« Lorsque les rendements sont modérés, plus il y a de feuilles, moins il y a d'azote dans les moûts. Des surfaces foliaires excessives, supérieures à 1,2 m2/kg de raisins peuvent nuire à la qualité des vins », a annoncé Olivier Viret, de la station viticole de Changins en Suisse, lors des deuxièmes rencontres nationales des Vignerons indépendants qui ont eu lieu en Saône-et-Loire, les 29 et 30 avril.
Des vignerons surpris
Beaucoup de vignerons ont été étonnés par ces propos. Pour les illustrer, Olivier Viret a cité deux essais réalisés par ses collègues Jean-Laurent Spring et Vivian Zufferey. Dans le premier, conduit sur chasselas en culture mi-haute de 2001 à 2004, les chercheurs ont fait varier la surface foliaire en supprimant tous les entre-cœurs dans un cas et en les supprimant uniquement dans la zone des grappes dans l'autre cas.
Résultat : il y a davantage d'azote dans les feuilles et les moûts des vignes dont ils ont supprimé tous les entre-cœurs. Ces feuilles et moûts ont contenu des teneurs normales en azote en 2001 et 2002, mais basses en 2003 et 2004, deux années où l'eau a fait défaut. Les différences sont donc d'autant plus marquées que la contrainte hydrique en pleine période de végétation (début mai à fin août) est forte.
En revanche, les moûts des vignes dont les chercheurs n'ont supprimé que les entre-cœurs de la zone des grappes, ont toujours été carencés en azote.
Dans un second essai conduit sur chasselas et pinot noir de 2001 à 2006, les chercheurs ont fait varier la hauteur de la haie foliaire (60, 100 et 140 cm) dans des vignes plantées à la même densité. Les résultats vont dans le même sens : les teneurs en azote des moûts sont inversement proportionnelles à la hauteur de la haie foliaire. C'est avec 140 cm de feuillage que les teneurs sont les plus basses.
« Il semble y avoir un phénomène de dilution de l'azote dans les feuilles », explique Olivier Viret. Tout cela joue sur la qualité des vins. Et, dans les cas où la teneur en azote des moûts est trop faible, les vins deviennent astringents et présentent des notes de réduction atypique. Aux viticulteurs d'en tenir compte, surtout s'ils sont confrontés au stress hydrique.