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Les vendanges, nouvelle vitrine pour communiquer

Aurélia Autexier, Colette Goinère et Michèle Trévoux - La vigne - n°224 - octobre 2010 - page 12

Les amateurs de vins veulent être initiés aux vendanges. De plus en plus de caves leur ouvrent leurs portes afin qu'ils découvrent ce temps fort de la vie du vignoble.
CHEZ PASCAL JAUME à Vinsobres (Drôme), la journée Vendanges est l'occasion d'un voyage dans le temps. Récolte à l'ancienne le matin, puis démonstration de machines à vendanger avant le déjeuner. © M. GASARIAN

CHEZ PASCAL JAUME à Vinsobres (Drôme), la journée Vendanges est l'occasion d'un voyage dans le temps. Récolte à l'ancienne le matin, puis démonstration de machines à vendanger avant le déjeuner. © M. GASARIAN

UNE PREMIÈRE RÉUSSIE pour le syndicat de l'appellation Grès de Montpellier (Hérault). Le 19 septembre, il a invité le grand public à venir vendanger à l'abbaye de Valmagne. Plus de 110 personnes étaient présentes. © VILLE DE MONTPELLIER

UNE PREMIÈRE RÉUSSIE pour le syndicat de l'appellation Grès de Montpellier (Hérault). Le 19 septembre, il a invité le grand public à venir vendanger à l'abbaye de Valmagne. Plus de 110 personnes étaient présentes. © VILLE DE MONTPELLIER

160 ÉCOLIERS, de 3 à 9 ans, de l'école de Pomerol et de celle de Libourne (Gironde) ont participé à leur première récolte cet automne. L'initiative en revient au syndicat de Pomerol qui a lancé les Vendanges enfantines. Six châteaux de l'appellation Pomerol ont joué le jeu. « Pendant les explications données aux enfants, nous entendions les mouches voler », témoigne l'un deux. Preuve de leur intérêt pour le sujet. © C. PIN 4

160 ÉCOLIERS, de 3 à 9 ans, de l'école de Pomerol et de celle de Libourne (Gironde) ont participé à leur première récolte cet automne. L'initiative en revient au syndicat de Pomerol qui a lancé les Vendanges enfantines. Six châteaux de l'appellation Pomerol ont joué le jeu. « Pendant les explications données aux enfants, nous entendions les mouches voler », témoigne l'un deux. Preuve de leur intérêt pour le sujet. © C. PIN 4

LA CAVE DE BUXY, en Saône-et-Loire, organise tous les ans, deux dimanches pendant la récolte, une dégustation de jus de raisin. L'opération attire de plus en plus de monde. Le 3 octobre dernier, pas moins de 500 visiteurs sont venus. Un moment de détente et de bonne humeur comme en témoigne la mine souriante de ces jeunes amateurs. © J.-.F. MARIN

LA CAVE DE BUXY, en Saône-et-Loire, organise tous les ans, deux dimanches pendant la récolte, une dégustation de jus de raisin. L'opération attire de plus en plus de monde. Le 3 octobre dernier, pas moins de 500 visiteurs sont venus. Un moment de détente et de bonne humeur comme en témoigne la mine souriante de ces jeunes amateurs. © J.-.F. MARIN

« Par le passé, j'avais bien du mal à trouver des partenaires pour recevoir des touristes en pleines vendanges. Mais cette année, j'ai reçu une multitude de communiqués invitant l'amateur à venir partager ce temps fort, constate Sophie Gaillard, chargée de mission à l'office de tourisme de Bordeaux. Pas plus tard qu'hier, j'ai reçu le tout nouveau programme du Château Gruaud Larose. »

Ce deuxième grand cru classé en AOC Saint-Julien (Gironde) a proposé, début octobre, des visites de sa propriété suivies d'un repas des vendangeurs avec une dégustation commentée des vins, le tout pour 70 euros par personne. « C'est la première année que nous organisons une telle opération, confirme Maisa Mansion, chargée des visites. Nous avons communiqué un peu trop tard. Mais l'hiver prochain, nous nous y prendrons plus tôt. »

« Tout le monde est mis à contribution »

Pascal Jaume, cogérant d'un domaine à Vinsobres (Drôme) en est à sa deuxième année d'invitations aux vendanges. L'opération est menée, tambour battant, un samedi matin. « L'an passé, nous avons reçu 200 personnes, cette année 220, explique-t-il. Nous convions tous nos clients. La journée est gratuite. C'est une manière de fidéliser nos contacts et cela marche très bien. » Les frais engagés pour la journée sont compensés par les ventes de bouteilles.

Lors de sa première édition, le domaine Jaume avait joué la carte de la tradition : coupe du raisin à la main, ramassage en cagette, le tout ramené à la cave avec un cheval de trait. « Les gens aiment bien ce petit goût d'autrefois, explique le viticulteur. Cela permet de réaliser de jolies photos. » Toutefois, cette année, poussé par la demande de ces visiteurs, notre exploitant a innové avec une démonstration de machines à vendanger. L'idée a plu. Mais sa mise en œuvre n'a pas été sans difficultés.

