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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

GASGOGNE La tradition remise au goût du jour

Florence Jacquemoud - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 48

La région cultive son image rurale et festive pour attirer le public.

La Gascogne a toujours joué la carte du terroir et de la ruralité pour promouvoir ses activités touristiques et attirer les visiteurs. Ses viticulteurs sont de vrais atouts pour la région. Ils participent à son image chaleureuse en accueillant les touristes sur leur exploitation.

« Quarante d'entre eux ont ainsi adhéré à la démarche “Les bons crus de d'Artagnan”, que nous avons mise en place en 2008, explique Anita Franceschin, responsable du service promotion et communication du conseil départemental du tourisme du Gers. Cette initiative vise notamment à rendre l'activité touristique gersoise moins saisonnière et à mieux la positionner sur les marchés français et étrangers. »

Les vignerons ont signé une charte dans laquelle ils s'engagent à « proposer une véritable prestation sur le thème de la vigne et des vins », poursuit Anita Franceschin. Leur domaine doit être bien signalé et ses abords entretenus. Il doivent proposer des visites et des dégustations, offrir des boissons non alcoolisées pour les enfants et les chauffeurs, et fournir des informations touristiques sur le département. L'accueil doit être bilingue, voire trilingue, etc.

En contrepartie, les vignerons figurent sur la route des Bons crus de d'Artagnan et sur le site internet vins. tourisme-gers.com, celui des Bons crus. Ce site présente les exploitations, les restaurants, les hôtels et les hébergements labellisés et les liens pour accéder vers chacun d'entre eux afin que les touristes puissent préparer leur séjour. La démarche semble porter ses fruits, car 3 900 pages Web sont consultées chaque mois.

De leur côté, les producteurs Plaimont organisent différentes manifestations qui attirent chaque année beaucoup de visiteurs. Fin mars, c'est Vignobles en fêtes. 200 vignerons de l'appellation Saint-Mont présentent leurs vignes, leurs chais et leurs vins au public. Ils balisent un parcours reliant dix villages, ponctué d'animations ludiques, culturelles et pédagogiques. Les plus courageux vont à pied, les nostalgiques du passé prennent les calèches à leur disposition, les plus pressés utilisent leur voiture.

Jazz in Marciac mobilise 350 producteurs

Dans le village de Saint-Mont décoré à l'ancienne, les paysans-vignerons portent des tonneaux de leurs meilleurs vins rouge et blanc pour leur mise en perce et leur dégustation par le « moine supérieur ». Après agrément, ils annoncent en chantant la vente de ces vins en primeur, sous l'étiquette « Faîte du Saint-Mont », c'est-à-dire « Sommet ».

Autre temps fort de la rencontre des vignerons avec les consommateurs, le festival Jazz in Marciac, qui se déroule en août. A l'initiative de Plaimont, 350 producteurs s'investissent afin de faire découvrir les vins du groupement aux festivaliers. Ils organisent également quantité d'activités autour de la viticulture : parrainage de pieds de vignes par les musiciens de jazz et les festivaliers, dégustations, visites de chais, concours de lancer de bérets… Les 200 000 personnes qui viennent chaque année à Marciac pour assister aux concerts découvrent avec grand plaisir tout ce folklore. Les retombées en terme de ventes sont intéressantes, mais ce sont surtout les liens qui se créent entre le public et les viticulteurs qui contribuent à la notoriété des vins sur le long terme.

La filière armagnac n'est pas en reste. Depuis de nombreuses années, elle a mis en place la Flamme de l'armagnac : tout un programme d'animations dans les chais durant la distillation des eaux-de-vie en novembre, décembre et janvier pour inciter le public à assister à cet événement. En 2007, elle a créé le réseau Escapades en armagnac qui regroupe 113 viticulteurs pratiquant l'accueil à la ferme. Au moment de la distillation des vins, ils proposent des repas au pied de l'alambic.

