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VIGNE

Botrytis : Syngenta mène l'enquête

Christelle Stef - La vigne - n°217 - février 2010 - page 30

De 2006 à 2008, Syngenta a réalisé une enquête « Botrytis ou Qualité » sur 7 581 parcelles cultivées par des vignerons. Les résultats montrent notamment que l'effeuillage diminue par deux les attaques de pourriture grise à la vendange.
LE TAUX DE POURRITURE GRISE à la vendange diminue lorsque les viticulteurs appliquent une protection soignée contre les vers de la grappe en complément des antibotrytis. © C. THIRIET

LE TAUX DE POURRITURE GRISE à la vendange diminue lorsque les viticulteurs appliquent une protection soignée contre les vers de la grappe en complément des antibotrytis. © C. THIRIET

Un travail considérable. Voilà comment peut être qualifiée l'enquête « Botrytis ou Qualité » réalisée par Syngenta. De 2006 à 2008, la firme a récolté des données sur les caractéristiques parcellaires, les mesures prophylactiques, la protection antibotrytis et les paramètres qualitatifs de la vendange de 7 581 parcelles de vignerons. L'objectif était d'observer l'impact du botrytis sur la qualité des moûts et des pratiques culturales sur le développement de la maladie.

Syngenta a travaillé avec des caves coopératives et des négoces de cinq régions. Elle a ainsi étudié 3 431 parcelles d'une cave du Bordelais, 1 481 parcelles de deux caves et d'un négoce du Beaujolais, 1 910 parcelles de trois caves d'Alsace, 557 parcelles de cinq caves du Val de Loire et 202 parcelles de deux caves du Sud-Ouest.

La firme a recueilli les données sur les pratiques viticoles de deux manières : via un questionnaire adressé aux vignerons ou via les fichiers des caves coopératives. Au moment de la réception de la vendange, elle a demandé aux techniciens de cave d'évaluer le pourcentage de pourriture grise de chaque parcelle incluse dans l'enquête. Enfin, elle a récupéré les données climatiques à partir d'une station météo représentative du climat de chaque région.

Les résultats montrent que les conditions pédoclimatiques ont un effet prépondérant sur l'intensité du botrytis. « Nous avons ainsi constitué trois groupes homogènes au niveau des températures et des précipitations », indique Guillaume Gastaldi, l'auteur de l'étude.

La météo en fin de cycle est déterminante

Le premier groupe comprend des parcelles du Val de Loire en 2007 et 2008. En fin de saison, elles ont connu des températures moyennes et des précipitations faibles. Le taux moyen de botrytis y était de 2,6 % à la récolte.

Le deuxième groupe comprend les parcelles du Bordelais en 2007, du Beaujolais, des pays de Loire et du Sud-Ouest en 2006. Il est caractérisé par des précipitations et des températures importantes et par un taux de botrytis à la vendange de 5,5 %. Enfin, le troisième groupe comprend les parcelles du Beaujolais en 2007 et 2008, et celles d'Alsace en 2007. En fin de saison, les précipitations étaient importantes mais les températures faibles. Le taux de botrytis s'élevait à 2,5 %.

« Tout cela prouve qu'il faut à la fois des températures élevées et de fortes précipitations en fin de cycle pour qu'il y ait du botrytis », analyse Guillaume Gastaldi.

En ce qui concerne les pratiques culturales, l'étude met en exergue l'importance de l'effeuillage. « En moyenne, cette intervention réduit de moitié l'intensité de botrytis. Dans les parcelles effeuillées, le taux de maladie n'est que de 1,2 % en moyenne, contre 2,7 % dans les parcelles qui ne le sont pas », rapporte Guillaume Gastaldi.

L'enherbement joue également un rôle. « Là où il est mis en place, on observe une réduction du taux de botrytis, mais nous ne l'avons pas quantifié », précise Guillaume Gastaldi. Quant à l'ébourgeonnage, « là encore, il divise par deux le taux de botrytis. Mais pour cette pratique, nous n'avons des données que pour des parcelles du Bordelais », tempère Guillaume Gastaldi. En revanche, le palissage n'a pas d'effet significatif.

