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Chez Langlois-Chateau. le négociant saumurois, comme d'autre entreprises, propose un grand circuit touristique dans ses caves troglodytiques.
Mathias Levron, le gérant du château de Parnay, montre une des entrées du troglo bientôt aménagé. © Photos P. TOUCHAIS
L'ensemble du troglo du château de Parnay va être réaménage. Ici l'entrée du futur chai à barriques.
Les caves ne servent plus à la production, mais c'est ici que Jean-Baptiste Ackerman a commencer à produire des vins effervescents à Saumur, selon la méthode champenoise, devenue méthode traditionnelle.
Dans le Val de Loire, le troglodytisme a façonné les paysages le long du grand fleuve, en particulier en Anjou et en Touraine. A flanc de coteaux, on découvre ainsi des façades fermant des cavernes creusées dans du tuffeau et des débouchés de souterrains, pour l'essentiel abandonnés. Derrière ces façades, des habitats nés de l'extraction des pierres. « Dès l'époque gallo-romaine, le tuffeau était exploité », raconte Bernard Tobie, président du Carrefour Anjou Touraine Poitou, l'association pour la valorisation du patrimoine troglodytique. Les hommes attaquaient le coteau pour y extraire les meilleures pierres en façonnant galeries et grandes cavités. Parfois, on creusait également dans la plaine, située au-dessus du fleuve. Ces percées servent toujours de puits de lumière et d'aération.
Une tendance du moment
Au Moyen Age, ces lieux sont devenus des refuges en cas d'invasion, avant de devenir un habitat pérenne. « Jusqu'au XVe, voire XVIe siècle, toutes les couches de la population, y compris les seigneurs, ont vécu dans des troglos », raconte l'ancien professeur d'histoire.
A partir de la Renaissance, c'est l'explosion de l'habitat de surface. Ne restent dans les troglos que les plus pauvres. Au XIXe, l'habitat troglodytique est totalement abandonné, sauf par quelques ermites ou marginaux.
« Cette image du troglo est restée jusqu'à très récemment. Mais depuis quelques années, il est devenu tendance, voire bobo. Aujourd'hui, les troglos sont réinvestis en habitat principal, en résidence secondaire ou en site touristique », indique Bernard Tobie.
Des souterrains pour le stockage
Dans ces terres viticoles, les troglos et le vin partagent une même histoire. Ces lieux sont tout à fait adaptés : une température constante entre 12 et 14 °C toute l'année, une hygrométrie et une ventilation maitrisée. Toutes les grandes maisons de négoce du Saumurois ont débuté leur activité dans ces souterrains. Mais ils s'adaptent mal avec la mécanisation.
La vinification et l'élevage ont donc quitté ces sous-sols, simplement conservés pour le stockage, voire le vieillissement. En revanche, ils sont valorisés comme un patrimoine historique. Les entreprises en ont fait des circuits touristiques.
A l'inverse, à quelques kilomètres de Saumur, au château de Parnay, Mathias Levron et Régis Vincenot ont décidé de remettre en service le troglo collé au château. Les deux associés ont fait appel à un géologue expert qui a inspecté les 4 000 m2 de souterrains, afin de les sécuriser. Ils ont fait enfoncer des mèches de 4 à 5 m dans la roche pour conforter les voûtes. Sur le sol, au-dessus du troglo, ils ont installé un grillage tenu par des câbles d'acier pour éviter l'érosion. Toutes les galeries ont été recreusées et nivelées pour permettre de passer avec un chariot élévateur. L'ensemble des réseaux électriques et de ventilation a été revu.
Une partie du troglo servira de chai à barriques et de lieu de stockage pour les bouteilles. L'autre partie accueillera un caveau de vente et des salles de réunions. Enfin, le château du XIe siècle sera transformé en hôtel 4 étoiles. La piscine sera aménagée sous un puits de lumière au cœur du troglo. Au global, 2,4 M€ sont investis.
Le château de Parnay et l'essentiel des négociants saumurois participent les 18 et 19 juin aux Rendez-vous troglos organisés par le Carrefour Anjou Touraine Poitou. Deux cents sites sont à découvrir sur six départements ("http://www.rendezvoustroglos.fr").
