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Irrigation

La vigne - n°181 - novembre 2006 - page 0

Toutes les régions subissant des périodes de sécheresse sont à présent favorables à l'irrigation. Mais la grande inconnue sera l'approvisionnement en eau.

Une technique admise dans les zones sèches
Les débats sur l'intérêt de l'irrigation ont agité la profession. Mais depuis la canicule de 2003, la polémique s'est calmée : tous les vignobles ayant souffert de la sécheresse, principalement dans le Sud-Est, se sont prononcés en faveur d'une irrigation raisonnée. Seuls s'y opposent ceux qui n'en ont pas besoin.
Si l'irrigation remporte une telle unanimité au sein des vignobles « secs », c'est que de nombreux arguments penchent en sa faveur : faire face au réchauffement climatique, maintenir le potentiel végétatif, et éviter les blocages de maturité.

Dans les Côtes de Provence, Marc Rolley, directeur du syndicat viticole, est en faveur de l'irrigation depuis trois à quatre ans. « Nous nous sommes rendus compte du bénéfice qu'aurait l'irrigation au fur et à mesure de l'évolution climatique. Nous avons vu l'émergence de blocages de maturation, de déséquilibres qualitatifs, et même de la mortalité des ceps. Tout cela a pris une ampleur telle que depuis 2002-2003, nous nous sommes positionnés clairement en faveur d'une irrigation encadrée . »
Nicolas Ponzo, directeur du Syndicat des Costières de Nîmes, partage cette position depuis 2003-2004 : « Face à l'évolution du climat et au réchauffement climatique, il serait dommage de se priver d'une possibilité de sauver une récolte. Nous avons constaté une réelle évolution des températures, et l'augmentation du décalage entre la maturité phénolique et la maturité alcoolique . » Du coup, les vins sont de plus en plus alcoolisés pour atteindre un équilibre tannique.
La situation est encore plus critique à Saint-Chinian (Hérault), où le président de la cave coopérative, Alain Calvet, s'inquiète pour ses ceps : « La syrah apprécie les sols frais et riches. Or, chez nous, elle est plantée sur des schistes, qui sont pauvres et secs. L'été, la sécheresse est telle que nous avons une mortalité effarante. Si nous pouvions irriguer et si nous obtenions des financements, nous n'hésiterions pas un seul instant . »
Mais dans toutes ces régions, la question qui subsistera, bien après la parution des décrets, est celle de l'approvisionnement en eau. Les Costières de Nîmes sont les mieux loties. Pratiquement toutes ses zones sont en polyculture. Elles disposent de bornes d'arrivée d'eau, qui est tirée du canal du Bas-Rhône.

Néanmoins, Nicolas Ponzo souligne que tous les viticulteurs ne pourront pas irriguer pour des questions financières, et que cela risque de créer des inégalités.
Marc Rolley estime, lui aussi, que le coût empêchera certains viticulteurs d'irriguer, car « l'arrosage suppose un outillage qui est cher, de la main-d'oeuvre, et l'eau est onéreuse ».
Pour pallier cette difficulté, une fois que la réglementation sera modifiée, il envisage de mettre en place un programme d'aide et d'accompagnement. Mais pour lui, le principal problème réside dans l'approvisionnement en eau. Beaucoup de zones n'y ont pas accès. Le syndicat essaie de favoriser l'extension du réseau du canal de Provence. Si le projet aboutit, le nord et l'est du Var devraient en bénéficier. Mais un clivage risque tout de même de s'effectuer entre ceux qui auront de l'eau et ceux qui n'en auront pas.
Dans les Corbières, Jean-Pierre Thene, directeur du syndicat, s'avoue lui aussi inquiet. Cette année, les zones qui avaient le droit d'irriguer l'ont fait la nuit pour économiser l'eau. Il craint donc que la région en manque cruellement, si une plus grosse partie du vignoble se met à irriguer. Il aimerait que l'irrigation soit bien encadrée pour éviter les pertes d'eau. De plus, il souhaite l'ouverture d'une réflexion au niveau départemental, voire régional : « Tous les hivers, nous avons des inondations, et l'été, tout est sec. Ce serait bien de pouvoir retenir l'eau hivernale », conclut-il.

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