet, Alain Viard estime qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour sensibiliser les vignerons à ce risque.
Concernant les chutes, les choses s'améliorent. « Des efforts sont faits pour les revêtements de sol et la mise en place de barrières. Avec les démarches HACCP, les tuyauteries fixes et murales se développent », exposent Jean-Paul Pailhoux et Lionel Venezia. Par contre, dans le Rhône, la MSA estime qu'il y a encore du pain sur la planche pour que les caves fixent les échelles, ou mettent en place des garde-corps et des grilles de protection sur les cuves.
Mais là où les exploitations sont vraiment à la traîne, c'est dans le domaine de la traçabilité des risques.

Depuis novembre 2002, elles ont l'obligation d'avoir un document unique d'évaluation des risques professionnels. Or, dans beaucoup de régions, il fait défaut. « Il n'y a pas 10 % des exploitations qui l'ont fait correctement », considère Alain Viard. Les vignerons doivent aussi rédiger des fiches individuelles d'exposition au risque pour leurs salariés, mais peu le font. « Tous ces documents sont difficiles à remplir. On a pris un gros retard », note Gérard Bernadac.
Autre difficulté : « Lorsqu'un salarié n'applique pas les règles de sécurité, il est difficile pour son employeur de gérer la situation. Il est rare qu'il donne un avertissement. » Bref, les vignerons devraient se montrer plus coercitifs, ce qui n'est pas facile en période de pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.

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