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VIN

Les jurys élargis du pays d'Oc

Frédérique Ehrhard - La vigne - n°229 - mars 2011 - page 62

Précédant une évolution réglementaire, le syndicat des producteurs d'IGP pays d'Oc a intégré des consommateurs dans ses commissions de dégustation. Leur arrivée satisfait tout le monde.
L'ORGANISATION EST BIEN RODÉE au syndicat d'IGP pays d'Oc. Le 16 février, quarante dégustateurs répartis en douze jurys ont dégusté les 240 échantillons présentés en une heure et demie. © F. EHRHAR

L'ORGANISATION EST BIEN RODÉE au syndicat d'IGP pays d'Oc. Le 16 février, quarante dégustateurs répartis en douze jurys ont dégusté les 240 échantillons présentés en une heure et demie. © F. EHRHAR

«Je suis impressionné par les moyens mis en œuvre pour déguster les vins ! Je ne pensais pas que la certification était aussi sérieuse », relève Richard Albaladejo. A l'automne 2010, ce jeune retraité a répondu à une annonce du syndicat de l'IGP pays d'Oc, qui recherchait des consommateurs pour étoffer ses jurys de dégustation. Fin 2011, leur présence sera obligatoire dans chaque commission. Le syndicat a décidé de prendre les devants en procédant à des recrutements par voie de presse.

Ces nouveaux dégustateurs ont suivi six demi-journées de formation réparties sur six semaines. A cette occasion, ils ont découvert les bases de la physiologie du goût. Ils se sont familiarisés avec les échantillons brut de cuve. Ils ont appris à repérer les défauts qui peuvent entraîner la non-conformité d'un échantillon.

« J'affine mes perceptions »

« Après chaque demi-journée, ils pouvaient participer à un jury en doublant un dégustateur expérimenté. Je prenais ensuite le temps de regarder leurs fiches et de répondre à leurs questions », précise Joël Bochet, le responsable des prélèvements et des dégustations au syndicat, qui a accompagné ces consommateurs tout au long de leur apprentissage.

« Cette formation nous a permis de mettre des mots sur nos sensations », résume Claude Tourgis. Jeune retraité lui aussi, il participe actuellement à trois dégustations par semaine, et ne se lasse pas de faire des découvertes. « J'affine mes perceptions. Je me forge peu à peu de nouvelles références », souligne-t-il.

Des débats plus équilibrés

« Savourer, ça s'apprend. Au cours de la formation, j'ai développé mes sens olfactifs et gustatifs. Je m'en sers au quotidien, pour apprécier mon café par exemple », relève de son côté Richard Albaladejo. « C'est un entraînement. J'essaye de venir régulièrement pour ne pas perdre ma sensibilité sensorielle », ajoute Pauline Torquebiau, une jeune étudiante qui veut se spécialiser dans le commerce des vins.

Aujourd'hui, vingt-quatre consommateurs participent aux jury de dégustation de l'IGP pays d'Oc. Lorsqu'ils évaluent un vin, ils se demandent souvent s'ils auraient envie de l'acheter. Mais ils savent décrire leurs sensations et peuvent échanger avec les autres dégustateurs. « Leurs arguments sont plus variés et moins techniques. Ils contribuent à l'équilibre des débats », constate Joël Bochet.

« Nous sommes surtout centrés sur la recherche des défauts, alors que les consommateurs ont un ressenti plus global. Au travers de leurs appréciations, ils nous renseignent sur les tendances du marché », ajoute un œnologue qui fait partie des techniciens de la filière.

« Nous avons une responsabilité »

Ces consommateurs, un peu intimidés au début, se sentent maintenant bien intégrés. « Les autres dégustateurs, bien qu'ils soient plus expérimentés, prennent en compte notre avis », constate avec plaisir Richard Albaladejo.

Au fil des échanges avec les professionnels, les consommateurs ont pris conscience des enjeux économiques de la certification. Ils ont à cœur de contribuer au maintien de la qualité de l'IGP pays d'Oc. « Les vins présentés sont prévendus. Nous avons une responsabilité, souligne Françoise Pouget, une consommatrice qui pratique aussi l'analyse sensorielle dans l'univers des huiles d'olive. C'est bien que nous soyons plusieurs à la partager, pour prendre la décision la plus juste possible. »

15 000 échantillons par an

Le syndicat de l'IGP pays d'Oc prélève et déguste tous les lots qui font l'objet d'une transaction. En 2009-2010, avec 5,2 millions d'hl certifiés, cela a représenté 14 877 échantillons. Pour les réunir, les préleveurs ont parcouru 180 000 km. Pour les déguster, il a fallu organiser 101 commissions qui ont mobilisé 768 jurys. « En ce moment, nous prélevons 800 cuves par semaine. Nous organisons des commissions le mercredi, le jeudi et le vendredi. C'est une course contre la montre pour qu'à chaque séance, tout soit prêt », souligne Joël Bochet. Chaque jury ne peut déguster que 20 échantillons par séance.

Le fichier des dégustateurs compte 350 personnes réparties dans les trois collèges (1. producteurs et négociants, 2. techniciens, 3. usagers du produit, collège dont font partie les consommateurs).

Des nouveaux arrivent régulièrement. « Cela évite de s'enfermer dans la routine. »

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