En mémoire au vignoble de la région de Dreux, l'association Flora Gallica a planté 1 000 ceps et a créé un écomusée vivant.
Cet automne, l'association Flora Gallica, gérante de l'Ecomusée des vignerons et artisans drouais, à Dreux (Eure-et-Loir), fête ses vingt ans. Elle a été créée à l'initiative de François Fillon. Ce professeur de sciences naturelles (à ne pas confondre avec son homonyme, homme politique et ancien ministre) a voulu sauver de la destruction deux caves d'un ancien prieuré cistercien du XII e siècle. « Sans doute les moines y entreposaient-ils leurs vins », dit-il. Aujourd'hui, elles sont vides.
Le maire de l'époque confie les caves et les bâtiments attenants à l'association, qui décide d'y établir « un musée vivant du vignoble, de l'artisanat et des traditions populaires ». Flora Gallica fait appel à l'historien Marcel Lachiver pour retracer l'histoire et à Bernard Delpeuch, vigneron bordelais (Château de Courviel), pour l'installation et l'entretien d'un vignoble mémoire : la vigne du Clos Saint-Thibault.
Dans la salle principale du rez-de-chaussée, spécialement dédiée au vin, un panneau retrace l'histoire de la vigne, depuis ses origines au Moyen-Orient à son implantation en Gaule, puis son expansion grâce aux ordres monastiques. Le travail des viticulteurs est illustré par des outils utilisés dans la région. Au fond de la salle trône Notre Dame de la grappe, une vierge tenant une grappe de raisins. « La coutume voulait que lorsque la première grappe était mûre, on allait l'accrocher à la main de la statue », commente François Fillon.
Sur des reproductions de documents anciens, on apprend que « le premier jour de mai de 1755, les vignes ont été gelées totalement. Le vin, qui valait entre 58 et 60 livres la queue (pièce de 400 l), est monté jusqu'à 120 livres ». On découvre qu'en 1808, sept « messiers garde-vigne » ont été nommés, de début août jusqu'à la vendange, pour protéger la récolte contre d'éventuels maraudeurs. On lit qu'en 1802, 575 vignerons sont recensés à Dreux, cultivant 250 ha de vigne. En 1870, il ne reste que 60 ha.
« La culture de la vigne a décliné en Eure-et-Loir parce qu'elle était trop onéreuse, trop pénible et trop risquée en termes de quantité et de qualité », explique François Fillon, citant l'étude sur les vignobles de France, réalisée par Jules Guyot à cette époque.
En mémoire de ce vignoble, l'association a créé la vigne du Clos Saint-Thibault. Le 1 er mai 1989, elle plante 900 pieds de cépage chardonnay greffé sur le porte-greffe 41b. Elle met en place deux rangs d'une dizaine de cépages de collection. Elle conduit ses vignes en guyot simple et les taille en mars.
Guy Desprez, ancien professionnel de l'agrochimie, supervise les traitements. La vendange mi-octobre est ouverte aux écoles. La production varie de 700 à 2 000 kg de raisin, et de 500 à 1 400 l de vin titrant plus de 11°. La vinification, l'élevage et la mise en bouteilles ont lieu dans le chai du musée, à l'entrée des anciennes caves.
Le musée est ouvert toute l'année. Le prix de la visite est de 4 euros.