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Neuf constructeurs proposent des modèles à partir de 300 euros
Les pulvérisateurs équipés de panneaux récupérateurs fleurissent sur les salons. Contrairement à leurs ancêtres, qui servaient à lutter contre les maladies du bois ou lors des premiers traitements, ces appareils sont destinés à servir pendant toute la campagne. Il en existe de très nombreux modèles. Voici quelques pistes pour y voir plus clair.
La première chose à regarder est le type de technologie de l'appareil. Selon les spécialistes, une assistance d'air est nécessaire pour arriver à pénétrer au centre du feuillage en pleine saison. Ce qui signifie d'opter pour du jet porté ou du pneumatique, mais pas pour du jet projeté.
Evitez les hydro-injecteurs
Alexandre Davy, de l'IFV de Blanquefort (Gironde), souligne par ailleurs que les appareils italiens (Bertoni et Friuly Sprayers) sont à ce jour plus aboutis que les français, pour un prix, il est vrai, bien plus élevé : « Ces pulvérisateurs ont été conçus pour la récupération, contrairement à certains constructeurs qui ont juste rajouté des panneaux autour d'un appareil. En outre, ils intègrent nombre d'automatismes qui facilitent le travail du chauffeur. »
Autre critère important : le mode de réaspiration de la bouillie. « Avec des hydro-injecteurs, très souvent, il y a des phénomènes de moussage, indique Renaud Cavalier, de la chambre d'agriculture du Gard. C'est un véritable problème. Une pompe électrique par bac est beaucoup plus efficace. »
Les autres types de pompes (péristaltiques, à membrane ou à pistons membranes) fonctionnent elles aussi mieux que les hydro-injecteurs. De même, la présence de bavettes de protection ou encore de grillage sur les côtés améliore la quantité de bouillie récupérable.
30 % de la bouillie recyclée
Le choix des buses en jet porté est lui aussi primordial. Selon la chambre d'agriculture du Gard et l'IFV de Blanquefort, les plus efficaces sont les buses antidérives à injection d'air. Quels qu'ils soient, les pulvérisateurs à panneaux récupérateurs ont deux gros avantages. Ils permettent de traiter même en présence de vent ou en zone périurbaine, puisque la pulvérisation est confinée et donc peu sensible à la dérive.
L'autre gros atout est bien évidemment la récupération de la bouillie et donc la diminution des quantités de phytos à employer. Selon les différents essais effectués, les panneaux recyclent environ 30 % de la bouillie lors des trois premiers traitements. Ce taux chute au fil de la saison. « En pleine végétation, la récupération est faible et proportionnelle au taux de manquants », résume Alexandre Davy.
Ces appareils ont néanmoins de lourds inconvénients qui ont jusqu'ici retardé leur implantation dans le vignoble. Ils sont peu maniables. Il faut disposer de tournières conséquentes, dépourvues d'arbres et de branches. De plus, pour Renaud Cavalier, en vignes larges, les panneaux récupérateurs ne sont pas utilisables en dévers, même si certains constructeurs ont travaillé sur le sujet. Cela pose moins de problèmes en vignes étroites, lorsque l'enjambeur est doté d'une correction de dévers.
Ce sont également des matériels lourds. Lorsqu'ils sont portés à l'arrière, il est conseillé de mettre des masses à l'avant.
Dernier point noir : le débit de chantier. La plupart des appareils ne traitent que deux à trois rangs simultanément. « Mais ce n'est pas toujours un problème, nuance Renaud Cavalier, car dans notre région une majorité de viticulteurs passent en jet porté tous les deux rangs. Le débit de chantier est donc le même. » Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut faire ses calculs avant de s'équiper, pour être sûr de pouvoir couvrir toute l'exploitation dans le délai désiré.
Alors, si vous êtes convaincu que l'avenir des traitements passe par les panneaux récupérateurs, voici un tableau récapitulant les modèles exposés sur les salons.
Il a remanié un ancien matériel
Alain Gripon, viticulteur à La Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique) :
« Avec trois adhérents de la Cuma de la Pipette et l'entreprise Guérin, nous avons adapté un ancien pulvérisateur Blanchard à panneaux récupérateurs trois rangs. Nous avons ajouté une bâche sur un châssis métallique qui entoure la vigne afin d'éviter la dispersion des embruns.
Les diffuseurs traitent du bas vers le haut. L'ensemble enjambeur et pulvérisateur nous a coûté 15 000 € dont 5 000 € financés par le PVE et la MSA. Cela fait deux saisons que je l'utilise, à 5,5 km/h. Le gros avantage est que nous protégeons les salariés et les zones périurbaines, puisqu'il y a peu de dérive. Nous pouvons traiter même s'il y a du vent. C'est un matériel de précision. Lors des deux premiers traitements, je récupère jusqu'à 75 % de produit. A la floraison, ça tombe à 50 %, puis à 30 % en fin de saison. Un autre avantage est le gain de temps : comme j'économise du produit, je vais faire le plein des cuves moins souvent. Par la même occasion, j'ai moins de circulation sur route à effectuer, ce qui est plus sécurisant. Je réalise des économies de carburant, car le pulvérisateur consomme moins que le Berthoud que j'utilisais auparavant. J'ai aussi moins de manœuvres à effectuer, car j'avais un pulvé cinq rangs. Là, je n'ai même pas besoin de relever les panneaux pour tourner.
Quant aux dévers, j'en ai peu et, de toute façon, l'enjambeur est doté de cette correction. Les seuls points noirs sont la rapidité modérée et la conduite qui demande plus d'attention. »
Il a créé un appareil à jets projetés
Thomas Suply, de chez Moët et Chandon, à Epernay (Marne) :
« Nous avons développé notre propre pulvérisateur à panneaux récupérateurs, car nous souhaitions traiter huit rangs simultanément.
Or, sur le marché, nous n'avions trouvé qu'un cinq rangs. Notre appareil est à jets projetés. Nous avons utilisé des pendillards du marché munis de buses à turbulence, une pompe à pistons-membranes et un châssis en aluminium repliable sur lequel est tendue une toile en polyéthylène. La réaspiration est assurée par une pompe péristaltique. Nous avons utilisé cet appareil en 2009 et 2010, à 5 km/h. Sur l'ensemble des traitements, nous avons récupéré en moyenne 10 à 15 % de bouillie. Lors des premiers passages, la récupération peut être comprise entre 20 et 30 % du volume épandu. La maniabilité est le gros inconvénient de ce type de matériel. Mais comme notre montage permet de le relever au-dessus de la végétation, nous n'avons pas eu de problème lors des manœuvres. Nous comptons réutiliser cet appareil cette année, car il nous permet de réaliser une économie de produit et donc d'aller dans le sens du Grenelle. »
