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Le vin, boisson divine : une visite culturelle et oenophile en Avignon

La vigne - n°183 - janvier 2007 - page 0

Vin et divin, c'est le nom d'une visite du Petit Palais et du palais des Papes d'Avignon. Le grand public découvre le caractère sacré du vin au travers d'oeuvres d'art.

«Les visites qui allient découvertes culturelles et gastronomiques rencontrent un succès grandissant auprès du grand public », observe Stéphanie Barquet, chargée de la communication d'Avignon Tourisme. Depuis plusieurs saisons, l'organisme propose ainsi Palais secret, une visite des lieux inaccessibles du palais des Papes qui s'achève par un brunch et une dégustation de côtes-du-rhône dans la bouteillerie du palais des Papes.
Dans la même veine, elle a lancé, l'an dernier, Vin et divin, un parcours thématique qui retrace les liens entre le vin et le sacré. Lui aussi se termine par une dégustation commentée de quatre vins des côtes-du-rhône, avec des fromages choisis par des commerçants de la ville. Les vins sont sélectionnés par le responsable de la bouteillerie.
Avant cela, le guide emmène les petits groupes au musée du Petit Palais. L'endroit renferme, entre autres, une collection de tableaux italiens de l'époque médiévale. « Nous en avons choisi certains pour illustrer les rapports entre le vin et le sacré , commente Cécile Blanc, la conférencière. Au Moyen Age, l'image est fondamentale, les hommes et les femmes ne savent ni lire, ni écrire. Le message de l'église passe donc par la peinture. »
Le premier tableau représente la Cène où Jésus-Christ, entouré des apôtres, dit : « Buvez, ceci est mon sang », donnant au vin une dimension sacrée. D'autres oeuvres illustrent cette dimension du vin. En particulier, celles qui représentent la crucifixion. Ici, un ange récupère dans un calice le sang du supplicié. Ailleurs, ce sont les quatre apôtres évangélistes - Matthieu, Marc, Jean et Luc - qui récupèrent le sang du Christ tombé dans trois fontaines de vie, situées au pied de la croix.
« Dans l'imagerie religieuse, ce sang, transformé en vin divin, lave les péchés du monde et a une valeur nourricière. Il fait renaître la vie , explique Cécile Blanc. Au bas de la croix, la terre craquelle, signe de ce renouveau. » Ainsi, lorsqu'il est traité sous l'angle religieux, le vin n'est jamais lié à l'ébriété.
On avance dans l'histoire. Après le Moyen Age, place à la Renaissance et à son art largement inspiré par la mythologie. Céline Blanc dirige son auditoire vers un tableau montrant Bacchus, le dieu du vin, qui ramène l'inconsolable Ariane de Naxos, délaissée par Thésée. Enfant chevreau, Bacchus a grandi en se nourrissant de vigne. Même après sa mort, « il incarne la résurrection et la fécondité de la terre au travers du renouvellement de la vigne . »
Bacchus est également un séducteur. Les peintures le montrent souvent entouré de nombreuses femmes. « Il est chargé de transformer l'ordre masculin établi. Il emploie les femmes et le vin pour faire changer l'avis des puissants du monde. Mais ici aussi, le vin n'est pas envisagé sous l'angle de l'ébriété. Il s'agit d'une ivresse mystique. »

Changement de lieu. La visite continue au palais des Papes, à 200 m du Petit Palais. On pénètre dans la chambre des Papes. On y découvre une immense fresque d'un bleu magnifique, décorée de feuilles de chêne et de vigne, d'oiseaux et d'écureuils. Elle représente une tonnelle derrière laquelle on aperçoit le bleu du ciel et la nature. Strictement décorative, elle reprend un thème fort du Moyen Age : la vigne. A cette époque, Avignon foisonnait de treilles. Il fallait du vin pour les besoins des sacrements, mais également pour alimenter le trésor épiscopal : les papes en faisaient commerce. Le vin était réservé aux seigneurs et aux ecclésiastiques. Rien que pour le sacrement de Clément VI, 1 600 hl ont été bus, à côté desquels les quatre vins offerts à la fin de la visite font sage figure.

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