VIGNES DE RUCA MALEN, une bodega fondée par deux Français. Les vignobles de Lujan de Cuyo et de Maipú sont installés au pied des Andes.
LA GRÊLE affecte de plus en plus les vignes de Lujan de Cuyo. La plupart des vignes sont protégées contre ce fléau par des filets.
ALDO LUIS BIONDOLILLO est le directeur général de Tempus Alba, une petite entreprise familiale dont le chai, à Maipú, dispose d'une capacité de 3 000 hl. Il mène depuis plusieurs années un programme de sélection de clones de malbec, qui a démontré l'existence d'un effet « terroir » à Lujan de Cuyo. PHOTOS A. MONTOYA
LA BODEGA LOPEZ est l'une des plus anciennes de la région et l'une des seules encore entre les mains de la famille originelle. Fondée en 1898 par José Lopez Rivas, elle possède 1 000 hectares de vignobles et le chai dispose d'une capacité de 400 000 hectolitres. Le musée de la bodega (en haut) accueille de vieux pressoirs et fouloirs-égrappoirs qui ont été utilisés jusque dans les années quatre-vingt. A l'extérieur, la grande cheminée, caractéristique des vieilles bodegas de Mendoza, n'est plus en fonctionnement depuis 1950. Elle servait à évacuer les fumées de la chaudière à vapeur, mais aussi comme paratonnerre. Les immenses bouteilles visibles dans le chai ouvert à la visite sont purement décoratives, elles sont en plastique et ne contiennent pas de vin. La bodega vinifie dans des cuves en inox (ci-contre), mais elle continue de faire le vieillissement dans des fûts de chêne.
LA BODEGA LOPEZ est l'une des plus anciennes de la région et l'une des seules encore entre les mains de la famille originelle. Fondée en 1898 par José Lopez Rivas, elle possède 1 000 hectares de vignobles et le chai dispose d'une capacité de 400 000 hectolitres. Le musée de la bodega (en haut) accueille de vieux pressoirs et fouloirs-égrappoirs qui ont été utilisés jusque dans les années quatre-vingt. A l'extérieur, la grande cheminée, caractéristique des vieilles bodegas de Mendoza, n'est plus en fonctionnement depuis 1950. Elle servait à évacuer les fumées de la chaudière à vapeur, mais aussi comme paratonnerre. Les immenses bouteilles visibles dans le chai ouvert à la visite sont purement décoratives, elles sont en plastique et ne contiennent pas de vin. La bodega vinifie dans des cuves en inox (ci-contre), mais elle continue de faire le vieillissement dans des fûts de chêne.
LA BODEGA LOPEZ est l'une des plus anciennes de la région et l'une des seules encore entre les mains de la famille originelle. Fondée en 1898 par José Lopez Rivas, elle possède 1 000 hectares de vignobles et le chai dispose d'une capacité de 400 000 hectolitres. Le musée de la bodega (en haut) accueille de vieux pressoirs et fouloirs-égrappoirs qui ont été utilisés jusque dans les années quatre-vingt. A l'extérieur, la grande cheminée, caractéristique des vieilles bodegas de Mendoza, n'est plus en fonctionnement depuis 1950. Elle servait à évacuer les fumées de la chaudière à vapeur, mais aussi comme paratonnerre. Les immenses bouteilles visibles dans le chai ouvert à la visite sont purement décoratives, elles sont en plastique et ne contiennent pas de vin. La bodega vinifie dans des cuves en inox (ci-contre), mais elle continue de faire le vieillissement dans des fûts de chêne.
LA BODEGA LOPEZ est l'une des plus anciennes de la région et l'une des seules encore entre les mains de la famille originelle. Fondée en 1898 par José Lopez Rivas, elle possède 1 000 hectares de vignobles et le chai dispose d'une capacité de 400 000 hectolitres. Le musée de la bodega (en haut) accueille de vieux pressoirs et fouloirs-égrappoirs qui ont été utilisés jusque dans les années quatre-vingt. A l'extérieur, la grande cheminée, caractéristique des vieilles bodegas de Mendoza, n'est plus en fonctionnement depuis 1950. Elle servait à évacuer les fumées de la chaudière à vapeur, mais aussi comme paratonnerre. Les immenses bouteilles visibles dans le chai ouvert à la visite sont purement décoratives, elles sont en plastique et ne contiennent pas de vin. La bodega vinifie dans des cuves en inox (ci-contre), mais elle continue de faire le vieillissement dans des fûts de chêne.
On l'appelle la « première zone ». C'est là, à Lujan de Cuyo et à Maipú, dans les faubourgs sud de la ville de Mendoza, que la viticulture argentine a commencé à s'établir, il y a plus de cinq cents ans. Aujourd'hui, les deux vignobles rassemblent 12 % des vignes du pays avec 28 000 hectares.
« Cette région a été choisie pour ses grands fleuves, explique Alberto Arizu, descendant d'une des plus anciennes familles de vignerons de la région et propriétaire de la marque Luigi Bosca. Et les Incas avaient créé un fabuleux système d'irrigation par canaux, qui a été conservé. »
Au XIXe siècle, l'immigration italienne, espagnole et française a introduit des cépages de qualité. L'œnologue français Michel Aimé Pouget plante en 1852 les premiers pieds de malbec. Ce cépage de Cahors trouve à Lujan de Cuyo un terrain idéal pour se développer : des sols peu profonds, rocailleux et un excellent ensoleillement, entre 700 et 1 000 mètres d'altitude.
