Le Moulin de la Roque utilise la marque depuis l'an passé dans tous ses documents commerciaux, sur son site internet, sur la contre-étiquette de certaines cuvées et sur les cartons. « Nous avons également posé des affiches dans le caveau de vente qui expliquent notre engagement et son objectif », rapporte Xavier Ranc, le responsable du développement durable. © J. NICOLAS
Faire du développement durable c'est bien. Le prouver c'est mieux. Les caves coopératives du Midi l'ont bien compris. En 2007, douze d'entre elle constituent un groupe pilote « Cap sur le développement durable ». L'ICV anime le dispositif. Les objectifs ? « Beaucoup de coopératives travaillaient déjà à la protection de l'environnement, mais elles voulaient intégrer tous leurs adhérents à leur démarche. Elles souhaitaient également apporter des réponses concrètes aux consommateurs qui se posent beaucoup de questions sur ce sujet », justifie Laurence Hugou, de l'ICV.
Pendant trois ans, les caves mettent en place différentes actions sur les plans environnemental, économique et social, les trois piliers du développement durable. Mais surtout, pour valoriser leurs efforts, elles décident de créer une marque collective « Vignerons en développement durable », propriété de l'ICV.
80 % du personnel doit être formé
Déposée à l'Inpi, la marque se présente sous la forme d'un logo disponible en couleur et en noir et blanc, en français et en anglais. Aujourd'hui, huit caves coopératives peuvent l'utiliser. Elles l'apposent sur leurs bouteilles, leurs cartons, leur site internet, leur documentation commerciale. Mais d'autres coopératives, les négociants et les domaines qui le souhaitent pourront également en faire usage.
Pour bénéficier de la marque, il faut respecter un cahier des charges précis. Au moins 80 % du personnel de la cave doit avoir été formé au développement durable. Une majorité des fournisseurs de raisins ou de vin doit être engagée dans la démarche.
Il faut également que la cave ait réalisé un diagnostic initial de développement durable. Trente-sept enjeux sont notés dont la moitié au moins doit être réalisée. Puis, il faut mettre en place des plans de progrès. La marque est attribuée pour deux ans. Son renouvellement est conditionné à la réalisation d'un nouvel audit. Le droit d'utilisation s'élève à 500 euros par an.
La récompense d'un lourd travail
Le Moulin de la Roque, la cave coopérative de Bandol, utilise la marque depuis l'an passé dans tous ses documents commerciaux, sur son site internet, sur la contre-étiquette de certaines cuvées et sur les cartons. « Pour l'instant, nous apposons le logo uniquement sur les bouteilles pour la grande distribution, soit sur 15 à 20 % de nos volumes. Nous avons mis la priorité sur ce circuit, car il est très sensible à la démarche », indique Xavier Ranc, le responsable du développement durable.
« Nous avons également posé des affiches dans le caveau de vente qui expliquent notre engagement et son objectif. Et nous distribuons des plaquettes aux visiteurs », rapporte notre interlocuteur. L'initiative plaît beaucoup. Pour le Moulin de la Roque, cette marque récompense tout le travail effectué depuis trois ans par les salariés et les adhérents de la cave. « Nous sommes passés de 50 % de réalisation des objectifs en 2007 à 81 % aujourd'hui », se félicite Xavier Ranc.
« En faisant notre bilan carbone, nous avons vu que les principaux postes d'émissions de gaz à effet de serre sont la production de raisins, les bouteilles en verre, les papiers et les cartons. Nous avons opté pour des bouteilles allégées de 60 g. Cela nous a permis de réduire de 4,4 % nos émissions de gaz à effet de serre. Et nous avons diminué le grammage de nos cartons. »
La cave a également réduit de 10 % ses consommations d'eau. Elle va réaliser un inventaire de la biodiversité sur son territoire. Elle travaille à la réduction des déchets sur les exploitations. Et organise des journées sur le réglage des pulvérisateurs.
Sur le volet « intégration territoriale », elle organise tous les ans, une soirée « Jazz au féminin ». Sur le plan social, elle met tout en œuvre pour que ses salariés travaillent dans des conditions optimales. Pour mener toutes ces actions à bien, la cave dépense environ 15 000 €/an.
Buzet joue aussi la transparence
La coopérative de Buzet regroupe 234 adhérents qui cultivent 1 942 ha, soit 95 % de l'AOC. Son engagement envers le développement durable date de quelques années. Désormais, elle en fait un axe stratégique de communication. Comment ? Via un rapport de quarante-quatre pages qui détaille ses actions envers l'environnement, l'équité sociale et le développement économique. Un rapport très illustré et agrémenté de témoignages du personnel de la cave, de viticulteurs, de fournisseurs… On y apprend que chaque année, les techniciens reçoivent individuellement les adhérents pour faire le point sur la saison écoulée, leurs besoins en formation et la mise en œuvre du cahier des charges Agriconfiance. On y découvre que la cave a économisé 20 % d'eau avec une nouvelle chaîne d'embouteillage, qu'elle a adoptée une bouteille moins lourde d'environ 50 g, qu'elle développe la culture bio ou encore qu'elle teste la réduction des doses de phytos… « Nous avons communiqué ce rapport à nos clients, à nos fournisseurs, à la presse. Tous sont impressionnés par ce que nous faisons », rapporte David Bidegaray, des Vignerons de Buzet. Mais l'impact sur les ventes n'est pas chiffrable.