ImprimerLe projet de créer, dès la vendange 2011, des IGP effervescents divise la profession. En vue d'aplanir les différends, le 20 juillet le comité national des vins IGP de l'Inao a décidé que seules les IGP existantes pourront lancer des vins mousseux et que les IGP ne pourront pas utiliser le mot « crémant ». Mais cela ne suffira peut-être pas.
Certains ODG, tel Vouvray, Limoux ou Die ont décidé d'interdire la production de mousseux hors appellation sur leur zone de production. « La valeur de ces restrictions vis-à-vis du droit communautaire fait l'objet d'une expertise », indique toutefois l'Inao. En clair, il n'est pas du tout certain que des AOC puissent empêcher des IGP effervescents d'apparaître à leur porte, sauf dans les régions où il n'existe pas d'IGP comme en Champagne ou en Alsace. Parmi les projets en lice : celui de lancer un IGP effervescent Val de Loire qui suscite la plus vive opposition. Réponse des producteurs IGP : « Pourquoi les bulles seraient exclusivement réservées aux AOC et aux vins sans IG ? » Les premiers cahiers des charges d'IGP effervescents seront déposés à l'Inao le 15 décembre. Certains autoriseront la récolte à la machine. D'ici là, des discussions vont avoir lieu dans les bassins de production. L'Inao rappelle que « les débats en comité de bassin doivent être l'occasion de définir une stratégie de production “mousseux” entre les filières, tout particulièrement dans le Val de Loire ».
Le Point de vue de
CONTRE
« Non. Il y a plagiat et tromperie »
Christian Pauleau, président du syndicat des crémants de Loire et de la fédération nationale des crémants
« La fédération nationale des crémants s'oppose à l'élaboration de vins IGP effervescents, car cela va entraîner une confusion dans les régions qui produisent déjà des effervescents, même sans l'utilisation du mot crémant.
Que va-t-il se passer à Die et à Limoux, si les terrains non AOC qui jouxtent les vignes AOC produisent un effervescent ? Dans le Val de Loire, les 800 déclarants de crémants se sont prononcés contre la création d'un vin IGP effervescent Val de Loire lors de l'assemblée générale du syndicat le 5 août.
Pour nous, il y a plagiat et tromperie. Le bassin Val de Loire avait été précurseur en accordant aux vins de pays la possibilité d'utiliser la mention Val de Loire pour les vins tranquilles en 1997, mais en aucun cas pour les vins effervescents. J'espère que la raison va être gardée pour éviter la cacophonie. L'avis de chaque bassin me semble fondamental. Chez nous, le bassin donnera son avis fin octobre. Mais il n'y a rien à négocier dans le Val de Loire ! »
Le Point de vue de
POUR
« Oui. Pourquoi nous en priver, alors que les Espagnols et les Italiens en font ? »
André Mercier, président d'Intermed, la fédération de syndicats responsable du cahier des charges de l'IGP de Méditerranée
« Il ne faut pas raisonner à l'échelle de la France. Les Espagnols et les Italiens développent le segment des effervescents. Pourquoi devrions-nous nous en priver ? Je comprends que les AOC ne souhaitent pas que nous élaborions des effervescents, car dès lors que l'on élargit un marché, on est plus ou moins en concurrence. Chez nous, en Provence, il ne devrait pas y avoir de problème. Nous travaillons à la rédaction d'un cahier des charges pour proposer un rosé effervescent d'un bon rapport qualité prix, qui devrait se vendre dans les 3 à 4 euros la bouteille. Dans ce but, la machine à vendanger serait autorisée. On sait qu'il y a un marché, notamment à l'export. A nous de faire une proposition qui tienne la route.
Ce qui nous motive aussi, c'est que le marché du rosé commence à stagner. Trouver un nouveau débouché avec les effervescents serait une bonne chose. La création d'un vin de Méditerranée effervescent rosé sera aussi un moyen de se fédérer, d'avoir un projet commun dans cette région si importante en taille. Tout est à construire. C'est ce que nous allons faire au sein de notre fédération Intermed. »
