ImprimerOrages, grêle et humidité, la météo a été capricieuse cet été. « Le millésime 2011 est difficile », soulignent les œnologues, puisqu'il faut sans cesse jongler entre l'état sanitaire et la maturité des raisins. « Ces conditions ont été favorables à la pourriture grise, confirme Christophe Veyssière, conseiller au centre œnologique de Soussac (Gironde). Cette année, les raisins sont très réceptifs et les foyers sont vite apparus dans les parcelles. » Les viticulteurs qui attendent le plus possible pour récolter doivent être très vigilants. Ils sont parfois contraints de ramasser plus tôt qu'ils ne le voudraient, suite à de fortes pluies ou à la grêle.
Cicatriser les plaies
« Les vinifications doivent se raisonner en fonction du potentiel de la vendange, ajoute l'œnologue. Il faut opter pour des extractions moins poussées que d'habitude sur les raisins dont la maturité phénolique n'est pas atteinte ou sur ceux touchés par la pourriture. »
En Anjou-Saumur, si l'état sanitaire des cabernets est bon, les blancs et les gamays causent plus de souci. « Le temps est très variable, explique Florence Haynes, œnologue à l'Union agricole du Pays de Loire. Le 22 août, la grêle a touché les vignes autour d'Angers (Maine-et-Loire). Les grêlons, même s'ils étaient espacés, ont abîmé des baies. » Le lendemain, les viticulteurs ont traité les raisins avec l'antibotrytis Sérénade, autorisé jusqu'à trois jours avant la vendange, afin de limiter le développement des foyers.
Partout où la grêle est tombée, en Alsace, en Bourgogne, à Cognac, à Bordeaux, etc., les inquiétudes sont les mêmes. Outre les pertes quantitatives, les dégâts sur baies favorisent la pourriture grise ou acide.
Situation maîtrisée en Beaujolais
Début septembre, la situation était maîtrisée dans le Beaujolais : « Fin août, la canicule a stoppé les foyers de botrytis », indique Pascal Hardy, du pôle viticole de la chambre d'agriculture du Rhône. En Champagne, le botrytis a aussi peu évolué, constate Sébastien Boevert, à la Station œnotechnique de Champagne. Mais la météo orageuse a perturbé le déroulement des vendanges.
En Bourgogne, en Alsace, à Bergerac ou dans le Languedoc, ces foyers sont sous surveillance. « Les vignes ont été effeuillées et éclaircies, note Christine Monamy, de l'interprofession des vins de Bourgogne. La pourriture est loin d'être généralisée. » Tous espèrent que le temps ne se dégradera pas trop en septembre.
Le Point de vue de
Bernard Audoy, propriétaire du château Cos Labory à Saint-Estèphe (Gironde), 35 ha
« Des baies touchées »
« Le 1er septembre au matin, un fort orage de grêle a touché 800 à 900 ha de l'appellation Saint-Estèphe, dont la totalité de notre domaine. C'est la première fois que je vois ça, si près des vendanges. La perte en quantité n'est pas importante. Seules quelques grappes sont tombées. Les vignes ont aussi perdu du feuillage, mais nous sommes très proches de la maturité, donc cela ne devrait pas trop gêner. En revanche, quelques grappes sur pied sont endommagées : d'un ou deux grains percés à une dizaine. Nous craignons que la pourriture se développe. Le lendemain de la grêle, nous avons traité les cabernet-sauvignon avec Sérénade pour cicatriser les plaies en attendant la maturité. Nous allons récolter nos merlots précoces le 5 septembre au lieu du 12. S'il y a du botrytis, le tri sera plus drastique. »
