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GUIDE PHYTOS - BONNES PRATIQUES

Six règles pour éviter de se contaminer

La vigne - n°201402 - février 2014 - page 6

La prévention des risques pour vous et votre entourage passe par le respect de consignes qu'il est toujours bon d'avoir en tête. Petit tour d'horizon.
DOSAGE DES PRODUITS. Avec les produits toxiques, il faut porter un masque. © P. ROY

DOSAGE DES PRODUITS. Avec les produits toxiques, il faut porter un masque. © P. ROY

1. Privilégiez les produits les moins toxiques

Afin de limiter votre exposition aux produits phytos, il faut tout d'abord raisonner vos traitements. « Les vignerons utilisent des produits dangereux, relève Jacques Vermorel. La première protection contre les contaminations par les produits phytosanitaires consiste à ne traiter que si nécessaire. Ensuite, il faut utiliser les produits les moins toxiques pour l'homme. »

Pour faire ce choix, il faut être attentif aux étiquettes, y compris celles des produits que l'on utilise depuis longtemps. Mais « certains vignerons ne les lisent plus ou ne les ont même jamais lues », déplore Jacques Vermorel. D'autres les consultent avant tout pour se renseigner sur le dosage des produits. Or, ne pas lire toutes les informations sur les étiquettes conduit à ignorer que des produits sont suspectés d'être cancérigènes ou mutagènes.

Autre conseil : préférez les formulations solides, en granulés ou en sachets hydrosolubles, et les emballages pratiques à utiliser.

2. Portez des équipements de protection

Les équipements de protection individuelle sont indispensables pour éviter les risques de contamination par les phytos. Le choix des équipements dépend de la nature du produit utilisé et du moment.

« C'est pendant la préparation de la bouillie que le risque de contamination est le plus élevé, prévient Jacques Vermorel. En conséquence, il est absolument proscrit de faire l'impasse sur les gants avec manchettes en nitrile ou néoprène. Le port d'une combinaison de protection est également nécessaire. »

Si le produit utilisé risque de causer des lésions oculaires, portez des lunettes de protection. Si c'est un produit en granulés, utilisez un masque muni de cartouches A2P3. Ces filtres sont à changer régulièrement, en général au bout de vingt à trente heures d'utilisation.

Portez des bottes plutôt que des chaussures « où les pieds macèrent quand elles sont contaminées par de la bouillie de traitement », signale Alain Viard. Portez ces bottes lors de la préparation de la bouillie et pendant le traitement.

Si vous traitez avec un produit non classé au niveau toxicologique, il n'est pas nécessaire de revêtir une combinaison ni de porter un masque, même si vous conduisez un tracteur sans cabine. Mais pensez à emmener des gants au cas où vous seriez obligé d'intervenir sur le pulvérisateur au cours d'un traitement. Si vous pulvérisez un produit toxique et que votre tracteur n'est pas équipé d'une cabine, vous devez vous protéger entièrement.

Lors du nettoyage du pulvé, munissez-vous de gants, de vêtement couvrants et de bottes si vous venez d'utiliser un produit non classé. Si le produit est classé au niveau toxicologique, revêtez la panoplie complète de protection : combinaison, bottes, gants, lunettes et masque.

Dans tous les cas, référez-vous aux informations indiquées sur l'étiquette du produit et la fiche de données de sécurité.

3. Préparez la bouillie dans un local dédié

La dose de produit à utiliser est à préparer dans un lieu spécifique, aéré mais à l'abri du vent et de préférence à côté du local phyto. Votre plan de travail doit être stable. « Le poste où le vigneron manipule les produits doit être bien aménagé, avec un point d'eau à proximité pour se laver les mains », rappelle Jérôme Simon. Veillez à préparer à l'avance les contenants et ustensiles nécessaires à la préparation de la bouillie. « Ceux-ci doivent être dédiés à cet usage. Il ne faut surtout pas utiliser des bouteilles d'eau minérale vides comme doseur », insiste le conseiller de la MSA.

Protégez-vous de façon suffisante, notamment avec des gants. « 75 % des pénétrations à travers l'épiderme se situent au niveau des mains, souligne Jacques Vermorel. Le port d'une combinaison de protection est également nécessaire. Quant au masque muni de cartouches A2P3, son utilisation est incontournable pour un produit pulvérulent ou en granulés. »

Pour les produits liquides, référez-vous aux phrases de risque indiquées sur l'étiquette. Pendant la préparation de la bouillie, le risque de contamination existe également par ingestion de nourriture avec des mains ou des gants souillés. Évitez de manger, boire ou fumer lors de cette opération. N'utilisez pas non plus votre téléphone portable.

4. Restez prudent pendant le traitement

Si votre tracteur n'est pas équipé d'une cabine étanche et climatisée avec filtre à charbon actif, vous devez porter une combinaison, des gants, un masque avec cartouche ainsi que des lunettes.

Si votre pulvérisateur est muni d'une cabine avec système de filtration, cela ne vous dispense pas de respecter certaines règles. Vous devez utiliser et changer régulièrement des filtres A + P qui retiennent les poussières, aérosols et vapeurs. « Si la cartouche est saturée, elle relargue les molécules retenues sur le charbon actif », avertit Alain Viard.

Veillez à la propreté de votre cabine. « N'y stockez pas de bidons de produits phytos », note Jacques Vermorel. N'y entrez pas non plus avec des EPI souillés. « Mettez-les dans un compartiment extérieur situé sur le tracteur ou sur le pulvérisateur. Ils vous serviront en cas d'incident lors du traitement », continue Alain Viard.

Si vous devez intervenir, « arrêtez les rampes et avancez-vous un peu pour ne pas descendre dans le nuage de traitement », conseille Jacques Vermorel. Lavez-vous les mains avant de remonter en cabine. Comme pour la préparation de la bouillie, évitez de manger, de boire ou de fumer lors de la pulvérisation.

5. Retirez vos EPI dans le bon ordre

Après le traitement, enlevez vos EPI de façon à ne pas vous contaminer. Commencez par retirer vos bottes et rincez-les après avoir enfilé des chaussures sans lacets. Puis, nettoyez vos gants sans les retirer, enlevez vos lunettes, rincez-les et rangez-les. Ôtez ensuite le masque et rincez-le sans les cartouches, qui doivent être stockées à part.

Enlevez la combinaison, puis les gants et, enfin, lavez-vous les mains avec de l'eau et du savon. La MSA recommande également de prendre une douche après le traitement. « Lorsque l'applicateur est un salarié, cette douche est obligatoire », remarque Alain Viard.

6. Séparez travail et vie familiale

Préservez votre entourage de tout risque de contamination. « Il faut éviter de rentrer avec une combinaison souillée », martèle Jérôme Simon. L'idéal est de se doucher en dehors de votre foyer. « Beaucoup de salariés sont réticents à prendre une douche sur l'exploitation, mais ils doivent avoir conscience que ce n'est pas une douche de confort », poursuit le conseiller prévention. Si vous attendez de rentrer à votre domicile, « vous aller contaminer vos vêtements personnels, votre voiture et votre foyer », prévient Alain Viard.

De même, évitez de nettoyer les vêtements de travail utilisés pour les traitements dans le lave-linge familial. « En Champagne, certaines exploitations mettent à disposition des salariés une machine à laver dans le local technique », informe Jérôme Simon. Une fois propres et secs, la combinaison et les autres EPI sont à ranger dans une armoire spécifique en dehors du local de stockage des produits phytos, et surtout pas à votre domicile.

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