Ça barde à Pomerol. Neuf viticulteurs ont décidé de déposer un recours au Conseil d'Etat. Le nouveau cahier des charges de l'ODG, publié en octobre dernier, a mis le feu aux poudres. Après 2018, il ne sera plus possible de vinifier du pomerol en dehors de l'aire d'appellation alors que le code rural a toujours autorisé une vinification dans des communes limitrophes (Lalande-de-Pomerol, Montagne, les Artigues-de-Lussac). Soit à 7 km de distance pour le chai le plus éloigné.
Vingt-trois propriétaires vont se trouver exclus s'ils ne construisent pas un chai sur l'aire d'appellation d'ici à 2018. Sur 800 hectares de Pomerol, 35 sont concernés. Dans cette bataille juridique, les neuf viticulteurs mettent en avant l'inégalité de traitement. « Dans le nouveau cahier des charges, une autorisation de vinifier en dehors de la zone de Pomerol est maintenue pour des parcelles situées à Libourne. C'est une dérogation à la règle générale », tempête Jean-Louis Trocard, propriétaire de Clos de la Vieille Eglise, dont le chai est à 7 km de la zone d'appellation.
Arrachage nécessaire
Aline Goldschmidt, propriétaire de Château Vray-Croix-de-Gay (son chai se situe à 500 mètres de la zone d'appellation) ne dit pas autre chose : « Les négociants ont jusqu'en 2025 pour élever les vins dans l'aire alors que les viticulteurs ont jusqu'à 2018. Qu'est-ce qui justifie cette différence de traitement ? » Les contestataires ajoutent qu'il faudra arracher quantité de pieds de vigne pour créer tous ces nouveaux chais et qu'ils verront leurs coûts de production s'alourdir, ce qui les pénalisera.
De son côté, Jean-Marie Garde, le président de l'ODG de Pomerol, défend le cahier des charges. Il argue de la nécessité de « contraintes plus strictes pour protéger l'identité de l'AOC Pomerol ». Et s'étonne du fait que certains des viticulteurs frondeurs ayant des vignes à Saint-Emilion ont déjà accepté la règle en construisant un chai dans l'aire d'appellation.