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VENDRE - Observatoire des marchés

A la découverte… des consommateurs

Frédérique Ehrhard - La vigne - n°232 - juin 2011 - page 82

Les cavistes du Roussillon emmènent leurs clients découvrir des domaines viticoles. L'occasion d'en apprendre plus sur les goûts et les interrogations des consommateurs.
Cathy Laffite, à droite, fait visiter ses vignes au groupe de consommateurs et raconte le travail au quotidien, souvent rude dans ces parcelles en pente. PHOTOS F. EHRHARD

Cathy Laffite, à droite, fait visiter ses vignes au groupe de consommateurs et raconte le travail au quotidien, souvent rude dans ces parcelles en pente. PHOTOS F. EHRHARD

La visite se termine par la dégustation des vins et le pique-nique, un moment convivial qui favorise les échanges

La visite se termine par la dégustation des vins et le pique-nique, un moment convivial qui favorise les échanges

«C'est la première fois que je visite un domaine. Je n'imaginais pas que la vigne nécessitait autant d'interventions. Je croyais qu'après la taille, elle se débrouillait toute seule. En fait, il faut en prendre soin jusqu'aux vendanges. Toutes les étapes comptent pour obtenir de bons raisins ! » découvre avec surprise Patricia Le Dahéron.

Avec un groupe d'une douzaine de consommateurs, elle vient de passer la matinée dans les vignes de Daniel et Cathy Laffite. Installés au domaine des Soulanes, à Tautavel (Pyrénées-Orientales), les deux vignerons accueillent ce lundi 9 mai l'opération « Dans les vignes avec mon caviste », lancée en 2011 par la Coordination des cavistes catalans. L'idée est simple : un jour par mois, rendez-vous est donné chez un vigneron. Les amateurs s'inscrivent chez leur caviste qui organise la visite et les accompagne sur place.

« A partir de quel âge peut-on dire qu'une vigne est vieille ? »

« Beaucoup de consommateurs sont intimidés par le monde du vin. Nous voulons jouer notre rôle d'intermédiaire jusqu'au bout en les aidant à le découvrir en toute simplicité », explique Guillaume Geniez, le secrétaire général de la coordination.

Au pied des ceps ou des cuves, les questions viennent spontanément. « Pourquoi n'arrachez-vous pas l'herbe au milieu des rangs ? » s'enquiert un consommateur qui n'a jamais vu de vignes enherbées. « A partir de quel âge peut-on dire qu'une vigne est vieille ? » interroge un autre, très surpris d'apprendre que certaines ont plus de 50 ans. « Comment choisissez-vous la date des vendanges ? » poursuit sa voisine, qui apprend ainsi que le raisin se déguste, tout comme le vin. « Finalement, c'est comme pour cuisiner, il faut goûter ! » s'exclame-t-elle.

Arrivés à la cave, les visiteurs n'ont rien perdu de leur curiosité. « Pourquoi l'égrappoir et les cuves ne sont pas au même étage ? » questionne l'un d'eux, très observateur. Devant les barriques, ils découvrent les aspects pratiques de l'élevage. « A quoi sert l'ouillage ? » interroge une consommatrice. « Et la fermentation, quel est son rôle ? » enchérit une autre.

Pour répondre, il faut trouver des mots adaptés, un exercice nouveau pour les vignerons comme pour les cavistes. « Dans un salon ou une boutique, nous avons rarement des questions techniques », relève Guillaume Geniez. Après la visite, c'est l'heure de la dégustation et du pique-nique. Chacun tire de son sac quelques provisions et tous s'installent autour de la table. Les commentaires vont bon train. Les vignerons et les cavistes tendent l'oreille.

« Les consommateurs osent rarement dire qu'ils n'aiment pas un vin, souligne Guillaume Geniez. Ici, ils se sentent détendus et s'expriment plus librement. Et nous pouvons aussi observer vers quels vins ils vont pour se resservir. » Les néophytes n'hésitent pas à poser des questions pratiques. « Pourquoi faites-vous du bruit avec votre bouche quand vous dégustez ? » demande une étudiante russe. « Et pourquoi recrachez-vous le vin ? C'est du gâchis ! » ajoute-t-elle.

