Imprimer
ARMELLE PHOTOGRAPHE
Les pièces détachées fabriquées par les artisans prestataires arrivent à l'atelier d'Equivinum pour être assemblées sur place. Ici, les ouvriers assemblent des pièces de la charrue porte-outil Terraflex quatrième génération. Cette charrue, plus légère et plus ergonomique que ses ancêtres, permet un travail précis et physiquement moins éprouvant dans la vigne. PHOTOS J.-L. DUGAST
Oronce de Beler, dirigeant et créateur d'Equivinum, et Abdel Aabbour, mécanicien et soudeur, sont en plein travail dans l'atelier de Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or).
Après plusieurs années de pratique du labour à cheval, Oronce de Beler a choisi de reprendre la fabrication d'outils de labour. Son expérience de traction équine lui permet de concevoir des outils plus ergonomiques. © J.-L. DUGAST
La société Equivinum basée à Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or) s'est spécialisée dans la fabrication et la vente d'outils pour le labour à cheval. Fondée en 2006 par Oronce de Beler, jeune entrepreneur de 32 ans, elle est leader sur son marché. « Nous fournissons 95 % des viticulteurs qui adoptent la traction équine », indique-t-il. Originaire de Paris, Oronce de Beler a commencé sa carrière dans la publicité, au sein de « La Revue des vins de France ». Puis il arrête tout pour connaître la réalité de la viticulture. Il part en Bourgogne afin de se former au CFPPA de Beaune. Il y découvre la traction à cheval et se forme à cet art. Il souhaite en faire son métier en proposant une prestation pour les viticulteurs, mais il s'aperçoit vite que le matériel n'est pas des plus modernes. « Les seuls outils disponibles étaient des vieilles charrues retrouvées dans les greniers, lourdes et pas du tout ergonomiques. » Il décide donc de se lancer dans la fabrication de matériel plus moderne au sein d'Equivinum. « Je n'avais pas de formation pour cela, reconnaît-il. Notre savoir faire s'est développé grâce aux compétences de nos partenaires. Les quatre premières années, j'ai moi-même travaillé au côté des sous-traitants. » La fabrication des outils fait appel à de nombreux artisans et savoir-faire. Fourniture de l'acier, forge, découpe laser ou encore sablage : les étapes de fabrication sont complexes. « Je réalise les plans des pièces que j'envoie aux différents fournisseurs, explique-t-il. Chaque pièce détachée est sablée, traitée thermiquement, peinte ou galvanisée. Nous avons ici un mécanicien, soudeur de formation, qui assemble ces pièces dans notre atelier. »
Kit complet de démarrage
Les équipements proposés sont nombreux, à commencer par la décavailloneuse traditionnelle et les porte-outils destinés à recevoir une griffe et une bineuse. Il y a même une écimeuse-rogneuse électrique alimentée par une batterie lithiumion. Cette petite machine peut rogner 2,5 hectares par jour.
Equivinum fournit aussi tout le matériel pour le harnachement du cheval. Tout est prévu pour les viticulteurs qui souhaitent se lancer dans la traction animale : « Nous proposons un kit complet de démarrage pour les novices. Nous fournissons tout l'équipement de base : le harnachement complet, le cheval de trait et un van. Tout cela pour 15 000 euros. » Cet équipement permet le travail de 6‑hectares de vigne par un homme. Equivinum propose également de former les viticulteurs débutants.
Pour le moment, les principaux clients de l'entreprise sont Bordelais et Champenois. Elle a créé un partenariat privilégié avec Château Latour, premier cru classé de Bordeaux. L'objectif est de labourer à cheval l'ensemble des parcelles fournissant le grand vin. Pour cela, Equivinum a fourni six chevaux avec le matériel complet et formé trois personnes.
Un travail de recherche et développement commun s'est rapidement mis en place avec les équipes techniques de Château Latour, permettant l'élaboration de la rogneuse électrique. Des réflexions sont actuellement en cours pour un pulvérisateur tracté. En parallèle d'Equivinum, Oronce de Beler a également créé une entreprise de vinification : Oroncio.
