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Recensement 2010 : la viticulture s'est concentrée

Aurélia Autexier et Christelle Stef - La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 10

En dix ans, 11 % du vignoble a disparu et le nombre d'exploitations cultivant de la vigne a chuté de 40 %. Les grandes exploitations spécialisées ont le mieux résisté.
RÉACTUALISATION. Le recensement de 2010 offre une nouvelle photographie de la viticulture. Avec 236 000 ha de vignes, le Languedoc-Roussillon reste le premier vignoble français mais, en dix ans, il a perdu 60 000 ha. © P. ROY

RÉACTUALISATION. Le recensement de 2010 offre une nouvelle photographie de la viticulture. Avec 236 000 ha de vignes, le Languedoc-Roussillon reste le premier vignoble français mais, en dix ans, il a perdu 60 000 ha. © P. ROY

Près de 70 000 exploitations sont spécialisées* en viticulture en 2010 Source : Service de la statistique et de la prospective

Près de 70 000 exploitations sont spécialisées* en viticulture en 2010 Source : Service de la statistique et de la prospective

Des surfaces et des effectifs en chute Source : Service de la statistique et de la prospective

Des surfaces et des effectifs en chute Source : Service de la statistique et de la prospective

Premier constat : il y a de moins en moins de vignerons. Aujourd'hui, 87 300 exploitations cultivent de la vigne en France, soit 39 % de moins qu'en 2000. Sur cette population, 69 970 sont considérées comme spécialisées en viticulture, c'est-à-dire qu'au moins les deux tiers de leur production brute standard sont issus de la vigne. En dix ans, ces exploitations spécialisées ont un peu mieux résisté, reculant de près d'un quart (- 28 %).

En comparaison, les exploitations spécialisées en viticulture de taille conséquente (production brute standard d'au moins 25 000 euros) s'en sortent mieux. Leur nombre ne recule que de 15 % pour atteindre 46 900.

Second constat : côté terre, les pertes sont tout aussi conséquentes. En dix ans, le vignoble s'est réduit de 98 000 ha, soit une baisse de 11 %. Dans le même temps, la surface cultivée par les grandes exploitations spécialisées en viticulture accuse un peu moins de 7 % de baisse. Les vignes se concentrent donc peu à peu au sein des grandes exploitations spécialisées qui s'en sortent mieux que les autres. Tels sont les grands enseignements du recensement agricole 2010 dont le ministère de l'Agriculture a publié les premiers chiffres courant septembre. Voici également les premiers résultats régionaux disponibles.

LANGUEDOC-ROUSSILLON : Une profonde mutation

Avec 236 000 ha de vignes en 2010, le Languedoc-Roussillon reste le premier vignoble français. 19 800 exploitations cultivent des vignes. Et 18 200 d'entre elles en font leur activité principale. Mais en dix ans, la région a perdu 60 000 ha sous l'effet des arrachages subventionnés. La raison ? La crise viticole qui a frappé la région de plein fouet.

Face à des trésoreries exsangues, à un encépagement non adapté au marché et faute de repreneurs, beaucoup de viticulteurs proches de la retraite ont cessé leur activité, surtout dans les petites exploitations. En parallèle, grâce à la RQD (reconversion qualitative différée) et aux primes à la restructuration, 150 000 ha ont été réencépagés. « Le Languedoc-Roussillon est la région qui a réalisé le plus d'efforts qualitatifs », insiste Jacques Gravegeal, le président du syndicat des vins du pays d'Oc. Et ça paye, puisqu'aujourd'hui, « en volume, nous sommes la première région exportatrice de France, et la troisième en valeur », poursuit-il.

La coopérative reste importante

En terme d'emploi, le recensement révèle que les exploitations viticoles n'occupent plus que 22 000 unités de travail agricole, contre 30 000 en 2000. Outre la baisse des surfaces, cela s'explique par un accrois se ment de la productivité. Aujourd'hui, un actif s'occupe en moyenne de 12 ha contre 10 ha en 2000. Le résultat des progrès de la mécanisation et de la recherche d'économies.

Sur le plan économique, la coopérative reste importante : huit exploitants sur dix y apportent la totalité ou une partie de leur vendange. « Le nombre de coopératives a diminué de moitié car il y a eu des fusions-absorptions, mais les volumes traités par la coopération restent toujours importants », confirme Jacques Gravegeal.

AQUITAINE : La vigne, gros employeur

Toutes productions confondues, l'Aquitaine est la région française qui emploie le plus de main-d'œuvre agricole. La viticulture reste la première consommatrice de cette main-d'œuvre, employant presque les deux tiers des salariés agricoles. Fait notable, sur les dix dernières années, le recours aux prestataires de services est en pleine expansion. Les viticulteurs leur confient de plus en plus de tâches, plutôt que d'employer des saisonniers.

La vigne occupe 143 500 ha en Aquitaine, dont 120 000 en Gironde. Dans la région, près du quart (28 %) des exploitations professionnelles sont spécialisées en viticulture. En Gironde, c'est même le cas de 85 % de la population agricole.

Les petites exploitations familiales disparaissent

Le recensement montre qu'entre 2000 et 2010, c'est près d'une exploitation viticole sur quatre qui n'existe plus. « On a vu disparaître tout un tas de petites exploitations familiales. Ces dernières n'ont pas pu s'adapter aux nouveaux cahiers des charges », analyse Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux. Et de citer « les nouvelles règles de densité de plantation ou de mise aux normes des chais ».

En revanche, les grandes exploitations, majoritairement recensées en viticulture, se replient seulement de 5 % à l'échelle de l'Aquitaine.

Pour Laurent Gapenne, « ce mouvement de concentration n'est pas terminé. Une grande partie de la population viticole est en fin de parcours professionnel : 30 % des chefs d'exploitations viticoles ont plus de 55 ans. Or, il n'y a pas beaucoup de jeunes qui se destinent à reprendre… Je vois mal comment les choses pourraient s'inverser », conclut-il.

BOURGOGNE : Croissance du vignoble

On dénombre 3 500 exploitations qui cultivent de la vigne en Bourgogne. C'est 16 % de moins qu'en 2000. En revanche, entre 2000 et 2010, la SAU (surface agricole utile) en vigne des exploitations restantes a progressé de 25 % pour atteindre une moyenne de 9 ha. Au total, la superficie en vigne de la région a augmenté de 4 %.

L'enquête pointe un autre enseignement intéressant : un viticulteur sur deux pratique la vente directe.

ALSACE : La viticulture résiste

En Alsace, 4 424 exploitations possèdent des vignes, soit une sur trois. C'est 22 % de moins qu'en 2000. Le vignoble couvre 16 000 ha, soit 5 % de plus qu'il y a dix ans.

Mais l'Alsace est arrivée au bout de son potentiel de production. « Ces cinq dernières années, nous reculons de 30 ha par an. Malgré les nouvelles plantations, l'urbanisation et l'artificialisation des sols empiètent sur le vignoble. D'ailleurs, nous avons manqué d'un peu de vin ces dernières années », rapporte Gérard Boesch, le président de l'association des viticulteurs d'Alsace.

Ces chiffres montrent que la viticulture alsacienne résiste plutôt mieux que d'autres. « Mais nous observons un tassement du revenu des viticulteurs. Les exploitations compensent en augmentant leurs surfaces », tempère Gérard Boesch.

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