L'enquête fait ressortir les stratégies de traitement les plus performantes. Elle montre que le taux de pourriture grise à la vendange diminue lorsque les viticulteurs appliquent une bonne protection contre les vers de la grappe, en complément des antibotrytis. Elle distingue deux stratégies de lutte chimique comme les plus efficaces : l'application d'un seul traitement au stade B (fermeture de la grappe) et un programme à deux traitements, l'un au stade A (chute des capuchons floraux) et l'autre au stade C (début véraison). « Mais nous n'avons pas de données en Champagne, où le stade A est le plus important », prévient Laure de Bastard, responsable du groupe développement et filière culture spécialisée.

Les antibotrytis n'ont pas d'incidence sur la maturité

L'étude montre aussi que les antibotrytis n'ont pas d'incidence sur la maturité de la vendange. En situation de faible pression, le degré moyen à la récolte s'élève à 11,3 dans les vignes qui n'ont reçu aucun antibotrytis ou un seul. Il s'élève à 11 dans les vignes ayant eu deux traitements.

En situation de forte pression, les degrés moyens sont de 9,8 pour zéro traitements, de 9,9 pour un traitement et de 10,4 pour deux traitements. « Dans ce cas, les antibotrytis permettent de vendanger à maturité optimale », explique Laure de Bastard.

Syngenta va poursuivre ses travaux. En effet, malgré le grand nombre de données récoltées et analysées, l'enquête ne peut pas encore engendrer « de vérité absolue ». La Champagne, la Bourgogne et le pourtour méditerranéen n'ont pas été étudiés. « Mais c'est la première fois que des tendances issues exclusivement de parcelles de viticulteurs sont données », concluent Guillaume Gastaldi et Laure de Bastard.

Un impact économique non négligeable

Pour mesurer l'impact économique de la pourriture grise, Syngenta a comparé, pour une même parcelle en Beaujolais en 2008, les coûts de production dans des rangs protégés par des antibotrytis et dans des rangs non protégés. Dans ces derniers, le viticulteur n'a récolté que 37,2 hl et ses coûts de production se sont élevés à 1 410 € pour 0, 74 ha. Dans les rangs protégés, il a récolté 60 hl et les coûts de production étaient de 897 € pour 0, 74 ha, sans le coût des antibotrytis. L'écart est donc de 513 €, soit 693 €/ha. Si l'on déduit le coût de la protection antibotrytis de 330 €/ha pour deux passages, le gain est de 363 €/ha dans les rangs protégés. « Lorsqu'il a du botrytis à la vendange, le vigneron perd de la récolte, il passe du temps à trier et doit corriger en cave avec des produits œnologiques en cas de forte attaque. Cela génère des surcoûts qui seront toujours plus importants que les coûts des traitements antibotrytis », précise Laure de Bastard, de Syngenta.

Le Point de vue de

Alice Reumaux, technicienne viticole de la coopérative Terrena-Vignerons de la Noëlle, à Ancenis (Loire-Atlantique)

« Une démarche novatrice »

Alice Reumaux, technicienne viticole de la coopérative Terrena-Vignerons de la Noëlle, à Ancenis (Loire-Atlantique)

Alice Reumaux, technicienne viticole de la coopérative Terrena-Vignerons de la Noëlle, à Ancenis (Loire-Atlantique)

« Nous avons commencé à participer à l'enquête de Syngenta « Vignes et Qualité » en 2006. Cinquante parcelles sur 1 500 sont ainsi suivies depuis trois ans. C'est une démarche novatrice qui apporte des réponses concrètes et qui va dans le sens de nos efforts de maîtrise de l'amont. Nous avons notamment observé l'influence des types d'insecticides utilisés pour lutter contre les vers de la grappe. Le recours aux ovicides évite les perforations.

Il y a donc moins de botrytis dans les parcelles traitées avec, comparé à celles traitées avec des larvicides. Nous allons davantage conseiller ces produits aux viticulteurs. En revanche, chez nous, l'enquête n'a pas pu mettre en évidence l'impact de l'effeuillage et de l'enherbement semé, car ces pratiques sont peu répandues dans notre vignoble. Beaucoup de vignerons s'interrogeaient également sur les antibotrytis. Ils avaient l'impression que ces derniers provoquaient des retards de maturité. Or, l'enquête a montré qu'il n'y avait aucune différence de degré entre des parcelles non traitées et des parcelles ayant reçu un ou deux traitements antipourriture. Au final, cette enquête nous permet une meilleure argumentation quant à l'utilité des antibotrytis. Et, elle met des chiffres sur les observations de terrain. »

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