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VIGNE

Mobilisations contre l'esca

Marine Balue - La vigne - n°226 - décembre 2010 - page 46

Les viticulteurs se trouvent toujours démunis face à l'esca. En région, ils alertent les pouvoirs publics et agissent pour trouver des solutions.
DÉGÂTS. Le 13 octobre dernier, les vignerons tourangeais ont fait constaté aux élus locaux les conséquences de l'esca sur leurs vignes. Ici, des souches mortes. © P. GUILBERT

DÉGÂTS. Le 13 octobre dernier, les vignerons tourangeais ont fait constaté aux élus locaux les conséquences de l'esca sur leurs vignes. Ici, des souches mortes. © P. GUILBERT

TOURAINE : Pouvoirs publics interpellés

Les vignerons de Touraine ont attiré l'attention des élus locaux sur les « conséquences dramatiques » des maladies du bois dans leur vignoble. Le 13 octobre dernier, la Fédération des associations viticoles d'Indre-et-Loire et de la Sarthe (FAV 37) a organisé une visite dans les vignes de Mosnes. A cette occasion, elle a réuni le préfet, le président de la chambre d'agriculture, des élus et la presse pour leur montrer un tas de 4 000 souches mortes, qu'un vigneron a arrachées sur ses 10 ha de sauvignon.

Aide à la complantation

La FAV a aussi distribué aux participants un document chiffrant entre 12 et 14 millions d'euros les dégâts dus à l'esca/BDA en Indre-et-Loire, et exposant ses doléances. Elle a demandé l'extension de l'aide accordée par le conseil régional du Centre en 2009 pour la complantation du sauvignon aux autres cépages touchés : chenin et cabernet franc. Elle demande aussi « une mobilisation accrue des moyens de recherche engagés » et la poursuite du financement de l'observatoire des maladies du bois, stoppé en 2008.

- BOURGOGNE : Un réseau à grande échelle

En février 2009, le groupe régional « maladies du bois », formé par les chambres d'agriculture de Bourgogne et le BIVB, a fait appel aux viticulteurs pour qu'ils mettent à disposition pour des essais une ou plusieurs de leurs parcelles. « Ils ont répondu nombreux, ce qui est satisfaisant, » indique Guillaume Morvan, coordinateur régional du groupe.

Au total, les techniciens suivent désormais 185 parcelles de la région. Sur 110 d'entre elles, ils testent l'influence des pratiques culturales sur l'expression des maladies du bois. Pour chacune, ils observent l'effet de deux ou trois modalités comme la densité de plantation, l'alimentation azotée, le porte-greffe, le surgreffage…

« C'est la première fois que nous pouvons travailler à si grande échelle. Avant, nous ne faisions des observations que sur les vignes mères, précise Guillaume Morvan. Cependant, beaucoup d'essais n'ont démarré qu'en 2009. Les résultats devraient être connus d'ici à quatre ans. »

GERS : Désarroi général

Depuis plusieurs années, les viticulteurs gersois interpellent les pouvoirs publics au sujet des maladies du bois. En 2009, avec le soutien de la chambre d'agriculture du Gers et de la préfecture, ils ont monté un dossier pour demander une compensation financière à la complantation.

« Les primes à la restructuration ont été augmentées de 1 500 euros par hectare en 2010 pour les viticulteurs français, relate Alain Lalanne, président de la section viticole FDSEA du Gers. C'est dérisoire, vu l'ampleur des dégâts. » De plus, cette augmentation ne sera pas reconduite en 2011.

Pourtant, selon Alain Lalanne, la situation est catastrophique : des vignes de moins de vingt ans ont entre 40 et 60 % de pieds morts et la complantation ne marche pas. « Les maladies du bois sont la première préoccupation de notre département aujourd'hui, s'exclame-t-il. Même avant la crise économique. » Et d'ajouter : « Nous sommes désespérés ! Nous ne savons plus comment sauver notre vignoble. L'Etat a entraîné sa mort en interdisant l'arsénite de sodium. »

1,5 million d'euros pour financer les recherches

En été 2009, le ministère de l'Agriculture a validé cinq projets de recherche pour la prévention et la lutte contre les maladies du bois. Il a mis à disposition 1,5 million d'euros, sur trois ans.

Les thèmes abordés et les organismes responsables sont les suivants :

connaissance des champignons et des toxines produites (université de Reims),

épidémiologie, connaissance de la maladie (Inra et Enita de Bordeaux),

comportement de la vigne, mécanismes de tolérance (ISVV Bordeaux),

impact des choix culturaux sur le développement de la maladie (chambre régionale d'agriculture du Languedoc-Roussillon),

production de plants indemnes de champignons associés aux maladies du bois (chambre d'agriculture de la Gironde).

Le 22 octobre dernier, l'ISVV a organisé une journée pour présenter les premiers résultats de quelques travaux. Beaucoup s'orientent sur l'influence des conditions climatiques et des pratiques culturales sur l'expression de l'esca/BDA.

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