Comment la reconnaître ?
Les sarments atteints présentent des croûtes noires ou des lésions brunâtres rappelant l'aspect des tablettes de chocolat. Ils peuvent aussi blanchir et être recouverts de ponctuations noires : ce sont les pycnides de Phomopsis viticola, le champignon responsable de l'excoriose.
En hiver, on observe un étranglement et des crevasses à la base des rameaux. La maladie peut entraver le débourrement. « Elle fragilise aussi les bois de la vigne », indique Philippe Raucoules, responsable agronomique vigne chez BASF. « Elle gêne également la mise en réserve et la fertilité », ajoute Adeline Mallet, conseillère viticole à la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire.
La vigne peut être contaminée dès le débourrement et jusqu'à six ou huit feuilles étalées.
Cette maladie est-elle en expansion ?
L'excoriose s'est faite plus discrète en 2015 dans la plupart des vignobles. Mais dans le Libournais, en Bourgogne-Beaujolais et en Touraine, elle s'est exprimée davantage, à cause de conditions météo favorables. La germination et la dissémination des spores de Phomopsis viticola sont dopées par une hygrométrie persistante à plus de 85 % et par les pluies.
« En 2015, nous avons constaté plus de symptômes car les mois d'avril et de mai ont été pluvieux. Les années précédentes, les traitements contre cette maladie historique ont été moins nombreux à cause d'une pression moindre. Cela explique peut-être aussi cette recrudescence », raconte Adeline Mallet.
Quand traiter et avec quels produits ?
« Au-delà de 10 % de ceps malades dans la parcelle, il faut traiter », recommande Laurent Paupelard, chez Soufflet Vigne, en Bourgogne-Beaujolais. Adeline Mallet fixe le seuil à 20 % de pieds excoriés. « Si un traitement est nécessaire, nous conseillons Fosétyl-Al, du métirame-zinc ou du soufre mouillable. Avec le Fosétyl-Al, une seule application suffit. Elle doit avoir lieu au moment où la moitié des bourgeons sont au stade D (sortie de feuilles). Avec le métirame-zinc et le soufre mouillable, il faut réaliser deux passages : le premier au stade D, le deuxième, six à dix jours plus tard en fonction de l'humidité et de la croissance de la vigne. »
Laurent Paupelard préconise lui aussi d'appliquer du soufre en deux temps, « lorsque 30 % des bourgeons sont éclatés puis quand 60 % des bourgeons sont au stade E (deux à trois feuilles étalées) ».
Cette stratégie de deux applications est à privilégier si la météo annonce des pluies. Philippe Raucoules recommande ainsi « un traitement avec du métirame (Polyram) ou du mancozèbe au stade C (pointe verte) et le deuxième avant le stade E. Une seule application de Fosétyl-Al ou de krésoxim-méthyl (Stroby DF) au stade E est possible, mais plus risquée ». Lors du traitement, il faut bien mouiller les bois et intervenir avec des panneaux récupérateurs pour économiser de la bouillie et réduire la dérive.
Le cabernet-sauvignon, sauvignon, sémillon, grenache, chenin, gamay... sont des cépages très sensibles. Observez vos ceps lors de la taille, en particulier sur les parcelles atteintes les précédentes années. Éliminez et brûlez les sarments touchés.
ET EN BIO ? DEUX APPLICATIONS DE SOUFRE
- Généralement, les conseillers viticoles recommandent d'appliquer du soufre mouillable à la dose homologuée de 1,25 kg/hl, lorsque 50 % des bourgeons ont atteint le stade D puis lorsque 50 % des bourgeons sont parvenus au stade E.