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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

BEAUJOLAIS Le coup d'accélérateur

David Besson - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 32

Une offre d'accueil au caveau s'est développée spontanément à côté du haut lieu de l'œnotourisme qu'est le Hameau du vin. Inter-Beaujolais s'attache à la mettre en valeur.

Six cents caves ouvertes sont répertoriées par les différents offices de tourisme en Beaujolais. Depuis longtemps, les viticulteurs ont compris l'intérêt de l'accueil « à la maison », dans une région où la vente directe pèse peu par rapport à la vente au négoce. Pour sédentariser leurs visiteurs, de nombreux exploitants ont ouvert des chambres d'hôtes et des gîtes d'accueil labellisés par divers organismes (Gîtes de France, Bienvenue à la ferme…). Mais la somme de ces caves ouvertes n'était recensée nulle part, si bien qu'elles n'apparaissaient pas comme une offre abondante et bien constituée.

Bientôt un magazine interactif sur Ipad

Depuis 2007, l'interprofession a décidé d'y mettre de l'ordre. Elle a créé la charte « Beaujolais, une terre, des vins, un accueil privilégié ». Les caves qui souhaitent y adhérer doivent satisfaire 73 critères de sélection : elles doivent être bien signalisées, afficher leurs heures d'ouverture, offrir des verres de qualité, des crachoirs, des toilettes, proposer des plaquettes en anglais et renvoyer vers d'autres prestataires (restaurants, chambres d'hôtes, sites à visiter…) grâce à des dépliants.

Après avoir reçu leur agrément, les caves sont auditées tous les trois ans, de façon aléatoire, par un cabinet indépendant. « Deux caves ont déjà été radiées », précise Fabien Vignal, d'Inter-Beaujolais.

L'interprofession a appliqué le même schéma aux « bistrots beaujolais ». Ces 170 établissements recensés dans le monde, dont 40 dans la région, s'engagent à servir la production locale. La charte insiste sur le nombre de vins du Beaujolais à servir par rapport au nombre de références de la carte, sur le maintien d'un rapport qualité/ prix raisonnable, ainsi que sur la qualité des mets servis.

Reste à attirer le public. Pour y parvenir, il faut une démarche active. Un « Guide de l'œnotourisme en Beaujolais », qui rassemble les 137 adhérents de la charte œnotouristique, a été édité à 25 000 exemplaires. Une version interactive du guide est disponible sur internet. Début 2011, un magazine interactif de 80 pages sera disponible sur les tablettes Ipad.

L'interprofession a également relancé une route des vins qui relie Lyon à Dijon. Avec la création de circuits touristiques téléchargeables sur GPS par internet, elle a eu une démarche plus innovante. Cette initiative a déjà trouvé son public. « Nous avons enregistré 75 000 téléchargements depuis le début de l'année », note Fabien Vignal.

Malgré ces initiatives, le Hameau du vin, à Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire) continue de dominer le marché œnotouristique local. La petite histoire dit que Georges Dubœuf a eu l'idée d'un musée du vin dès ses seize ans. « Le Hameau fait 30 000 m2 aujourd'hui, explique Anne Dubœuf. Nous ouvrons une nouvelle salle chaque année. C'est un parc à thème autour du vin pour une clientèle familiale qui rajeunit peu à peu. » Aujourd'hui, le Hameau du vin reste le point d'entrée principal du Beaujolais. Une situation paradoxale vu sa position, dans un village, entre Villefranche-sur-Saône et Mâcon.

On aurait pu s'attendre à ce qu'un projet d'une telle ampleur s'installe dans la capitale du vignoble. Mais le Beaujolais souffre de ne pas en avoir. Villefranche- sur-Saône, la principale ville de la région, ne peut pas revendiquer ce statut. Ainsi, bien malin le touriste qui y trouvera un point de vente consacré aux beaujolais. Les choses devraient évoluer. En collaboration avec la communauté de communes et l'office du tourisme de la ville, Inter-Beaujolais devrait ouvrir un point de vente dès 2011. Une façon supplémentaire de capter les six millions d'habitants qui résident à une heure de route, ce qui reste le premier objectif du Beaujolais.

80 000

80 000 visiteurs se rendent au Hameau du vin de Georges Dubœuf, en moyenne par an. Avec sa vingtaine d'employés et ses 3 millions d'euros de chiffre d'affaires, le Hameau du vin reste une réussite hors du commun en matière d'œnotourisme.

Le Point de vue de

Gérard et Germaine Brisson, domaine Brisson à Villié-Morgon (Rhône), 10 ha en AOC Morgon et Beaujolais villages

« Une Bentley pour asseoir une image haut de gamme »

 © M.MILLEY

© M.MILLEY

Leur stratégie

En 2008, la crise pousse Gérard et Germaine Brisson à agir. « Nous vendons 50 à 60 % de nos vins à l'export et le reste en CHR (cafés, hôtels, restaurants) et par mailing. Mais nous nous sommes dit qu'il fallait maintenir un lien direct avec le public. Nous avons décidé de le faire en affichant un positionnement haut de gamme. » Pour cela, Gérard Brisson disposait d'un atout de classe. Ce passionné de vieilles anglaises s'était offert en 2006 une Bentley S3 de 1965, la voiture de James Bond « pour le prix d'une berline ». Il a décidé de l'utiliser.

Leur offre

Depuis deux ans, le domaine propose des ateliers de dégustation qui peuvent déboucher sur une visite du Beaujolais en Bentley, si les clients le souhaitent. Dans ce cas, monsieur ou madame prend le volant, pour un circuit de deux heures. « Au départ du domaine Brisson, vous emprunterez l'ancienne voie romaine qui vous offrira des panoramas exceptionnels », promet le site internet. Le prix, tout compris, est de 115 € pour trois personnes. Volontairement élevé. « L'objectif, ce n'est pas de passer notre temps à conduire les gens, mais de vendre du vin », détaille Gérard Brisson. Tout récemment, la visite en Bentley vient d'être intégrée dans plusieurs « box » cadeaux. Les Brisson proposent aussi des visites en 2CV, qui attirent la clientèle étrangère. Cette fois, le prix est de 64,90 € pour deux personnes, incluant une dégustation des vins du domaine lors d'un apéritif vigneron.

Leur organisation

En matière de promotion, « internet est à la base de tout. » Le couple dispose d'un site - œuvre d'une de leur fille -, qu'il alimente régulièrement. Il adresse aussi des mailings à ses clients et édite une newsletter.

Leurs résultats

« La Bentley a servi à nous faire remarquer. Elle nous a valu énormément de retombées presse. C'est une belle vitrine que les gens offrent en cadeau à leur conjoint, par exemple. » Mais au final, ses usagers sont rares.

« Une dizaine en deux ans. Mais elle a attiré beaucoup plus de monde qui nous ont découvert grâce à elle. De ce fait, nos ventes à la propriété ont augmenté. L'œnotourisme, c'est avant tout du temps et de la réflexion. »

L'essentiel de l'offre

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