« C'est contraignant de recevoir le public lors des vendanges. A cette période, le domaine est accidentogène. Il faut un bon encadrement. Chez nous, tout le monde est mis à contribution : les saisonniers, les cinq salariés permanents et les quatre membres de la famille. »

« Recevoir des personnes en pleines vendanges nécessite une bonne organisation », confirme Véronique Moreau, de la cave des vignerons de Buxy (Saône-et-Loire). Pendant les deux dimanches de la récolte, la coopérative ouvre ses portes pour faire goûter le jus de raisin. « Le 3 octobre, nous avons reçu entre 500 et 600 personnes. Pour ne pas rajouter du travail à l'équipe technique, nous avons sollicité les autres salariés. Entre le personnel des bureaux, de la boutique, des expéditions et même quelques retraités de la cave, nous étions une bonne vingtaine, répartis sur les deux sites pour accueillir tout ce monde… »

Contrepartie du surcroît de travail : ces portes ouvertes sont très porteuses en terme d'image. « Les vendanges sont une formidable opportunité de rencontre avec les consommateurs », précise Jean-Philippe Granier, directeur technique des Coteaux du Languedoc, à l'origine de la première édition des « Vendanges en Grès de Montpellier ».

Le 19 septembre, le syndicat de l'AOC a invité le grand public à vendanger dans le prestigieux vignoble de l'abbaye de Valmagne. Plus de 110 personnes sont venues. Chacune a déboursé 25 euros pour la journée. Au programme : un peu d'efforts, beaucoup de réconfort…

« Les consommateurs veulent faire le lien entre la vigne, le vin et le vigneron »

Dès 8 h 30 du matin, seau et sécateur à la main, les vendangeurs du dimanche se sont mis à couper les raisins de cette propriété aux portes de Montpellier. Une vingtaine de vignerons de l'appellation les ont encadrés par groupes de cinq à huit. « Les consommateurs sont demandeurs de ce type d'opération pour faire le lien entre la vigne, le vin qu'ils consomment et le vigneron qui le produit », poursuit l'organisateur. Bien sûr, ils ont découvert les vins de l'appellation lors d'un déjeuner à la ferme-auberge de l'abbaye de Valmagne…

Les vendanges deviennent aussi un moment privilégié pour communiquer avec les futurs amateurs. Le syndicat de Pomerol (Gironde) a ainsi lancé les Vendanges enfantines. Du 27 septembre au 1er octobre, 160 enfants, de 3 à 9 ans, de l'école de Pomerol et de celle de Libourne, ont participé à leur première récolte. Six châteaux de l'appellation ont joué le jeu.

Flanqués d'un petit panier et de ciseaux à bouts ronds, ces bambins ont cueilli le raisin dans les différentes propriétés. « C'est impressionnant de voir qu'ils respectent naturellement le raisin. Dans les rangs de vignes, ils chuchotaient. Ils ont compris que la vigne est un produit vivant », s'enthousiasme Bruno de Lambert, propriétaire du château de Sales.

« Pour les amateurs, les vendanges sont un passage initiatique », résume Sophie Gaillard. Ils veulent être admis à découvrir le moment le plus fort de l'année viticole. Même les enfants comprennent l'importance de cette période. Il ne reste aux petits vendangeurs qu'à devenir de futurs grands clients.

Quand les vendanges font du cinéma…

 © A. BOCOS GIL

© A. BOCOS GIL

Nicolas Habas vient de tourner « Mauvaise Graine », un court-métrage dont l'action se situe en pleine vendange, dans le Beaujolais (voir http://mauvaisegraine. over-blog.com). « Nous ne voulions pas déranger les viticulteurs qui nous ont accueillis. La récolte est un moment essentiel pour eux. Nous ne pouvions pas débarquer sur l'exploitation avec les comédiens et la cinquantaine de personnes membres de l'équipe de tournage !

Nous avons donc procédé en deux temps. Dix jours avant les vraies vendanges, nous sommes venus faire les prises de vue. Nous avons passé un accord avec un viticulteur, propriétaire d'une parcelle précoce, pour ramasser 100 kg de raisins. Nous avons donc pu filmer dans les vraies conditions. A l'écran, on voit parfois les comédiens couper réellement, mais parfois ils font semblant. Une fois les prises de vue terminées, nous sommes revenus pendant les vraies vendanges mais uniquement avec le preneur de son. Cela nous a permis d'avoir les vrais bruits, de seau, de tracteur… C'est essentiel pour le réalisme. »

Ce que dit l'œnotouriste

La récente enquête réalisée par Atout France, l'agence de développement touristique de la France (voir page 20), permet de mieux comprendre pourquoi les vendanges séduisent autant. C'est d'abord qu'elles tombent au bon moment. Les personnes enquêtées disent que l'été n'est pas la période idéale pour visiter les vignobles. Elles jugent qu'il y a « trop de monde ».

Elles préfèrent le début de l'automne, synonyme de « couleurs et de lien avec le rythme de la vigne ». Elles apprécient aussi le printemps pour le beau temps et la disponibilité des viticulteurs. Autre enseignement : l'œnotouriste est en attente d'activité physique et ce, d'autant plus qu'il est jeune ! Durant son séjour dans un vignoble, il a envie de faire de la marche, du vélo et… les vendanges. La dépense physique peut venir compenser les éventuels excès de nourriture et de boisson… Enfin, mais on s'en doutait, les vendanges séduisent par leur « convivialité ». Pour les Français, c'est un temps fort !

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REPÈRE

Bien choisir sa cible

Atout France distingue quatre types de visiteurs : les épicuriens (40 %), les explorateurs (20 %), les experts (16 %) et les classiques (24 %). Les premiers aimeront les vendanges pour « la sensation physique », les deuxièmes parce qu'ils vont « rentrer dans les secrets du vin ». Les troisièmes apprécieront de « savoir pour maîtriser ». Les classiques sont une cible moins intéressante…

L'essentiel de l'offre

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