« Il y a une relation entre le vigneron et le style de ses vins »

Peu à peu, durant la dégustation des vins de Daniel et Cathy Laffite, les connaisseurs découvrent un fil conducteur entre les différents vins de la gamme. « Il y a une relation entre le caractère du vigneron et le style de ses vins », estiment Danielle Sanchez et Pierre Vial. Amateurs confirmés, ils profitent de l'occasion pour élargir leurs références.

« Le goût des consommateurs n'est pas figé sur un type de vin, constate Guillaume Geniez. Ces visites offrent une bonne occasion de les amener à découvrir de nouveaux profils gustatifs. Il ne faut pas s'arrêter à ce qu'on croit savoir de ses goûts mais accepter d'être surpris, c'est ce qui fait le sel de la vie ! »

Le domaine des Soulanes

Situé à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, le domaine des Soulanes comprend 15 hectares en production et commercialise toute sa production en direct, soit 30 000 cols par an. Daniel et Cathy Laffite, les exploitants, sont en bio et ont des rendements qui varient entre 15 et 20 hl/ha.

Le Point de vue de

DANIELLE SANCHEZ ET ARMELLE BARONDIOT, des Pyrénées-Orientales

« Pas de tanins agressifs »

Danielle Sanchez et Armelle Barondiot

Danielle Sanchez et Armelle Barondiot

Lorsque Danielle est arrivée dans les Pyrénées-Orientales, elle appréciait surtout les bordeaux. Depuis, elle a découvert les vins du Roussillon et changé de références gustatives. Elle cherche des rouges puissants, « qui ont du caractère, de la conversation », mais avec des tanins souples et surtout pas verts. Originaire de la région de Quincy, en Val de Loire, elle aime aussi les blancs. La première cuvée du domaine des Soulanes lui a plu, « avec son côté minéral et floral ». Les rosés l'intéressent moins. Mais en évoquant le gris que produisait son grand-père, elle se rappelle d'autres gris qu'elle a aimés. Son amie Armelle préfère le rosé pour l'été, « car il se marie mieux avec les plats de saison ».

Elle a beaucoup aimé un rouge, assemblage de grenache et de syrah. Mais au-delà des vins, ce sont les rencontres qu'elle a appréciées. Pour les deux femmes, le vin est un ingrédient indispensable de la convivialité, « avec un verre de vin à la main, il n'y a jamais de grincheux autour de la table ».

Le Point de vue de

PATRICIA ET JEAN-PAUL LE DAHÉRON, de Loire-Atlantique

« Des blancs parfumés »

Patricia et Jean-Paul Le Dahéron

Patricia et Jean-Paul Le Dahéron

Jean-Paul aime plutôt les rouges et Patricia les blancs. « Mais il y a des blancs bien travaillés qui sont bons », ajoute-t-il après avoir goûté une cuvée parfumée et bien équilibrée. Il a aimé tous les rouges, qu'ils soient à base de grenache et de syrah ou de carignan. Il les imagine très bien avec les grillades de l'été. Les vieux maury qu'il rêvait de goûter en visitant le chai ne l'ont pas déçu. A travers la gamme qu'il vient de découvrir, il a perçu un style et une exigence qui collent bien avec toutes les explications données par Cathy et Daniel Laffite, les deux vignerons. « Ce ne sont pas des héritiers, mais des gens qui construisent, qui expérimentent pour tracer leur voie. C'est intéressant de découvrir leur travail », confie-t-il. De son côté, Patricia a constaté que Cathy Laffite ne s'occupait pas que de la comptabilité et de la vente, bien qu'elle ne soit pas originaire d'un milieu viticole.

« Elle apporte sa touche féminine aux vins », estime-t-elle. La gamme de prix, entre 8 et 13 €/col, leur convient bien. « En vacances, nous avons envie de nous faire plaisir. »

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