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ACTUS - MONDE

SANTÉ PUBLIQUE Nouveaux arguments en faveur de la consommation modérée

Géraldine Barioz - La vigne - n°229 - mars 2011 - page 30

Deux études, d'une ampleur sans précédent, confortent l'idée qu'une consommation régulière et modérée d'alcool est bénéfique pour la santé.
Un effet de dose est mis en évidence dans deux études sur la relation entre la consommation d'alcool et la survenue de maladies cardio-vasculaires. Pour les femmes, les bienfaits sont plus élevés pour une consommation moyenne d'un verre par jour. Pour les hommes, l'optimum est de deux verres par jour. © J. LANGE

Un effet de dose est mis en évidence dans deux études sur la relation entre la consommation d'alcool et la survenue de maladies cardio-vasculaires. Pour les femmes, les bienfaits sont plus élevés pour une consommation moyenne d'un verre par jour. Pour les hommes, l'optimum est de deux verres par jour. © J. LANGE

C'est dans le très sérieux « British Medical Journal » (BMJ) qu'une équipe de médecins de l'université de Calgary, au Canada, a publié deux articles sur la relation entre la consommation d'alcool et la survenue de maladies cardio-vasculaires.

La première publication compile les résultats de 84 enquêtes épidémiologiques portant sur le lien entre la consommation d'alcool d'une population et les pathologies cardio-vasculaires qu'elle rencontre. Les auteurs affirment qu'à leur connaissance, c'est le plus vaste travail de ce genre jamais réalisé.

Ce travail met en évidence une diminution de 25 % de la mortalité d'origine cardiaque chez les consommateurs modérés d'alcool par rapport aux non-consommateurs. De la même façon, le risque d'apparition de maladies ou d'accidents coronariens est bien plus faible chez les consommateurs pondérés d'alcool. En revanche, le risque d'accidents vasculaires cérébraux, ainsi que la mortalité par accidents vasculaires cérébraux n'ont pas diminué chez les consommateurs modérés.

Le mécanisme des bienfaits est expliqué

Au bout du compte, ces consommateurs vivent plus vieux que les abstinents puisque leur risque de mortalité, toutes causes confondues, est diminué de 13 %.

Les médecins remarquent que les bienfaits cardio-vasculaires sont plus élevés pour une dose moyenne d'un à deux verres d'alcool par jour.

Dans leur seconde publication, ils ont analysé 63 études portant sur l'observation de 21 paramètres sanguins après consommation d'alcool, principalement le cholestérol, l'apolipoprotéine A1 (une molécule qui aide au transport des graisses dans le sang) et le fibrinogène (impliqué dans la coagulation du sang).

La consommation d'alcool provoque une augmentation du HDL cholestérol (le bon) et de l'apolipoprotéine, ainsi qu'une baisse du fibrinogène. Des changements bénéfiques pour le cœur et les artères. Cette relation est vérifiée quelle que soit la boisson alcoolisée étudiée.

Il est temps de s'en servir dans les politiques de santé

Un effet de dose est également mis en évidence. Pour les femmes, les bienfaits sont plus élevés pour une consommation moyenne d'un verre par jour. Pour les hommes, l'optimum est de deux verres par jour.

Les auteurs estiment que la preuve des bénéfices d'une consommation modérée est faite et qu'il est temps de débattre, mais aussi de tester la manière de s'en servir dans les politiques de santé publique et dans la médecine. Ils précisent qu'en l'état actuel des connaissances, il n'est pas question d'inciter un patient à boire de l'alcool afin d'obtenir un effet thérapeutique. Avant cela, il faudrait des études dans lesquelles l'alcool serait utilisé en tant que médicament, face à un placebo.

Ils estiment également qu'il faudra suivre attentivement toute politique mettant en avant les bienfaits d'une consommation modérée, car le risque d'addiction à l'alcool existe. Et il ne fait aucun doute qu'une consommation importante d'alcool est nocive, aussi bien au niveau des maladies cardio-vasculaires que du risque de cancer.

Le Point de vue de

Dominique Lanzmann-Petithory, médecin hospitalier à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris

« Une pierre de plus à l'édifice »

Dominique Lanzmann-Petithory, médecinhospitalier à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris

Dominique Lanzmann-Petithory, médecinhospitalier à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris

« Il s'agit d'études importantes parues dans une revue très réputée. Les résultats sont favorables à une consommation modérée d'alcool pour la prévention des maladies cardio-vasculaires. Ces observations sont une pierre de plus à l'édifice pour assouplir les recommandations sanitaires sur la consommation d'alcool. En revanche, ces deux études ne font pas la distinction entre le vin et les autres boissons alcoolisées. Et c'est très dommage, car il n'est plus à démontrer que le vin contient des substances actives, comme les polyphénols qui ont un effet protecteur sur le cœur. Les marqueurs cardiaques choisis par les auteurs ne permettent pas de mettre en avant les effets supplémentaires du vin par rapport aux autres boissons. Les études "vin et santé" ne sont pas assez nombreuses aujourd'hui. Il faudrait un investissement réel des producteurs de vin dans la recherche, pour disposer de résultats de grande ampleur sur cette thématique. »

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