AU CFPPA DE MONTREUILBELLAY, la première formation au certiphyto s'est déroulée les 9 et 17 févriver. Onze vignerons étaient inscrits. Ils ont suivi des cours théoriques et pratiques, comme ici, sur le réglage des pulvérisateurs. Tous ont obtenu le certiphyto qui leur sera envoyé par la poste. © J. Rouessard
Onze vignerons du Val de Loire se sont portés volontaires pour passer l'épreuve du certiphyto au Centre de formation professionnelle pour adulte (CFPPA) de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). Ce ne sont pas les seuls en France : les formations démarrent un peu partout. « Nous n'avons eu aucun mal à remplir cette première session, explique Isabelle Bureau, formatrice au CFPPA. D'ailleurs, toutes sont complètes jusqu'en juin. » Le certiphyto est une sorte de diplôme validant la capacité à utiliser les produits phytosanitaires de manière respectueuse pour l'environnement et sûre pour l'utilisateur. Obligatoire à partir de 2014, il sera demandé pour tout achat de produits phytopharmaceutiques.
Des échanges constructifs
Pour 2010, année expérimentale, il n'y a pas le choix : les formations pour les exploitants se déroulent sur deux jours. A leur issue, le vigneron obtient le certiphyto sans avoir besoin de passer un examen. Sous forme de carte de crédit, il sera délivré par France-AgriMer à partir d'avril par voie postale, au domicile des exploitants.
Les deux premières journées de formation en viticulture se sont déroulées les 9 et 17 février, au CFPPA de Montreuil-Bellay. Au menu : l'identification des risques liés à l'utilisation des produits pour l'environnement et la santé, les moyens de se protéger, l'efficacité des phytos, la réduction des pollutions, le réglage du pulvérisateur, le local de stockage ou encore la gestion des fonds de cuve. Plus concrètement, les exploitants apprennent à lire les étiquettes, à calculer le volume de bouillie et la dose nécessaire, à gérer les buses bouchées lors du traitement, à modifier les paramètres de réglage du pulvérisateur en cas de changement de conditions climatiques en cours de traitement… « Certes, nous connaissons ces sujets à 90 %, reconnaît Pierre-Eric Dessèvre, vigneron à Tigné (Maine-et-Loire). Mais cette piqûre de rappel fait du bien. »
Prévu comme un cours d'école, avec quelques applications pratiques à l'extérieur, la formation prend vite une tournure d'échange plus informelle. Les questions fusent : la plantation de haies permet-elle vraiment de réduire les insecticides ? Comment puis-je raisonner mon désherbage à la parcelle ? Est-ce qu'il vaut mieux un enherbement naturel ? Le formateur n'est pas le seul à apporter des réponses. Les vignerons s'échangent conseils et bons tuyaux. « Le groupe participe beaucoup, se félicite Isabelle Bureau. L'échange entre eux se révèle être une des clés de réussite de la formation. Ce sont des volontaires sensibilisés. Je ne suis pas sûre de retrouver cette richesse avec des exploitants contraints et forcés. »
Des fiches pratiques sur différents thèmes
Ce qui a le plus plu ? Pour Vincent Jousset, vigneron à Concourson-sur-Layon (Maine-et-Loire), ce sont les équipements de protection individuelle (EPI), avec l'intervention de la Mutualité sociale agricole. « Je me suis rendu compte que je manquais d'informations sur les EPI, avoue-t-il. Par exemple, je savais mal décrypter les étiquettes et je ne connaissais pas la signification des numéros sur les masques de protection. »
Les vignerons sont repartis avec des fiches pratiques sur les différents thèmes, satisfaits des deux jours passés. « Pour conduire, il faut un permis. Les produits phytosanitaires sont dangereux et il me paraît normal d'avoir un diplôme pour leur utilisation », approuve Pierre-Eric Dessèvre. Lors du bilan final dressé avec les formateurs, les chefs d'exploitation ont tiré un constat unanime : il faut que leurs salariés soient aussi formés à l'utilisation des produits phytosanitaires. Preuve que les messages sont bien passés.
Le Point de vue de
Jean-François Aupy, vigneron au Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire)
« Une occasion d'avancer sur mes projets »
Jean-François Aupy, vigneron au Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire), a profité de la formation Certiphyto pour affiner ses projets. Il réfléchit à la mise en place d'un phytobac. « J'allais effectuer des investissements. Or, grâce à la formation, j'ai appris que je pouvais réaliser moi-même mon phytobac et que j'avais sur mon exploitation tous les éléments pour le réaliser. Je vais donc faire des économies ! Autre chantier : la construction d'un local phyto plus grand. Aujourd'hui, j'ai juste une armoire de stockage qui m'oblige à m'approvisionner souvent. La formation m'a permis de me renseigner sur les différents modèles et les obligations légales. »