La chambre d'agriculture de Saône-et-Loire et l'IFV de Mâcon-Davayé comparent, depuis 2000, quatre itinéraires d'entretien des sols sur une parcelle basse et étroite de chardonnay.
Le premier itinéraire étudié est le désherbage chimique en plein. C'est la référence. « Nous avons raisonné les interventions et alterné les matières actives selon les années et la flore présente. Nous n'avons appliqué des herbicides de prélevée qu'une année sur trois », explique Philippe Crozier, de la chambre d'agriculture.
Dans le deuxième itinéraire, les interrangs sont enherbés avec du pâturin des prés entretenu avec des tontes. Sous la ligne des souches, l'enherbement naturel est maîtrisé avec du glyphosate.
Dans le troisième itinéraire, les expérimentateurs réalisent un désherbage mécanique en sortie d'hiver suivi d'un ENM (enherbement naturel maîtrisé) sur toute la surface.
Baisse des rendements dès la deuxième année
Enfin dans le quatrième, ils font du désherbage mécanique intégral durant toute la période végétative. « Nous travaillons sur 5 à 7 cm de profondeur. En moyenne nous effectuons 2,7 à 2,8 passages, car nous attendons que les herbes fassent 10 à 15 cm de haut pour intervenir », précise Philippe Crozier.
Premier enseignement au bout de dix ans d'observation : c'est le désherbage mécanique intégral qui bouleverse le plus de paramètres de la vendange. Et il montre ses limites pour détruire le ray-grass, l'orge des rats, le liseron et le chardon. On peut remédier à ce problème de maîtrise de la flore adventice en combinant le travail du sol et le désherbage chimique, comme c'est le cas dans le troisième itinéraire. « Le fait d'appliquer du glyphosate en été pallie cet inconvénient. En général, une intervention suffit. Il n'y a que les années très pluvieuses où deux passages sont nécessaires. En plus, cette stratégie permet de conserver des sols portants », observe Philippe Crozier.
Le désherbage mécanique total impacte aussi les rendements et ce, dès la deuxième année. La baisse est de 19 % en moyenne par rapport au désherbage chimique en plein. Elle n'est que de 3 % lorsqu'on alterne désherbage mécanique et ENM. Quant à l'enherbement, il a aussi engendré une chute des rendements de 16 % en moyenne. Cette baisse est due à une réduction de la vigueur, provoquée par la concurrence entre la vigne et l'herbe.
Le désherbage mécanique intégral a également une forte influence sur la nutrition minérale de la vigne et la composition des moûts. « Là où il est mis en place, les teneurs en potasse dans les pétioles sont plus faibles, tout en restant correctes », commente Philippe Crozier. De plus, le pH des moûts et la teneur en acide malique des moûts sont plus faibles.
De même, le travail du sol entraîne une réduction des teneurs en azote assimilable des moûts. « A partir de 2007, elles étaient proches voire inférieures à 100 mg/l, ce qui est faible pour les vinifications en blanc », remarque Philippe Crozier. L'enherbement a aussi eu une influence sur ce paramètre, mais moindre. Malgré tout cela, les dégustateurs n'ont pas noté de différences significatives entre les vins.
Désherbage chimique : le moins cher
Sur le plan économique, le désherbage chimique en plein est la solution la moins chère. Le passage à un désherbage mécanique, suivi d'interventions avec des postlevées, engendre un surcoût de 16 % par hectare et par an en moyenne. L'enherbement des interrangs complété par un désherbage chimique sous le rang coûte 48 % de plus et le désherbage mécanique intégral 50 %.
Côté technique, il n'y a pas de solution universelle. « Mais l'enherbement de l'interrang et le désherbage chimique du rang, ou le désherbage mécanique en sortie d'hiver suivi d'un désherbage chimique, semblent de bons compromis », conclut Philippe Crozier.