« On dit souvent que le dernier mois façonne les vendanges, c'est vraiment le cas cette année », estime Nicolas Constantin, œnologue d'Inter-Rhône. En effet, avec le temps frais et les pluies de l'été, des inquiétudes ont pu apparaître en début de récolte : risque de pourriture, manque de maturité… Mais le mois de septembre exceptionnellement beau, chaud et sec a permis de gagner en qualité tout au long des vendanges.
« Nous enchaînons une quatrième semaine de beau temps, ce qui facilite un peu les choses, observe Jean Natoli, œnologue consultant dans le Languedoc. Il y a une deuxième vague de raisins bien mûrs, où les extractions sont rapides et de bonne qualité. Les vins sont un peu moins structurés qu'en 2010, mais ils ont plus de fraîcheur. » L'œnologue relève néanmoins une certaine variabilité cette année entre les cépages, les parcelles, voire au sein d'une même parcelle. Car les maturations ont été capricieuses.
De l'hétérogénéité
À Bergerac, à Bordeaux ou à Cognac, le millésime 2011 s'annonce aussi hétérogène. « Certains secteurs ont été très arrosés, parfois touchés par la pourriture, ce qui donne des moûts moins concentrés, explique Damien Le Grelle, œnologue à l'interprofession de Bergerac. Sur d'autres secteurs plus secs, les vignerons ont pu patienter courant septembre et amener leurs raisins à maturité, technologique et phénolique. »
Pour Julien Belle, directeur du centre œnologique de Cadillac, les premiers moûts rentrés en caves sont plutôt fruités, légers, « aimables », avec une couleur moyenne. En revanche, ceux issus de parcelles à enracine ment profond, qui ont été plus effeuillées et vendangées plus tard, présentent un meilleur potentiel. Ces moûts donneront peut-être des vins davantage faits pour la garde.
À Cognac, « l'état sanitaire, le niveau de maturité et l'acidité variables donnent lieu à des vendanges hétérogènes, résume Patrick Vinet, responsable du laboratoire de la chambre d'agriculture de Charente. Les eaux-de-vie le seront peut-être aussi ».
La pourriture, un vieux souvenir
En Alsace et dans le Jura, la chaleur de septembre a séché les attaques de pourriture acide constatées sur certains cépages. « Nous avons pu attendre sereinement le bon moment pour cueillir et la récolte est bonne, aussi bien en qualité qu'en quantité, se réjouit Olivier Berthaud, du laboratoire départemental de Poligny, dans le Jura. Malgré un millésime atypique, nous nous en sortons bien. »