Caton l'Ancien a consigné « les devoirs du chef de famille » dans son traité d'agriculture. Il conseillait de cultiver de la vigne et d'avoir des futailles suffisantes pour stocker cinq vendanges et pour vendre aux meilleurs cours.
Marcus Porcius Caton naquit en l'an 234 avant Jésus-Christ, à Tusculum, aujourd'hui Frascati, en Italie. Son père, qu'il perdit jeune, ne lui laissa qu'une petite propriété. Il débute par une carrière militaire, puis devient un homme politique et un magistrat de la Rome antique. Il occupera les fonctions successives de tribun, questeur, consul, puis censeur. Connu pour son admirable éloquence et son respect des moeurs antiques, Caton écrivit des livres sur des sujets aussi variés que la médecine, l'éducation des enfants ou l'art militaire.
Son traité sur l'agriculture De re rustica, adressé à son fils, est le seul ouvrage qui est parvenu jusqu'à nous. L'enseignement moral tient une très large place dans ses nombreux discours. Aussi, son livre rappelle-t-il « les devoirs du chef de famille » agriculteur. A l'époque, lorsqu'on voulait louer « un bon citoyen », on lui donnait le titre de « bon agriculteur ».
« Lorsque vous vous décidez à faire l'acquisition d'un domaine, gardez-vous de l'acheter à tout prix, n'épargnez pas les visites et ne vous contentez pas de l'explorer une fois , prévient Caton. Portez votre attention sur le nombre de pressoirs et des futailles : s'ils sont en petit nombre, vous pouvez en conclure que le rendement est modique. »
Caton en est convaincu : la vigne, si elle est productive, est la culture la plus rentable. « Le maître de la maison sera marchand plutôt qu'acheteur. » Il recommande de prévoir « des futailles suffisantes pour recevoir le produit de cinq vendanges » et stocker en attendant les meilleurs cours. Pour 100 arpents de vigne (1,26 ha), il faut employer seize personnes et posséder deux boeufs et trois ânes. On utilise trois attirails de pressoirs, vingt futailles pour les marcs, des entonnoirs, des passoires en osier... Caton donne toutes les indications utiles pour construire un pressoir à levier et à treuil, qui sera reconstitué en 1994 par le Mas des Tourelles, à Beaucaire (Gard).
Il préconise de planter les huit cépages qu'il a répertoriés, et de conduire la vigne « toujours en ligne verticale », en l'élançant le plus haut possible. Il conseille de l'épamprer lorsqu'elle se couvre de feuilles, de la greffer au printemps ou pendant la fleur. « Quand le raisin se colore, relevez-les sarments, dépouillez-les de leurs feuilles, dégagez-les grappes et sarclez au pied des souches », indique-t-il.
Au moment des vendanges, « faites toutes les dispositions nécessaires : faites laver les vases, raccommoder les paniers, enduire de poix les fûts et autres ustensiles », écrit-il. Pour améliorer la qualité des vins ou pour mieux les conserver, « si cela est nécessaire, mettez dans le moût du vin cuit...».
Caton donne aussi les usages médicamenteux du vin. Ainsi, contre les douleurs de sciatique, « mettez en copeaux un morceau de bois de genévrier de la grosseur d'un demi-pied , conseille-t-il. Faites bouillir avec du vin vieux. Puis, prendre un verre tous les matins à jeun ». Enfin, comme tout romain de l'époque, dans l'optique de purifier les terres, il effectue des sacrifices expiatoires et des offrandes.
Caton meurt en 149 avant Jésus-Christ, à l'âge de 85 ans, trois ans avant la fin des guerres puniques et la destruction de Carthage, qu'il réclamait dans chacun de ses discours.