C'est à cette époque que naissent de grandes entreprises comme Bodegas López, fondée en 1898 et qui continue d'effectuer la maturation de ses vins dans des barriques en chêne, respectant la tradition des ancêtres fondateurs espagnols.
Dans les années soixante-dix, la qualité est abandonnée
« Dans les années vingt ou trente, le vin de Lujan de Cuyo était le meilleur vin de table au monde : le rouge était produit avec du malbec, le blanc avec du sémillon. Il y avait plus de bois français à Mendoza qu'à Bordeaux », affirme Hervé Birnie-Scott, le directeur du domaine Terrazas de los Andes, appartenant à Chandon.
Dans les années soixante-dix, la consommation de vin atteint son maximum en Argentine : 80 litres par personne et par an. La qualité est abandonnée au profit de la quantité. Le malbec, cépage à faible rendement, est remplacé par des variétés comme la bonarda ou le pedro gimenez.
Puis la consommation dégringole pour arriver à moins de 29 litres aujourd'hui. La plupart des grandes propriétés de Lujan de Cuyo et Maipú sont vendues, les chais abandonnés. Tout au long de l'avenue principale de Lujan de Cuyo, il n'est pas rare d'apercevoir encore de grands bâtiments en ruines.
Dans les années quatre-vingt-dix, la viticulture se tourne vers l'exportation et les grands capitaux étrangers affluent. Beaucoup d'entreprises rachètent ces vieux chais, les retapent et les remettent en route. Ainsi, Trapiche a restauré un vieux bâtiment de 1912. Par ailleurs, le goutte-à-goutte permet la conquête de nouvelles terres. « Mendoza est un désert. Les canaux d'irrigation ne peuvent pas monter plus haut que 1 100 m, signale Alberto Arizu. Aujourd'hui, on arrive à 1 500 m grâce aux puits et au goutte-à-goutte. »
Mais bien qu'on parle souvent des grandes bodegas, l'immense majorité des vignobles ne dépassent pas 10 hectares. D'ailleurs, les plus grosses entreprises sont les coopératives : la Fédération des coopératives viticoles argentines (Fecovita), par exemple, regroupe cinq mille producteurs et produit un vin bas de gamme dans ses propres chais, avec une capacité de… 700 000 hl !
Des viticulteurs mal payés
Toutes les grandes entreprises travaillent avec de petits producteurs. Trapiche, en plus d'exploiter 1 000 hectares, achète les raisins de deux cents viticulteurs sur 1 000 autres hectares. En 2003, l'entreprise a décidé de leur rendre hommage, en créant trois gammes de « single vineyard » différentes chaque année, au nom de leur producteur. Eleodoro Aciar est l'un d'entre eux. Il possède 5 hectares d'un siècle d'âge et il travaille pour Trapiche depuis vingt-trois ans. « Ça nous encourage à produire un meilleur raisin, reconnaît le viticulteur. Mais à part une prime de 4 000 pesos (600 euros) et une caisse de vin, on ne m'a pas payé plus cher que les autres le kilo de raisin. » Or, une bouteille de malbec produite avec ses raisins est vendue 50 euros sur le marché argentin.
A la fin des années quatre-vingt, un petit groupe de vignerons, menés par Alberto Arizu, décide de créer l'appellation d'origine Lujan de Cuyo. « La région avait atteint une réputation internationale, soutient-il. Le malbec est très particulier : de couleur très intense, peu tannique, plutôt doux et très apte au vieillissement. Le terroir de Lujan lui donne des caractéristiques spéciales. »
La réglementation de l'AOC paraît en 1989. Pour autant, ce système ne fait pas l'unanimité. « En Argentine, ça ne fonctionne pas, martèle Juan Carlos Pina, président de Bodegas de Argentina. Les consommateurs connaissent à peine Mendoza et il faudrait qu'ils identifient Lujan de Cuyo ! C'est prématuré. »
Mieux vaut construire des quartiers résidentiels
De fait, très peu d'entreprises sont de la partie. « Les plus grands exportateurs du pays sont à Lujan de Cuyo : Norton, Chandon, Luigi Bosca et Lagarde », souligne Alberto Arizu. Mais aucun ne produit de l'AOC. Pourtant, certains y croient. « L'AOC finira bien par être une réalité, pense Aldo Luis Biondolillo, le directeur général de Tempus Alba, bodega installée à Maipú. Dans quinze ans, nous serons en mesure de dire : ceci est le meilleur terroir d'Argentine pour le malbec. »
Aujourd'hui, la région doit faire face à la spéculation immobilière. Dans les alentours de Mendoza, il est plus lucratif de construire des quartiers résidentiels fermés pour la classe moyenne aisée que de cultiver des vignes. Des dizaines d'hectares sont régulièrement arrachées et les vignes reléguées à l'ouest et au sud, où se sont installées les nouvelles bodegas de vins haut de gamme comme Séptima, Viña Cobos ou Ruca Malen.
Autre problème : les industries minières qui veulent s'installer dans les Andes pour exploiter l'or et qui menacent de polluer les torrents qui irriguent la région. « Si nous perdons les ressources en eau, nous perdrons toute la zone », avertit Alberto Arizu.