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GUIDE PHYTOS - RAVAGEURS

Acariens Préservez les typhlodromes

La vigne - n°201402 - février 2014 - page 68

Presque toutes les vignes sont colonisées par des typhlodromes qui maîtrisent les acariens rouges et jaunes. Il faut veiller à préserver ces auxiliaires.
DÉGÂTS D'ACARIENS JAUNES. En cas de fortes infestations, les piqûres des acariens provoquent des taches jaunes ou rouges selon les cépages. © C. WATIER

DÉGÂTS D'ACARIENS JAUNES. En cas de fortes infestations, les piqûres des acariens provoquent des taches jaunes ou rouges selon les cépages. © C. WATIER

Dans la plupart des vignobles, les acariens rouges et jaunes sont naturellement régulés par les typhlodromes, d'autres acariens prédateurs de leurs cousins ravageurs. Depuis quelques années cependant, des viticulteurs du Mâconnais et de la Côte de Beaune observent une progression d'araignées rouges et jaunes.

En 2011 et 2013, les conditions fraîches au printemps ont favorisé ces ravageurs. Ils se sont développés sur des vignes qui poussent peu, et leurs dégâts ont été assez importants. « Habituellement, la pousse normale de la vigne "dilue" le problème en éparpillant les acariens », explique Virginie Viguès.

En 2013, les populations d'acariens rouges ont aussi progressé dans le Beaujolais. « Une dizaine de parcelles ont été touchées alors que nous n'en avions pas vu depuis 1997 », indique Caroline Le Roux. Pour la conseillère, ces attaques ne sont donc pas liées à un recul spontané des typhlodromes, mais à « des utilisations intempestives de dithiocarbamates fin 2012 et au début 2013 », une famille de matières actives toxique pour les typhlodromes.

Les acariens rouges provoquent des nécroses à la périphérie des feuilles et peuvent freiner la croissance de la végétation. En été, de nombreuses piqûres d'acariens donnent une couleur plombée au feuillage, réduisant la photosynthèse.

1. Privilégiez les produits doux envers les auxiliaires

Les typholodromes sont sensibles au dithiocarbamates, comme le mancozèbe ou le manèbe. Évitez d'en utiliser pour préserver les populations. « Les insecticides pyréthrinoïdes et organophosphorés ont également un impact sur les typhlodromes », ajoute Caroline Le Roux.

Jean-Baptiste Drouillard relativise : « Les typhlodromes font preuve d'une capacité d'adaptation face aux dithiocarbamates et aux pyréthrinoïdes. Après quelques années, ils s'accoutument à ces produits. Cependant, les pyréthrinoïdes peuvent être toxiques pour les typhlodromes dans des vignobles où ils n'étaient plus utilisés et où ils sont de nouveau appliqués contre la cicadelle de la flavescence dorée. » « Les traitements au soufre ont également un effet légèrement dépressif sur ces auxiliaires, signale Caroline Le Roux. Même si les vignerons bios n'ont pas particulièrement de problèmes dus aux acariens rouges. »

D'une façon générale, pour préserver les typhlodromes, privilégiez les produits neutres à faiblement toxiques envers les auxiliaires lors des traitements phytosanitaires.

2. Comptez typhlos et acariens

Procédez à des comptages pour savoir si vos parcelles abritent un nombre suffisant de typhlodromes. Ceux-ci, comme les acariens rouges, sont visibles au printemps dès les premières feuilles étalées sur la face inférieure des feuilles.

Selon l'IFV, « le seuil de régulation (quantité de typhlodromes nécessaires pour réguler n'importe quelle population d'acariens rouge ou jaune) est d'une forme mobile par feuille ». Certains spécialistes considèrent même que 0,5 individu par feuille (un toutes les deux feuilles) suffit à assurer une maîtrise efficace des acariens phytophages. Dans les faits, la plupart des parcelles sont bien pourvues.

Pour les acariens, il existe également des seuils, mais à ne pas dépasser. Pour les acariens rouges, la limite est de 70 % au moins de feuilles occupées au printemps et de 30 % en été. La lutte chimique ne se justifie que si ces niveaux sont franchis.

3. Ne traitez qu'en cas de dégâts sévères

Pour Virginie Viguès, l'emploi d'acaricides est à réserver aux « cas sévères. Si vous constatez des dégâts une année et que, l'année suivante, le seuil d'intervention est atteint, vous pouvez traiter en ovicide ou aux premiers stades larvaires. » Ainsi, dans le Beaujolais en 2013, dans les parcelles où un traitement était nécessaire, les viticulteurs ont opté pour un produit à base d'hexythiazox, Nissorun (non classé).

Mais ce type d'interventions reste rare. Le marché des acaricides s'est donc fortement réduit ces dernières années. Et, beaucoup d'acaricides pyréthrinoïdes contre les acariens rouges ne sont plus homologués.

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