1. Estimez soigneusement le volume d'effluents que vous produisez
Douze dispositifs de traitement sont reconnus comme efficaces par le ministère de l'Écologie (liste disponible sur le site internet de l'IFV, www.vignevin.com). Afin d'opter pour celui qui est le mieux adapté à votre situation, vous devez d'abord calculer le volume d'effluents que vous générez durant toute une année. « Les dispositifs de déshydratation (Osmofilm et Héliosec) sont adaptés à des volumes compris entre 2 et 3 m3. Ceux fonctionnant par dégradation biologique conviennent bien au-delà de 3 m3 », indique Cédric Georget. « Ce volume dépend du nombre de traitements et de tracteurs sur l'exploitation ainsi que des pratiques de nettoyage », ajoute François Alves.
« Il faut compter entre 1,50 et 3 m3 d'effluents phytos sur la campagne par tracteur », précise Cédric Georget. « Pour estimer correctement ce volume, installez un volucompteur sur l'aire de lavage, pour mesurer votre consommation d'eau de lavage, conseille François Alves. Vous pouvez aussi calculer la quantité d'effluents produits en prenant en compte le débit horaire de votre nettoyeur haute pression et de la durée de vos nettoyages, en y intégrant les débordements éventuels de bouillie. »
2. Prenez en compte toutes les contraintes
« Certains systèmes sont plus simples à mettre en œuvre que d'autres », note Sébastien Codis. Une fois installés, ils demandent plus ou moins de manipulations. Par exemple, le dispositif Osmofilm (Axe environnement) fonctionne avec des sacs de 250 litres. Une fois remplis d'effluents, il faut les fermer, les disposer dans des casiers ajourés et ne plus y toucher. L'eau s'évapore sous l'effet de la chaleur et les matières actives restent au fond des sacs sous la forme de résidus secs. « Mais 250 litres, c'est un volume relativement faible. Cela implique de remplir de nouveaux sacs régulièrement », explique Sébastien Codis.
Le dispositif Héliosec (Syngenta agro), basé lui aussi sur la déshydratation, demande moins de manipulations. Il est constitué d'un châssis livré en kit et d'un bac dans lequel on place une bâche qui va collecter les effluents. Une installation de 6 m2 au sol peut traiter 450 litres d'effluents par an. Ceux-ci vont se déshydrater sous l'action du vent et de la chaleur. En fin de cycle, il suffit de récupérer la bâche contenant le résidu sec et de la déposer dans un récipient spécifique qui sera récupéré par la filière Adivalor.
Fonctionnant par dégradation biologique, le Phytobac (Bayer Cropsciences) nécessite quant à lui des décompactages, des apports de matière organique et un contrôle de l'humidité. « En dehors de la campagne phytosanitaire, il faut l'alimenter en eau pour éviter qu'il ne se dessèche », préconise François Alves.
Autre critère à prendre en compte : la place disponible sur votre exploitation. « Pour traiter 1 m3 d'effluents, il faut un Phytobac de 3,3 m3, poursuit le conseiller viticole. Le Phytobac peut être directement relié à un collecteur d'effluents sur l'aire de lavage. Si ce n'est pas possible, vous devez installer une cuve tampon qui doit être distante de 10 mètres par rapport aux limites de propriété et de 50 mètres des points de captage d'eau, des sources et des réseaux de collecte d'eaux pluviales. Si vous ne pouvez pas respecter la distance de 50 mètres, installez une cuve double paroi. » Les autres systèmes de traitement, à l'exception d'Héliosec, nécessitent eux aussi une cuve de stockage en amont, car l'apport des effluents est réalisé de façon discontinue.
3. Évaluez le rapport coût/simplicité
Il est possible de vous décharger de l'installation, de la mise en œuvre et de l'entretien d'un dispositif de traitement des effluents en faisant appel à une entreprise spécialisée. Dans ce cas, vous devez disposer d'une cuve dédiée aux déchets spéciaux pour stocker les effluents. En 2009, l'IFV évaluait le coût de cette solution entre 200 et 500 euros par mètre cube.
Mais « recourir à un prestataire de service, à moyen ou à long terme, est toujours plus coûteux que d'investir dans un système de traitement », juge François Alves. « Dans ce cas, le coût du traitement varie de 250 à 350 euros par mètre cube », relève Cédric Georget, qui constate que la prestation est en développement.
Elle peut être intéressante « à l'approche d'un départ à la retraite, avance François Alves, ou alors pour une aire de lavage collective où il peut être difficile d'estimer le volume d'effluents généré ».
Les aires collectives permettent des économies d'échelle, mais demandent une bonne entente entre exploitants et une organisation rigoureuse. « Leur mise en place dépend énormément des dynamiques locales et du contexte (espace disponible dans les exploitations, densité d'exploitations…) », commente Cédric Georget.
4. Si vous construisez vous-même le dispositif, soyez prudent
Le système du lit biologique est réalisable en autoconstruction. Mais ne vous lancez pas seul. Faites-vous aider par des sociétés connaissant le Phytobac ou par des conseillers en chambre d'agriculture. « Un bac bien étanche est indispensable. Si vous utilisez une cuve métallique de récupération, faites attention aux risques de corrosion », prévient François Alves.
Que faire des résidus finaux ?
Si vous utilisez les systèmes Héliosec (Syngenta agro) et Osmofilm (Axe environnement), vous pouvez ramener la bâche et les films usagés contenant les boues sèches lors des collectes de PPNU (produits phytosanitaires non utilisables). Ceux-ci seront traités par la filière Adivalor. Les boues et les filtres des systèmes Evapophyt (Staphyt), Phytomax (Agroenvironnement), BF Bulles (Vitivista) et Sentinel (Alba environnement) s'éliminent dans un centre spécialisé dans le traitement des déchets dangereux. Même chose pour le STBR2 (Aderbio). Toutefois, pour ce système, à partir de la quatrième année de fonctionnement, on peut épandre les boues si les analyses écotoxicologiques le permettent. Seul le Phytobac (Bayer CropScience) ne génère pas de déchets dangereux. Cinq mois après le dernier apport d'effluent dans le bac, le viticulteur peut épandre le substrat en tant qu'amendement organique. À noter que ce substrat contient du soufre et du cuivre, des éléments chimiques qui ne peuvent pas se dégrader.