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GUIDE PHYTOS - RAVAGEURS

Acariens Veillez sur les typhlodromes

La vigne - n°201602 - février 2016 - page 60

Les acariens rouges et jaunes sont, la plupart du temps, contrôlés par cousins prédateurs, les typhlodromes. Seules quelques parcelles nécessitent des traitements spécifiques.
LES PIQÛRES des acariens jaunes dessèchent les jeunes pousses et peuvent faire couler les inflorescences. © C. WATIER

LES PIQÛRES des acariens jaunes dessèchent les jeunes pousses et peuvent faire couler les inflorescences. © C. WATIER

Quelles espèces faut-il surveiller ?

Les tétranyques. Cette famille comprend les acariens rouges et les acariens jaunes. Ceux-ci ont un corps globuleux mesurant entre 0,3 et 0,5 mm. Les acariens rouges appartiennent à l'espèce Panonychus ulmi. Leurs attaques donnent au feuillage une couleur plombée, brun-vert, et empêchent la photosynthèse. Les femelles adultes se repèrent facilement à l'oeil nu grâce à leur couleur rouge sombre.

Trois acariens jaunes parasitent les vignes. Eotetranychus carpini est l'espèce la plus fréquente. Ses piqûres dessèchent les jeunes pousses et peuvent faire couler les inflorescences. Les femelles adultes, de couleur jaune pâle, sont peu visibles. Les deux autres espèces d'acariens jaunes sont Tetranychus urticae (acarien tisserand) et T. mac-danieli.

Une autre espèce est à surveiller, mais surtout à préserver : les typhlodromes. Ce sont également des acariens, mais ils se nourrissent de leurs cousins tétranyques. Les typhlodromes ont un corps brillant, jaune ou translucide, en forme de poire. Ils sont souvent situés à proximité des nervures des feuilles.

La régulation naturelle est-elle suffisante ?

Oui, dans la majorité des cas. « Aujourd'hui, il est rare que des acariens rouges ou jaunes provoquent des dégâts en viticulture. Ils sont toujours présents, mais leurs prédateurs - les typhlodromes - sont bien installés », indique Lionel Delbac, entomologiste à l'Inra de Bordeaux. « La régulation par les typhlodromes fonctionne très bien. Ils sont très présents tout au long de la saison, confirme Adeline Mallet, conseillère viticole de la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire. Leur développement a été favorisé par l'enherbement et les haies ainsi que la baisse des traitements, notamment ceux au mancozèbe, une matière active à laquelle les typhlodromes sont sensibles. »

Toutefois, « on constate des résurgences ponctuelles d'acariens nuisibles dans des vignobles où des pyréthrinoïdes sont de nouveau utilisés contre la cicadelle de la flavescence dorée », relève Jean-Baptiste Drouillard, expert technique de la vigne chez Syngenta. Effectivement, « les pyréthrinoïdes ont une action de choc qui atteint les typhlodromes, mais les populations de ces derniers se rétablissent rapidement », précise Lionel Delbac.

Les acariens rouges ont progressé ces dernières années en Bourgogne, notamment dans le Mâconnais. Néanmoins, pour Pierre Petitot, conseiller viticole de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or, leur retour ne semble pas lié à l'emploi de pyréthrinoïdes : « Nous avons constaté leur présence avant que ces produits ne soient utilisés de nouveau massivement contre la cicadelle de la flavescence dorée. Et les zones touchées par les acariens rouges en Côte-d'Or ne correspondent pas aux périmètres de lutte obligatoire. »

Quand faut-il intervenir avec des acaricides ?

La décision de traiter ne doit être prise qu'après des comptages. Pour les acariens rouges et jaunes, les seuils à ne pas dépasser sont de 70 % des feuilles occupées par au moins un acarien au printemps, et de 30 % en été. « Il faut aussi dénombrer les typhlodromes », note Pierre Petitot. L'IFV estime ainsi qu'« une forme mobile de typhlodrome par feuille suffit pour éviter tout traitement acaricide ». Il assure que même 50 typhlodromes pour 100 feuilles observées (un toutes les deux feuilles) suffisent.

Dans les faits, la plupart des parcelles sont bien pourvues. Les applications d'acaricides restent donc rares. « Elles sont très ponctuelles en Côte-d'Or, poursuit Pierre Petitot. En 2015, le débourrement a été rapide et les acariens nuisibles ont été vite dilués par la pousse de la végétation. »

Quels produits peut-on utiliser ?

Il y a plusieurs solutions. « Le marché des acaricides a quasiment disparu alors qu'il était significatif il y a vingt ans, note Jean-Baptiste Drouillard. Si un traitement est indispensable, il faut éviter les pyréthrinoïdes. »

Pierre Petitot préconise, lui, « de l'étoxazole (Borneo), un produit non classé au niveau toxicologique, autorisé en période de floraison (mention "abeilles") et au délai de réentrée court. Mais l'inconvénient, c'est son délai avant récolte (DAR) de 120 jours ».

Il recommande aussi un pyréthrinoïde à base de tau-fluvalinate : le Klartan. « Il possède un délai avant récolte moins contraignant (60 jours) et il est lui aussi non classé. Il est homologué contre la cicadelle de la flavescence dorée et se positionne plutôt en larvicide. » Le Borneo, lui, doit être appliqué au printemps, dès la colonisation des premières feuilles par les acariens rouges ou jaunes.

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