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Les vignerons de Tutiac ont réalisé une carte des sols à l'aide des relevés Géocarta. Jérôme Ossard, directeur technique de cette coopérative (à droite), s'en sert pour conseiller les viticulteurs, comme ici Christophe Renou. © P. ROY
En cinq ans, grâce au système Géocarta, les Vignerons de Tutiac ont développé une connaissance approfondie des sols cultivés par leurs adhérents. Et ils s'en servent pour orienter les plantations. « Sur les sols limoneux-sableux-argileux, avec une profondeur d'enracinement non limitée, nous recommandons de planter du sauvignon blanc sur Riparia, explique Jérôme Ossard, responsable du vignoble. Ces sols sont plutôt riches en matière organique, ce qui convient bien au sauvignon. Sur les brunisols, sols graveleux superficiels sur sables argileux compacts où la contrainte hydrique est plus forte, nous conseillons la plantation de cabernet-sauvignon, merlot ou petit verdot sur les porte-greffes 44-53 ou 101-14. »
« Nous corrigeons des erreurs »
La coopérative, qui a en main la restructuration du vignoble, valide le choix des cépages et porte-greffes avant toute plantation. Ainsi, petit à petit, au rythme des replantations, « nous corrigeons des erreurs d'encépagement », poursuit Jérôme Ossard. Les coopérateurs apprécient ce conseil qui leur permet de mieux tirer parti de leur terroir. « Un merlot planté sur des sols à réserve hydrique élevé aura plus de risques phytosanitaires que sur un sol où la contrainte hydrique est plus forte. L'adaptation d'un cépage au terroir facilite la gestion phytosanitaire du vignoble. »
Pour arriver à ce résultat, « nous nous sommes équipés du matériel Géocarta, précise Jérôme Ossard. Depuis 2007, nous passons 500 ha par an, généralement au mois de mars. »
A l'issue de chaque journée de travail, la coopérative transmet ses mesures de résistivité par internet à Géocarta qui établit une cartographie des sols. Partant de ces documents, Tutiac peut choisir avec pertinence les endroits où réaliser les fosses pédologiques qui lui permettront de découvrir la nature des sols.
« Nos sols sont très hétérogènes ce qui justifie une étude pédologique. Mais d'un point de vue économique, il était hors de question de réaliser dix fosses par parcelle. »
Château Fieuzal, à Pessac-Léognan, a aussi demandé à Géocarta d'établir une cartographie de résistivité des sols de son vignoble. Il a également été un des premiers clients d'Œnoview, en 2007.
Deux plans de drainage
« Au départ, ces informations nous ont permis d'affiner la connaissance de nos sols. Nous avons réalisé des fosses pédologiques dans chacune des zones identifiées comme homogène par Géocarta. Aujourd'hui, ces informations sont une précieuse aide à la décision au moment de la plantation », explique Christophe Rousseau, chef de culture.
Pour préparer la prochaine plantation de deux parcelles sur 2 ha et demi, Christophe Rousseau a creusé une douzaine de fosses. « Nous avons ainsi découvert des zones à tendance calcaire. De ce fait, nous avons préféré opter pour le 3 309, porte-greffe moins sensible à la chlorose que le 101-14. » La connaissance des sols a également permis un plan de drainage différencié entre ces deux parcelles. Dans l'une, des drains ont été posés tous les 2 m, dans l'autre, tous les 8 m.
Le Point de vue de
Vincent Dumot, responsable du pôle viticole du BNIC. « Un outil pour des résultats expérimentaux plus sûrs. »
« Intéressant pour l'expérimentation »
Vincent Dumot, responsable du pôle viticole du BNIC. « Un outil pour des résultats expérimentaux plus sûrs. »
« La station viticole du BNIC a mesuré la résistivité des sols sur cinq sites localisés dans différents secteurs du vignoble charentais. Nous constatons que sur des sols apparemment hétérogènes, d'après les mesures de résistivité, la réponse de la vigne n'est pas si différenciée. Dans notre vignoble, la résistivité n'est pas forcément corrélée au comportement de la vigne, car beaucoup d'autres critères interviennent.
En revanche, le repérage des zones pédologiques homogènes revêt un intérêt particulier pour un centre de recherches, comme le nôtre. En implantant nos essais sur des zones homogènes, on s'affranchit d'un effet sol qui pourrait avoir un impact sur les résultats.
Nous avons donc cartographié nos parcelles expérimentales avec le système Géocarta, notamment celles où nous menons des essais sur les clones ou les maladies du bois. Depuis, nous ne comparons entre elles que des placettes situées dans les mêmes zones pour que les comparaisons soient plus pertinentes. »
