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Magazine - Histoire

Denis Boubals : Le professeur volant

Florence Bal - La vigne - n°222 - juillet 2010 - page 79

Fils de viticulteur, Denis Boubals était consulté dans le monde entier. Il a soutenu la machine à vendanger. Il a encouragé le Midi à planter des cépages améliorateurs.
Infatigable globe-trotter, Denis Boubals a visité et conseillé énormément de vignobles et de producteurs aux quatre coins du monde.

Infatigable globe-trotter, Denis Boubals a visité et conseillé énormément de vignobles et de producteurs aux quatre coins du monde.

« On l'appelait le “flying professor” (professeur volant) en référence aux “flying doctors” qui partent au chevet de la planète. Denis Boubals qui vient de décéder a parcouru le monde pour se rendre au chevet des vignes », indique sa nécrologie parue dans le quotidien « Midi libre » du 28 novembre 2007. Devenu professeur de viticulture à l'école supérieure d'agronomie de Montpellier (aujourd'hui SupAgro), ce fils de viticulteur héraultais s'était imposé comme un spécialiste de renommée mondiale. Pourtant, il n'était pas agronome ni œnologue de formation, mais pathologiste.

Emballé par les promesses de la mécanisation

Denis Boubals naît le 2 mars 1926 à Bédarieux, dans l'Hérault. Ses parents sont viticulteurs dans la vallée de l'Orb. Son père est exigeant. Denis Boubals n'a jamais voulu reprendre le domaine familial. Il est d'ailleurs toujours resté très discret à ce sujet. Il clôt ses études à la faculté de sciences de Montpellier par une thèse sur la résistance de la vigne au mildiou et sa transmission héréditaire. Trois ans plus tard, il se penche sur la résistance à l'oïdium. Puis, il travaille à la station viticole de l'Inra, sur l'amélioration et les pathologies de la vigne. Il y deviendra directeur de recherche, spécialiste de la résistance de la vigne aux parasites et aux ravageurs.

En 1975, il rejoint l'agro de Montpellier comme professeur de viticulture, poste qu'il occupera jusqu'en 1994.

Il crée le domaine expérimental du Chapitre, à Villeneuve-lès-Maguelone, qui existe toujours. « Il a ouvert la chaire de viticulture de l'agro de Montpellier au monde entier. Et il a formé de nombreux jeunes étrangers, témoigne Alain Carbonneau, son successeur à SupAgro. Cette ouverture était à double sens. Il a fait profiter la viticulture française des techniques qu'il avait vues à l'étranger. »

Ainsi, dans les années 70, emballé par les promesses de la mécanisation, il fut à l'origine de l'introduction en France de la première machine à vendanger, une américaine. Une vraie révolution qu'il a défendue et appuyée de tout son poids. Dans le Midi et dans la vallée du Rhône, elle entraînera le développement du palissage et de la taille en cordon, au détriment du gobelet.

Dans la même veine, Denis Boubals contribue largement au premier séminaire sur la taille mécanique de la vigne qui a lieu en 1983 en France. Mais l'heure n'est pas encore aux développements pratiques.

En Languedoc, l'éminent professeur préconise dès les années quatre-vingt de remplacer les cépages locaux par ceux qu'il qualifiait d'améliorateurs : cabernet-sauvignon, merlot, syrah, mourvèdre et grenache pour les rouges, chardonnay et sauvignon pour les blancs.

Entre 1977 et 2005, Denis Boubals est également le directeur de publication et l'éditorialiste de « Le Progrès agricole et viticole », une revue bimensuelle. Il y aborde tous les sujets : l'épandage des boues d'épuration, l'irrigation, la disparition des matières actives phytosanitaires, le dépérissement de la syrah, l'éclaircissage chimique, les vins à faible degré d'alcool, etc. « Il avait une capacité de synthèse très importante, poursuit Alain Carboneau. Il était capable de traiter tous les sujets. Il avait une vision globale sur la viticulture. »

Infatigable globe-trotter, Denis Boubals a visité et conseillé énormément de vignobles et de producteurs aux quatre coins du monde. Il avait alerté très tôt les Californiens des risques qu'ils prenaient avec le porte-greffe AXR1, insuffisamment résistant au phylloxera. Mais ils ne l'ont pas écouté. Au début des années quatre-vingt-dix, ils en ont payé le prix, le fléau les a obligés à renouveler quantité de parcelles. « C'est une catastrophe », regrettait Denis Boubals.

« Il disait haut et fort ce qu'il pensait »

« Méridional par excellence, il disait spontanément haut et fort ce qu'il pensait et se dévouait corps et âmes pour ses élèves », continue Alain Carbonneau. Denis Boubals fut aussi vice-président de l'organisation internationale de la vigne et du vin (OIV). Il était très apprécié et avait des relations dans le monde entier.

C'est presque contraint, comme tous les vrais passionnés, qu'il prend sa retraite en 1995, à l'âge de 69 ans. Ce qui ne l'empêcha pas de continuer ses rencontres, voyages et conférences d'un bout à l'autre de la planète. Sans doute autour de bons verres de vin. Denis Boubals meurt le 24 novembre 2007.

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SOURCES

« Le Midi libre » du 28 novembre 2007.

« Le Progrès agricole et viticole ».

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