Un spiritourisme de terroir et convivial

L'an dernier en novembre, l'interprofession a également organisé la première Semaine de l'armagnac à Eauze (Gers), avec une exposition sur les 700 ans de l'eau-de-vie, dédicaces de livres dans les librairies de la ville, stages de dégustation, démonstration d'utilisation d'un alambic, lâcher de ballons, etc. La manifestation a aussi été l'occasion d'organiser l'habituel concours de la filière.

« Nous travaillons à moderniser la Flamme de l'armagnac et cette première semaine à Eauze fait partie des initiatives prises dans ce sens, témoigne Pierre Tabarin, président du Bureau national interprofessionnel de l'armagnac. Au printemps, nous allons aussi créer une manifestation récurrente autour de la Blanche de printemps, qui ne peut se vendre qu'à partir du 1er avril. Le spiritourisme repose sur des valeurs comme le terroir et la convivialité. C'est un bon levier pour faire connaître le produit. Faire venir les touristes sur place est bien plus efficace que n'importe quel grand discours. »

8 000

8 000 à 10 000 personnes sont accueillies chaque année pendant les trois jours de Vignoble en fête, organisés par les producteurs du Saint-Mont, tandis que 1 200 participent aux vendanges tardives, organisées par les amis du Pacherenc du Vic Bilh, le jour de la Saint-Sylvestre, à Viella.

Le Point de vue de

Jean Tichané, président de l'office de tourisme de Montréal-du-Gers

« Notre randonnée est un grand moment de convivialité »

 © J-B. LAFFITTE

© J-B. LAFFITTE

L'offre

Depuis neuf ans, Jean Tichané, un retraité passionné de randonnée, organise une grande randonnée dans les vignes de ce canton, le plus viticole de l'Armagnac. L'évènement dénommé Balade dans les vignes a lieu fin novembre, à l'occasion de la Flamme de l'armagnac. « Face au succès de l'opération, nous avons dû faire évoluer notre formule en 2009. Désormais, nous proposons deux randonnées pédestres et un parcours cycliste. Cette année, les participants sont partis de trois villages différents : de Larroque-sur-l'Osse pour 11 km à pied, de Fourcès pour 8 km à pied et de Castelnau-d'Auzan, pour 55 km à vélo. A chaque fois, il y avait une pause pique-nique, à midi, dans un domaine viticole. Les viticulteurs accueillant les randonneurs leur ont offert l'apéritif, le vin, le café et parfois même l'armagnac. Ils ont également fait visiter leur exploitation. Puis à 17 heures, à Montréal-du-Gers, tous les participants ont été rassemblés pour l'allumage symbolique de la Flamme de l'armagnac. Le soir, tout le monde était convié à un grand repas gastronomique autour de l'alambic, en présence de viticulteurs du canton, avec dégustation de leurs vins (une partie a été achetée par les organisateurs aux vignerons, une partie a été offerte par ces derniers). Une centaine de bénévoles du canton ont assuré le service. La soirée, animée par des bandas, s'est terminée autour de vieux armagnacs et d'un brûlot, sorte de grog à base d'armagnac. Le lendemain matin, nous avons proposé une autre randonnée pédestre, précédée d'un petit-déjeuner gascon. »

L'organisation

La randonnée s'est fait connaître par le bouche à oreille, mais aussi grâce aux informations diffusées par les organismes touristiques gersois. Il faut s'inscrire à l'office du tourisme de Montréal-du-Gers, à partir du mois d'avril. Le succès est tel que l'office refuse du monde. La participation est de 5 € pour les randonnées pédestres, de 10 € pour la randonnée cycliste et de 30 € pour le repas gastronomique du soir.

La fréquentation

630 personnes ont participé à la Balade dans les vignes le 20 novembre 2010, venues de la France entière et même d'Italie et d'Angleterre.

Les résultats

Les retombées pour les viticulteurs n'ont pas été chiffrées, mais de bonnes ventes ont lieu dans les jours qui suivent la Balade. Nombre de randonneurs restent en effet toute la semaine dans le secteur, notamment pour acheter du vin.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :