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VIGNE

Les combinaisons filent un mauvais coton

Juliette Rouessard - La vigne - n°218 - mars 2010 - page 42

Peu de combinaisons de protection contre les produits phytos sont efficaces. Sur le terrain, le flou persiste quant aux conseils à donner en la matière.
SÉCURITÉ. Il est conseillé de porter une combinaison lorsqu'on traite sans cabine. Mais la plupart d'entre elles laissent passer les produits trop rapidement ou en trop grande quantité. © J.-C. GUTNER

SÉCURITÉ. Il est conseillé de porter une combinaison lorsqu'on traite sans cabine. Mais la plupart d'entre elles laissent passer les produits trop rapidement ou en trop grande quantité. © J.-C. GUTNER

L'an dernier, l'Afsset, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail, a testé dix combinaisons de protection contre les produits chimiques. Son rapport, publié le 15 janvier montre , que deux seulement ont les performances annoncées. Les autres laissent passer les produits trop rapidement et en trop grande quantité. Les scientifiques affirment qu'elles ne s'opposent pas à la perméation des produits.

L'étude, démarrée en 2008, fait suite à une alerte de deux scientifiques de l'université de Bordeaux, Isabelle Baldi et Alain Garrigou, qui ont pointé l'inefficacité des combinaisons vis-à-vis des pesticides. « C'est vrai, les combinaisons ne sont pas adaptées aux produits phytopharmaceutiques. Il n'y a pas de tests réalisés dessus », explique Vincent Tirilly, chargé des risques chimiques au bureau de sécurité et de la santé au travail, au ministère de l'Agriculture.

Manque d'informations

Ce que confirme DuPont de Nemours, un fabricant d'équipement de protection individuelle (EPI). « Nous testons la perméation de produits chimiques à travers les combinaisons mais pas spécifiquement les phytosanitaires et rarement des mélanges », note Alison Syrett, chef produit EPI chez DuPont. C'est donc le flou quant à l'efficacité de ces tenues en agriculture.

Suite au rapport de l'Afsset, une société comme Axe Environnement, qui commercialise des EPI vers la distribution, a revu sa gamme. Elle ne vend plus que la combinaison Tyvek, de DuPont, de type 4. Mais sur le terrain, peu de distributeurs connaissent le travail de l'Afsset. « Nous n'avons pas beaucoup d'informations pour choisir les combinaisons, reconnaît Luc Truchon, à la CSGV, en Champagne. Nous nous en remettons à la MSA. »

Que conseille la MSA ? De privilégier les combinaisons de type 3 lors de la manipulation des pesticides, la phase la plus dangereuse. Elles sont plus efficaces que les types 4, 5 et 6. Une préconisation qui va dans le sens de l'étude de l'Afsset où les deux modèles sortant du lot sont de type 3.

Malheureusement, ces combinaisons sont les moins utilisées en raison de leur inconfort. « Elles sont imperméables à l'air », explique Alison Syrett. Autre frein : beaucoup de distributeurs n'en vendent pas. « Nous ne commercialisons que la “Body tech evolution” de Best, de type 4, un bon rapport confort et efficacité, reconnaît Elizabeth Daviau, en charge des EPI chez LVVD, en Loire-Atlantique. Sur 3 000 viticulteurs clients, une cinquantaine en utilise. Ce qui ne nous permet pas d'élargir la gamme. »

Cependant, les choses s'améliorent. Des points infos santé et sécurité émergent dans les magasins des distributeurs afin d'améliorer l'information des viticulteurs. De plus, la formation des magasiniers progresse. L'idéal serait d'acheter sa combinaison en même temps que le produit phyto et que les firmes travaillent sur les combinaisons à utiliser.

L'étude de l'Afsset montre aussi les limites des EPI. « Le risque, c'est un danger et une exposition, insiste Julien kremer, conseiller prévention à la MSA du Tarn-Aveyron et du Lot. Réduire son exposition est la meilleure façon de se protéger. Pour cela, il faut calculer à l'avance la dose exacte dont on a besoin, bien s'organiser pour être le moins en contact avec les phytos. »

Reste à faire le ménage. Des combinaisons pointées du doigt dès fin 2009 ont déjà été retirées du marché par arrêté ministériel, comme la 4560 de 3M et la « Body premium » de Best, ou de manière volontaire, à l'image de Kleenguard T45 de Kimberly-Clark. A quand les suivantes ?

Six types de combinaisons dont quatre utilisés en agriculture

Il existe six types de combinaisons de 1 à 6, par ordre décroissant de protection, le type 1 étant un scaphandre étanche aux gaz. Les modèles utilisés en agriculture vont de 3 à 6. Voici leurs propriétés :

Type 3 : contre les produits chimiques liquides. Les jonctions entre les parties du vêtement sont étanches aux projections violentes et sous pression. Indispensable en l'absence de cabine de traitement. Il existe des tabliers de type 3, plus confortables, qui protègent partiellement le corps (mention PB).

Type 4 : protège contre les liquides avec des jonctions étanches aux pulvérisations.

Type 5 : étanche aux particules.

Type 6 : étanchéité limitée aux éclaboussures. En cas d'éclaboussures, enlevez le vêtement rapidement. L'Afsset a testé cinq combinaisons de type 3 et cinq de type 4. Dans tous les cas, préférez les combinaisons à usage unique.

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