1. Xylella fastidiosa
Le spectre de la maladie de Pierce
Cette bactérie originaire des États-Unis peut infecter de nombreuses espèces végétales (plus de 300) et entraîner leur dépérissement. En Italie, elle est responsable d'importants dégâts dans les oliviers. Une sous-espèce, Xylella fastidiosa fastidiosa, s'attaque à la vigne et provoque la maladie de Pierce (photo). Celle-ci entraîne à terme la mort des ceps et a décimé de nombreuses parcelles en Californie.
En 2015, plus de trois cents cas de contamination de végétaux d'ornement ont été détectés en Corse et un à Nice. « Mais les analyses ont montré qu'il s'agissait de la sous-espèce X. f. multiplex, qui n'affecte pas la vigne », indique Jean-Claude Streito, entomologiste à l'Inra de Montpellier. En Italie, c'est la sous-espèce pauca qui est présente. Et « à ce jour, aucun symptôme n'a été constaté sur les vignes », précise le ministère de l'Agriculture. Cependant, la probabilité de recombinaison est forte entre les différentes sous-espèces : l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a recommandé de prendre des mesures contre l'introduction de Xylella fastidiosa, toutes sous-espèces et souches confondues.
La Commission européenne a, elle, publié un texte réglementaire le 19 décembre 2015 autorisant la circulation au sein de l'Union de plants de vigne provenant de la zone contaminée en Italie, sous deux conditions : les végétaux doivent provenir d'un site agréé par les autorités et avoir fait l'objet d'un traitement à l'eau chaude pendant 45 min à 50 °C. La plantation de végétaux hôtes dans des zones infectées est interdite.
Le dispositif de surveillance en France, mis en place en 2014, a été renforcé en 2015. « Des contrôles sont réalisés aux points d'entrée sur le territoire. La Direction générale de l'alimentation (DGAL) pilote ce dispositif, les Fédérations régionales de lutte et de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) et FranceAgriMer, pour les pépinières, interviennent également », explique Jacques Grosman, expert technique vigne au ministère de l'Agriculture.
Xylella fastidiosa est transmise par des insectes piqueurs-suceurs se nourrissant de la sève brute, surtout des cicadelles. Les deux cicadelles vectrices de la maladie de Pierce aux États-Unis ne sont pas présentes en France. « Mais d'autres espèces le sont et peuvent transmettre la bactérie à la vigne », souligne Lionel delbac, entomologiste à l'Inra de Bordeaux.
2. Punaise diabolique
Des mauvais goûts dans les vins aux USA
Cette punaise originaire d'Asie a été introduite aux États-Unis, puis en Europe. Elle a été observée pour la première fois en Alsace en 2012. « Depuis, elle a été signalée dans le Var, le Vaucluse, à Monaco et dans les Landes, essentiellement dans les jardins, mais jamais sur les vignes », constate Jean-Claude Streito, entomologiste à l'Inra de Montpellier.
La punaise diabolique a provoqué d'importants dégâts aux États-Unis ces dernières années, notamment en arboriculture. Ses piqûres entraînent des nécroses et son miellat salit les fruits. « En viticulture, aux États-Unis, sa présence sur les grappes au moment des vendanges a conduit à la formation de mauvais goûts dans les vins », ajoute Jean-Claude Streito. Selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire pour l'alimentation, l'environnement et le travail), cet insecte, très polyphage, représente un risque élevé de dégâts pour de nombreuses cultures, dont la vigne. L'Inra a lancé une application pour smartphone, Agiir, pour faciliter la détection par les particuliers de cet insecte et d'autres espèces invasives. Elle est téléchargeable gratuitement sur la plateforme Google Play.
3. Antispila oinophylla
De gros dégâts en Italie
Ce papillon originaire d'Amérique du Nord a été introduit en Italie il y a près de dix ans, causant d'importants dommages dans les vignes dans le nord du pays. Cette mineuse pond ses oeufs à l'intérieur des feuilles, puis les larves creusent des galeries dans le limbe pour se nourrir. Cela entraîne des défoliations et un affaiblissement de la vigne. « Sa présence en France n'est pas avérée, mais ce ravageur reste sous surveillance », signale Lionel Delbac, de l'Inra de Bordeaux.