1. Préparez des papiers Écrivez au dos des papiers l'endroit où vous allez les fixer sur la vigne. Pour ce test, qu'il faut effectuer en pleine végétation (juin-juillet) dans des conditions idéales de traitement, vous devez placer plusieurs « étages » de papier : un papier en haut de la végétation (marqué « feuille haute » ou « FH »), un au milieu (« FM ») et un en bas (« FB »). Manipulez-les avec précaution. Recouverts d'une substance qui vire au bleu au contact de l'eau, ils réagissent à la transpiration au niveau des doigts. © P. ROY
2. Fixez-les en sandwich... Agrafez les papiers en « sandwich » sur la face inférieure et supérieure des feuilles, qui doivent être bien sèches. Vous pouvez le faire à mains nues (mais sèches) ou avec des gants fins. © P. ROY
3. Sur toute la hauteur du feuillage... Fixez sur la vigne trois étages de papier, en haut, au milieu et en bas de la végétation, sans oublier la zone des grappes, si votre hauteur de rognage est comprise entre 1,10 et 1,50 m. Au-delà de 1,50 m de hauteur de rognage, placez quatre étages de papiers. Laissez 30 cm de végétation entre chaque niveau. Disposez les papiers sur les deux côtés du rang, sur plusieurs ceps, sur une dizaine de mètres, en évitant les débuts et fins de rangs. Si votre pulvérisateur est équipé d'une voûte ou de canons traitant plusieurs faces de rangs à la fois, placez des papiers sur tous les rangs concernés par la largeur de traitement. Après avoir agrafé tous les papiers nécessaires, refermez bien la boîte dans laquelle ils étaient rangés. © P. ROY
4. ... et sur les grappes N'oubliez pas les grappes ! Pour agrafer un papier autour d'une grappe, il faut commencer par la dépouiller de quelques baies. © P. ROY
5. Récoltez les données Récupérez le résultat après avoir traité les vignes des rangs-tests à l'eau, mais avec vos réglages et votre vitesse d'avancement habituels. Les papiers montrent tous les impacts de bouillie. Attendez une à deux minutes pour qu'ils soient secs et enlevez-les avec soin en portant des gants. © P. ROY
6. Analysez les résultats Collez les papiers sur une feuille selon leur position dans la vigne : faces supérieures et faces inférieures des feuilles pour chaque étage de végétation, côté gauche et côté droit du rang et grappes. Tous doivent être mouchetés d'impacts. Les gouttes doivent être de taille homogène, ni trop petites, ni trop grosses, et réparties uniformément. Après ce premier examen visuel, on peut aller plus loin et compter le nombre d'impacts, l'optimum se situant entre 50 et 70 par cm2 pour les fongicides de contact, et entre 20 et 30 par cm2 pour les systémiques. Au-delà de 80 impacts, la pulvérisation est excessive et entraîne du lessivage. Idéalement, il faut que 80 % des papiers placés dans le feuillage et 95 % de ceux agrafés sur les grappes comportent entre 50 et 70 impacts par cm2 ou entre 20 et 30 par cm2 selon le type de produits. L'examen de ces papiers peut révéler plusieurs défauts de pulvérisation : un volume de bouillie par hectare trop élevé, des zones mal couvertes à cause de buses inadaptées ou défectueuses, ou encore de diffuseurs mal orientés... Refaites alors le test en changeant un des paramètres de réglage. © P. ROY
Le Multiplex pour quantifier les dépôts
Le Multiplex est un capteur optique portable mis au point par la société Force A. Il mesure l'intensité de la fluorescence. Utilisé pour quantifier les teneurs des feuilles et des baies en chlorophylle et en polyphénols, il peut aussi évaluer avec précision la qualité de la pulvérisation sur la vigne, en quantifiant rapidement les dépôts. « Nous pulvérisons sur plusieurs rangs de vigne une solution contenant un produit qui va générer de la fluorescence. Puis nous mesurons avec le Multiplex l'intensité de la fluorescence qui est proportionnelle à la quantité de bouillie déposée. La mesure s'effectue sur les faces supérieures et inférieures des feuilles, à différentes hauteurs de végétation et de profondeurs de feuillage, et sur les deux côtés du rang », explique Paul Gougis, ingénieur technico-commercial chez Force A, dans le Bordelais. Le Multiplex indique la moyenne des dépôts sur chaque face de feuille en mg/ha et établit un coefficient de variation. Celui-ci permet de savoir si les dépôts sont homogènes ou non. Cette utilisation du capteur Multiplex a fait l'objet de tests à l'IFV qui ont été poursuivis par Force A au vignoble. « Nous comptons lancer ce diagnostic, appelé Quantispray, en prestation de service pour la campagne 2015, annonce Paul Gougis. L'idée est que ce test soit accompagné des conseils d'un technicien pour travailler sur les réglages. »
Évidence à la vigne Un diagnostic grandeur nature
BASF a mis au point il y a quelques années Évidence, un service qui permet au vigneron de vérifier la qualité de sa pulvérisation. Pour ça, il lui suffit de passer son pulvérisateur en marche devant une vigne artificielle, le Pulvé Top, conçu par l'IFV. Mais au lieu d'une bouillie, il applique une solution colorée. La firme propose désormais Évidence à la vigne, un diagnostic réalisé au vignoble avec des capteurs verticaux plastifiés placés dans tous les rangs et sur chaque face. « Ce dispositif a l'avantage d'être adapté aux vignes du viticulteur et à leurs spécificités (mode de taille, type de palissage...). Il permet de bien visualiser la qualité de la pulvérisation par la taille des gouttelettes et leur répartition spatiale sur la végétation. Des capteurs sont en effet situés contre le feuillage et à l'intérieur de celui-ci afin d'évaluer la pénétration dans les feuilles et sur les grappes », explique Thierry Favier, responsable développement vigne à la CAPL (Coopérative agricole Provence-Languedoc) qui propose ce service. Depuis 2013, ce distributeur a organisé huit séances de diagnostics chez des vignerons, souvent membres de réseaux de fermes Dephy Ecophyto. Une trentaine de viticulteurs ont ainsi fait vérifier leur pulvérisateur.